VIDÉO. "Le matin du 6 juin, quand on s'est réveillé, on a vu le ciel qui était noir d'avions"

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Une coproduction Rétroviseur productions et France Télévisions ©Un film de Thomas Lajon et Christophe Ramage

Flers, dans l'Orne, a été détruite à 80 % par les bombardements des 6 et 7 juin 1944. Annette Lajon vivait tout près... elle avait 11 ans et elle était la plus jeune résistante du département. Disparue l'été dernier, elle témoigne pourtant dans le documentaire "L'Orne résistante, en quête de mémoires". Le film retrace son parcours et ceux de ses camarades de lutte clandestine.

"Le matin du 6 juin, quand on s'est réveillé, on a vu le ciel qui était noir d'avions, littéralement noir. On entendait que le bruit des avions et on y voyait comme en plein jour tellement ça flambait de tous les côtés. Moi, j'étais entre Flers d'un côté qui flambait, Condé-sur-Noireau qui flambait et dans mon lit, le matelas, c'était un trampoline tellement on était secoués. C'était quelque chose d'inimaginable."

Quand Annette Lajon raconte, on retient son souffle. Elle avait 11 ans lorsqu'elle s'est engagée dans la Résistance ornaise avec ses parents. Elle a connu plus tôt que beaucoup d’autres les atrocités de la guerre, agi contre les forces occupantes en posant des éclateurs de pneus, conduit des fugitifs à travers champs et gardé des secrets dont dépendait la vie de camarades.


André Mazeline, "Marsouin", chef de la Résistance dans l’Orne, la décrivait ainsi : "Ma jeune camarade Annette, cette insupportable et impertinente gamine qui le fut certes beaucoup plus et de toute autre façon envers les Boches qu’à mon égard."


Avant sa disparition en août 2023, les réalisateurs du documentaire (dont son petit-fils Thomas Lajon) "L'Orne résistante, en quête de mémoires" l'avaient filmé, lors d'une rencontre avec des collégiens. Son témoignage fait la force du film.

L'Orne, terre de Résistance

Plus de 250 Ornais sont morts pour la cause de la Résistance. Argentan, Flers, Mortagne, Alençon... La Résistance a été ici plus présente qu’ailleurs, et les Résistants souvent très jeunes ont payé un lourd tribut avec une répression très violente.

Au lendemain du Débarquement, il fallait agir vite et fort. Annette raconte : "Les pancartes étaient en français et en allemand. Une chose qu'on faisait : on retournait les pancartes. Et ça, ça n'a l'air de rien, mais c'était très, très efficace parce que les Allemands voyaient la pancarte en allemand, ils suivaient... ils faisaient des cercles, ils revenaient au point de départ et ils ne comprenaient plus du tout où ils en étaient, ça ne correspondait à rien et ça, moi, je les ai vu passer quatre fois devant la maison sans comprendre du tout pourquoi ils se retrouvaient au même endroit. Donc c'était autant de gagné."

Il fallait faire sauter les ponts, il fallait faire sauter les routes, il fallait couper les fils téléphoniques, il fallait faire toute la guérilla possible pour les retarder.

Annette Lajon, résistante

dans le documentaire "L'Orne résistante, en quête de mémoires" de Thomas Lajon et Christophe Ramage

Dans le documentaire, au lendemain de la disparition d’Annette, Joséphine, 20 ans, se lance dans une quête de mémoires. Guidée par la parole d’historiens, la jeune femme orchestre un récit poignant de la lutte clandestine de la Résistance ornaise. Joséphine Burghardt est une Argentanaise de 20 ans. Elle a créé l'association La Flamme résistante et fait des portraits de résistants sur les réseaux sociaux depuis 2021.

"L'Orne résistante, en quête de mémoires", un documentaire à découvrir ce jeudi 30 mai à 23h10 sur France 3 Normandie et dès maintenant et pendant un mois sur notre plateforme france.tv

Les civils, dommages collatéraux

Vous n'entendrez jamais un discours d'un président américain ou d'un premier ministre britannique qui évoquera les victimes civiles, les dommages collatéraux de la libération du territoire.

Françoise Passera, historienne et co-autrice de "Les Normands dans la guerre"

dans l'émission "Les jeudis de l'histoire - les Normands dans la guerre"

Chaque jeudi, du 23 mai au 13 juin, France 3 Normandie propose Les Jeudis de l’Histoire. Les Jeudis de l'Histoire, ce sont entre autres quatre soirées composées d’un documentaire inédit, suivi d’une émission spéciale réalisée par les équipes de France 3 Normandie, liée à la thématique du documentaire.

Après le documentaire inédit "L'Orne résistante, en quête de mémoires" de Thomas Lajon et Christophe Ramage à 23h10, retrouvez une émission spéciale "Les jeudis de l’histoire" consacrée à la vie des Normands pendant la guerre et présentée par Laurent Quembre :

Avec :

Françoise Passera nous explique : "Si on s'en tient à regarder les manifestations du 80ᵉ anniversaire, les populations civiles sont très peu évoquées. 20 000 morts, des dizaines de milliers de blessés, à vie, et écoutez les discours qui se feront... Vous savez que la première commémoration nationale pour les victimes civiles, c'est 2014 avec François Hollande ! Vous n'entendrez jamais un discours d'un président américain ou d'un premier ministre britannique qui évoquera les dommages collatéraux de la libération du territoire."

Le Mémorial de Falaise, seul musée dédié aux civils pendant la guerre, propose d'ailleurs une exposition temporaire pour le 80ᵉ anniversaire du Débarquement sur les villes au cœur de la guerre. Emmanuel Thiébot, son responsable, précise : "L'exposition essaie de répondre aux questions : pourquoi autant de destructions ? Pourquoi autant de civils tués ? C'est une exposition qui va permettre à beaucoup de Normands d'avoir des réponses."

"Les jeudis de l'histoire - les Normands dans la guerre", c'est une émission à découvrir ce jeudi 30 mai à minuit sur France 3 Normandie et quand vous voulez sur notre plateforme france.tv

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