Patron de casino, de boîte de nuit, infirmière, pâtissier... À la découverte de ces métiers de la nuit

Infirmière, patron de casino, coordinateur de soirée... Ils travaillent souvent dans l'ombre. France 3 Normandie vous propose une immersion dans ces métiers de la nuit, particulièrement prenants, et trop souvent oubliés.

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Nathalie : infirmière de nuit

20h, au centre hospitalier de Rouen (Seine-Maritime), Nathalie Morel, infirmière de nuit au CHU de Rouen, commence son service.

Le rendez-vous est donné au SIX, le service de remplacement des infirmiers. Comme tous les soirs, le même rituel : un café avant de commencer leur nuit. Les infirmières ne savent pas où elles travailleront cette nuit, avant l’annonce de leur cadre.

Nathalie est affectée au service ORL. Comme les autres infirmières, elle part pour un service de 10h, de 20h30 à 6h30 du matin.

À l’approche de son service, il y a toujours une petite appréhension. "On ne sait pas la charge de travail, comment les patients vont être donc c'est toujours un peu stressant, sourit-elle. C'est ce qui rend le travail beaucoup moins monotone."

Après un tour aux vestiaires, le relais est passé avec l’infirmière de jour. C’est donc au service ORL et chirurgie maxillo-faciale que Nathalie travaille cette nuit, avec des cas plus ou moins lourds, auxquels il faut prêter une attention particulière. 

"Dans la journée, nos patients sont très sollicités par le tour des médecins, des anesthésistes, des chirurgiens, des infirmières, qui fait que, même s'ils sont fatigués dans la journée, c'est compliqué pour eux de se reposer. Donc pour nous, le sommeil est un soin à part entière", explique Nathalie Morel.

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Suivez le quotidien de nuit de Nathalie Morel, infirmière de nuit au CHU de Rouen (Seine-Maritime). ©Quentin Bral / Didier Meunier / Benoît Stefani / Pierre Cadinot

21h15, la tournée des patients démarre. Avec la nuit, l’approche des patients prend un autre dimension.  

On a des patients très angoissés à la nuit tombée parce qu'ils entendent beaucoup moins de bruit. Ils pensent qu'il n'y a plus personne à l'hôpital, d'où l'intérêt de faire le premier tour très tôt, pour qu'ils sachent qu'on est là.

Nathalie Morel - Infirmière de nuit

Rassurer les patients par une simple présence, mais encore faut-il trouver les volontaires qui souhaitent travailler en décalé, dans un métier bien souvent en manque d'effectif.

"On vous appelle à 10h le matin 'Oh pardon ! Je t'ai réveillée ?'. On s'y fait, s'amuse Nathalie. Cela fait plus de 20 ans que je travaille de nuit. Cela me paraîtrait difficile de retravailler de jour je pense."

Valentin et ses pâtisseries

Il est cinq heures, Quincampoix s’éveille. Les premières lueurs du jour pointent le bout de leur nez, tout comme les pâtissiers, qui commencent leur service, prêts à mettre la main à la pâte. Valentin Lambrecht travaille à la maison Vatelier depuis 10 ans. Il connaît ce rythme par cœur. 

Après son petit tour des salutations, il lance sa journée. "On a la liste de la fournée à faire avec une partie à Quincampoix et une partie à Rouen. C'est la liste de tout ce que nous on va produire ce matin pour la fournée", explique Valentin. 

Issu d’une famille qui travaillait déjà dans les métiers de bouche, le pâtissier de 28 ans a rapidement emprunté cette voie. Et croyez-le ou non, le réveil très matinal ne lui a jamais fait peur, bien au contraire. 

L'avantage de ce métier c'est que l'après-midi, j'ai tout le temps de faire ce que je veux, que ce soit faire une sieste, aller à la salle de sport. J'ai l'impression de vivre une deuxième journée, donc pour moi c'est une bonne chose.

Valentin - Pâtissier

Ce qui est plaisant pour Valentin Lambrecht, c’est aussi de travailler en équipe. Chacun a sa spécialité, et la réalise toujours avec goût. 

"De temps en temps, on passe par le magasin avant que les clients arrivent, et quand on voit les entremets et gâteaux disposés en vitrine, c'est quelque chose qui tape à l'œil. On voit vraiment la beauté du travail de chacun et on se dit que la fournée a été bien faite et qu'on a vraiment de très beaux produits. C'est très satisfaisant de se dire qu'on travaille, qu'on fait attention à ce qu'on fait, pour avoir un résultat aussi propre, et faire plaisir aux clients", estime Valentin.

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Valentin Lambrecht, le pâtisser de 28 ans, qui prépare ses gourmandises la nuit. ©Quentin Bral / Didier Meunier / Benoît Stefani / Pierre Cadinot

Une bonne partie de la fournée du matin est fièrement présentée en vitrines et les clients répondent déjà à l’appel. Finalement, cette pâtisserie est une machine bien huilée qui tourne depuis plus de 30 ans maintenant. Et avec les années, les choses ont un peu changé. 

