A Paris, les victimes de l'amiante disent leur "nausée" de ne toujours pas voir de procès

Des manifestants venus de toute la France, et notamment de Normandie, ont répondu à l'appel de l'association nationale des victimes de l'amiante ce vendredi 13 octobre à Paris pour dénoncer l'absence de procès dans ce scandale sanitaire.

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"Amiante, 10 morts par jour. Les assassins courent toujours". Plusieurs centaines de personnes ont manifesté vendredi à Paris pour dire leur "nausée" que, 21 ans après l'interdiction de cette fibre cancérogène, non seulement aucun procès pénal ne soit à l'ordre du jour mais, pire, qu'une telle perspective s'éloigne. Parmi eux, des représentants de la Normandie et notamment de la sinistre "Vallée de la mort" à Condé-sur-Noireau où 700 malades et 115 morts ont été recensés par l’Aldeva.

Rassemblés à l'appel de l'association nationale des victimes de l'amiante (Andeva), les manifestants, venus de toute la France, ont défilé derrière une trentaine de silhouettes blanches figurant les morts de l'amiante - Cherifa G. 56 ans, Libera B. 59 ans, Janine B. 66 ans... La banderole de tête clamait "amiante: pas d'impunité pour les empoisonneurs". Parmi les manifestants, des représentants de la Normandie et notamment de la sinistre "Vallée de la mort" à Condé-sur-Noireau où 700 malades et 115 morts ont été recensés par l’Aldeva.


Mi-septembre, la Cour d'appel de Paris a annulé, pour la deuxième fois, la mise en examen des responsables nationaux dans deux affaires emblématiques de la fibre cancérogène, le campus parisien de Jussieu et les chantiers navals Normed de Dunkerque. Une vingtaine de dossiers en cours d'instruction au pôle santé de Paris risquent par ailleurs d'aboutir à des non-lieux.


Ces décisions "nous ont donné la nausée", a dit au micro François Desriaux, vice-président de l'Andeva, en déplorant que ce "fiasco" judiciaire "se déroule dans l'indifférence" du monde politique. S'adressant au gouvernement, il a insisté : "vous ne bougez pas, vous ne parlez pas et en plus vous êtes sourds". Mais "nous irons jusqu'au bout", en faisant appel et en allant en cassation, a assuré M. Desriaux. 

Il faut "rester unis dans ce combat", a déclaré de son côté Arnaud de Broca, secrétaire général de la fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (Fnath), en estimant que la santé au travail "n'a jamais été aussi malmenée", avec notamment la disparition du comité d'hygiène et de sécurité (CHSCT) dans le cadre de la réforme du code du travail.

100 000 décès d'ici 2025

Brandissant différentes pancartes - "amiante, 100.000 morts dans la balance et la justice s'en balance" ou "21 ans après, toujours pas de procès" -, les manifestants, auxquels s'étaient jointes des délégations italienne et espagnole, ont marché de Montparnasse jusqu'à Saint-Sulpice.

Selon les autorités sanitaires, l'amiante est responsable de 10 à 20% des cancers du poumon et 85% des mésothéliomes (cancers de la plèvre) et pourrait provoquer jusqu'à 100.000 décès d'ici à 2025.
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