L’équitation, troisième sport français par son nombre de licenciés, est une passion pour tous. Une discipline qu’on n'imagine pas recommander au troisième âge. Et pourtant… Voici le portrait de Pierre, cavalier bientôt octogénaire, au Centre équestre du Lugère, dans le Loiret.
Il arrive aux écuries du Centre équestre du Lugère, à Marigny-les-Usages, près d’Orléans, droit comme un I et le sourire en coin : « Alors, c’est moi la star ???... » On est mercredi et comme chaque semaine, Pierre, 78 ans, ne manquerait pour rien au monde la reprise de 18h30.
Il brosse énergiquement sa fidèle partenaire, Queen, une petite jument de 12 ans. « Mon seul privilège, c’est de monter toujours le même cheval. »
Des débuts à 61 ans
Pierre, ancien prof de technique, puis cadre au rectorat d’Orléans, a commencé à monter à cheval à… 61 ans. « Le cheval m’a sauvé. Quatre mois après ma mise à la retraite, j'ai eu deux graves crise d’arythmie cardiaque qui ont nécessité deux chocs électriques à l’hôpital. Mes anciens collègues de travail m’ont alors offert, sur les conseils de ma femme, 10 leçons d’équitation. Depuis, je ne suis jamais descendu de cheval. »Chaque semaine, au Centre équestre du Lugère, il monte une heure en reprise avec ses copains, Roger, 47 ans et Cécile, 41 ans. C’est Cindy, monitrice diplômée d’Etat, qui assure le cours.
« Je ne fais pas de différence avec les jeunes cavaliers. Pierre a la gagne, et avec lui, on rigole bien. La seule fois où il a fait la tête pendant tout le cours, c’est quand je l’ai appelé 'monsieur'. »
Après avoir détendu les chevaux, on passe à l’exercice du jour : l’épaule en dedans. Pour Cindy, l’équitation pour les personnes âgées maintient le sens de l’équilibre, les réflexes et la tonicité du dos, en plus du plaisir de la relation avec l’animal. « En revanche, être à leur écoute est capital. Lorsqu’ils me disent qu’ils sont fatigués, je n’insiste pas comme je pourrais le faire avec des ados par exemple. »
Un fan de saut d’obstacles
Dès qu’il le peut, Pierre part en balade dans la forêt d’Orléans qui jouxte le club. « Et je fais du chemin ! », lance-t-il, l’air goguenard. « Ça m’apporte un équilibre, une manière d’être toujours attentif à ce que je fais. Et puis je garde le lien avec les jeunes qui montent en même temps que moi. »« C’est une force de la nature », dit Cindy. « Alors… respect ! »
Le cours se termine sur un vertical à 90 cm. Survolé par Pierre et sa fidèle Queen. « Mon rêve : être à cheval après mes 80 ans, même si mon plus grand regret c’est que je n’aurai jamais le style d’un vrai cavalier », confie-t-il. « Monter à cheval est un vrai bonheur. Depuis, je n’ai jamais plus eu de problème cardiaque. »
Le cœur d’un jeune homme et l’humilité d’un véritable homme de cheval. Bravo, monsieur Pierre !