"On a plus de confort qu'il y a 20, 30 ou même 40 ans. Avant, les boulangers-pâtissiers commençaient le soir. Maintenant, on a des chambres, des frigos, qui nous permettent de commencer un petit peu plus tard, vers quatre ou cinq heures", explique Stéphane Guilbert, responsable de laboratoire.

Alors oui, ces pâtissiers démarrent encore tôt, mais un peu moins qu’avant. C’est le prix à payer pour permettre aux autres, ceux qui travaillent la nuit, de bien démarrer la journée, le ventre bien rempli !

Christophe, directeur des jeux d'un casino

0h. Forges-les-Eaux. S’il y a bien un endroit qui ne dort que très peu, c’est le casino.  Machines à sous, tables de jeux, tout est fait pour tenir en haleine les joueurs. Non loin des tables, nous retrouvons Christophe Glachant, directeur des jeux traditionnels. 

Il coordonne les équipes et s’assure que tout se déroule sans accroc. Car ici, la nuit est synonyme d'argent, ce qui n'est pas toujours facile à gérer.

"Parfois, on a des joueurs qui sont un peu sous l'emprise de l'alcool donc avec les jeux, ça peut déborder assez rapidement. Mais on a un groupe de sécurité qui est présent dans le casino tout le temps. C'est moi qui prends la responsabilité de garder ou sortir les clients si ça déborde trop", explique Christophe Stéphanie.

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Découvrez la nuit de Christophe, directeur des jeux dans un casino. ©Quentin Bral / Didier Meunier / Benoît Stefani / Pierre Cadinot

En première ligne, les croupiers. En apparence, ce n'est pas simple de trouver des volontaires pour travailler de 20 heures à 4h du matin. Et pourtant, les rangs sont bien remplis.

"J'ai une équipe de 26 personnes avec moi. C'est nous qui les avons formés. On cherche des jeunes qui aiment bien travailler de nuit, qui aiment bien les jeux. En général, tout ceux qui sont croupiers avec nous sont des joueurs qui aiment bien les jeux, donc c'est plus simple pour nous."

Nathalie, cheffe de table, explique l'organisation qu'implique ce métier. "Dans la vie, les choses changent. On se marie, on a des enfants, on a du temps pour eux la journée... C'est une autre façon de s'organiser. On travaille le week-end, c'est vrai, mais on est plus présents la semaine."

Alors oui, pour les employés, le temps est compté et demande de l’organisation. Pour les clients, beaucoup moins. Quand on est au casino, la visibilité sur l’extérieur est moindre. Ici, pas de notion du temps.  

Il n'y a pas de temps dans le casino. Quand on joue, le temps passe très vite. On essaie au maximum de ne pas déranger nos clients. On les laisse faire leurs jeux, comme ils veulent.

Christophe - Directeur de jeux

Peut-être qu’il est là le piège de la nuit... Tout peut aller très vite, sans limite, il est possible de gagner, ou de perdre, beaucoup. Comme un moment hors du temps, qui aura dans tous les cas des répercussions sur la vie, même de jour.  

 

Lahcen et Nicolas, patrons de boîte de nuit

Quand 800 personnes débarquent pour faire la fête, il faut savoir sortir le grand jeu et en mettre plein les yeux. Mais il ne suffit pas seulement d’allumer les lumières et d’inviter un DJ pour enflammer la piste de danse. Pour comprendre, il faut revenir quelques heures en arrière.

Au So, établissement situé sur les quais de Rouen, tout est préparé au long de la semaine par Lahcen Hssikou, le coordinateur et son acolyte et co-gérant : Nicolas Lamotte, un peu plus dans l’ombre, mais tout aussi important. En coulisse, ils nous donnent leur recette et leurs appréhensions.  

"C'est un métier qui est hyper fatiguant, hyper prenant. Notre horloge astronomique est un peu à l'envers. Ce n'est même pas un choix, c'est le job qui fait qu'on l'accepte".

Il est 1h30, temps fort de la nuit, le dancefloor est rempli et pourtant du monde attend encore pour entrer. Lahcen vient prêter main-forte. 

"Pour moi, le métier de la nuit, c'est une source de richesse intérieure qui est inépuisable. Aujourd'hui l'avantage, c'est que tu côtoies des gens sur lesquelles tu n'as plus de barrières sociales, ethniques ou autre. Tout le monde est au même niveau, tout le monde vient pour un seul objectif : faire la fête."

Lahcen Hssikou, Co-gérant du So Rouen

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Lahcen et Nicolas, patrons de boîte de nuit ©France Télévisions

Les aller-retours entre les étages continueront toute la nuit pour Lahcen, La fête se terminera à 6h du matin. Le sommeil sera une nouvelle fois court, parce que le lendemain, le couvert sera remis. C’est ça d’être un oiseau de nuit. 

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