Le bras de fer continue pour l'attribution des licences de pêches dans les eaux britanniques. Ce mercredi 29 septembre, le gouvernement de Jersey a délivré un certain nombre de licences aux marins pêcheurs français. Les Normands en obtiennent beaucoup plus que leurs homologues bretons.
Le gouvernement britannique cherche-t-il à diviser les pêcheurs français ? Dimitri Rogoff semble le penser après les dernières attributions de licences par le gouvernement de Jersey. Les marins pêcheurs normands ont obtenu les deux tiers des soixante-quinze licences demandées, contrairement à leurs collègues bretons qui ont semble-il été beaucoup moins bien servi. Le président du comité régionale des pêches de Normandie se demande si les Anglais ne cherchent pas à briser le front commun affiché par les pêcheurs francais.
Effectivement, on est un peu mieux loti mais il ne faut pas oublier qu'on a une série de bateaux en attente qui doivent fournir des preuves de présence dans les eaux de Jersey. On a également des situations difficiles à Granville et Cherbourg avec des bateaux qui n'ont pas accès aux eaux britanniques dans la limite des six à douze milles nautiques.
Des choix britanniques en eaux troubles
Dimitri Rogoff ne comprend pas la façon de faire des autorités anglaises. "Nous, on transmet nos demandes à Paris, qui transmet à Bruxelles, qui transmet à Londres, cela donne parfois des disparitions de dossiers", précise le patron des pêcheurs normands qui ajoute "c'est compliqué pour les moins de douze mètres où on est pas sur des positions satellitaires mais sur des faisceaux de preuves, qui peuvent être des témoignages ou des bornages téléphoniques. On ne sait absolument pas quelle méthode les britanniques ont pris pour décider et s'ils prennent en compte ces faisceaux de preuves".
L'horizon bouché pour des pêcheurs manchois
Ils sont quelques uns dans le port de Granville à ne pas avoir obtenu la fameuse licence, aujourd'hui indispensable pour pénétrer dans les eaux territoriales anglaises.
Cyril Piraud, patron armateur depuis 2008 dans la cité corsaire, propriétaire de deux bateaux se retrouve à quai. Ces dernières années, il avait choisi d'autres zones de pêche et n'a donc pas pu fournir de preuves récentes de l'activité de ses bateaux dans les eaux anglaises.
Je ne sais pas comment je vais faire si je ne peux plus aller dans la zone de Jersey. On y passe les trois-quarts de la saison pour la coquille. J'ai onze salariés dont quatre sur chaque bateau.
A quelques kilomètres plus au nord sur la côte ouest du Cotentin, Gilles Musard a eu plus de chance. Ses deux bateaux basés à Carteret ont obtenu la fameuse licence délivrée par les autoritées anglaises. Il aura le droit de continuer de sillonner les eaux de Jersey, située à six kilomètres de son port d'attache.
On a eu la licence mais elle n'est valable qu'un an, je pense à tous mes collègues qui restent à quai. On doit être solidaire, on va se réunir pour determiner les actions à mener.
C'est encore insuffisant pour la Région Normandie
Dans un communiqué, Hervé Morin, le Président de la Région Normandie déplore le nombre insuffisant de licences attrribuées aux pêcheurs français par les autorités Anglo-Normandes.
Je remercie le gouvernement de Jersey d'avoir pris en compte une partie de nos demandes, mais le compte n'y est toujours pas. Je demande un ré-examen de la situation sur la base d'informations complémentaires qui seront fournies aux autorités anglo-normandes.
Et maintenant ?
Les pêcheurs normands attendent maintenant que le gouvernement français et l'Union Européenne prennent des sanctions contre les Britanniques. La ministre de la Mer, Annick Girardin, demande quinze jours aux pêcheurs pour préparer la riposte.
Le temps administratif est terminé, c'est maintenant le temps politique, la ministre annonce des mesures de rétentions que l'on réclame depuis longtemps. On va suivre cela avec attention, mais on espère que la menace se transforme vite en décisions fermes qui pourront faire plier le gouvernement britannique.
Les licences délivrées ce mercredi 29 septembre par le gouvernement de Jersey devraient arriver rapidement. Les marins pêcheurs normands espèrent qu'elles ne seront pas accompagnées de mesures techniques qui les rendraient caduques.