Forte mobilisation ce samedi 17 novembre contre la hausse du prix du carburant et la baisse du pouvoir d'achat en Normandie. Le mouvement des gilets jaunes a réuni plus de 25 000 personnes dans la région. Retour sur les principaux événements de cette journée.
En début d'après-midi, le ministère de l'Intérieur annonçait que plus de 2000 rassemblements avaient été organisés ce samedi 17 novembre en France, des rassemblements mobilisant 124 000 personnes (ce chiffre a été revu à la hausse en fin de journée et s'élève à 244 000). En Normandie, le mouvement des "gilets jaunes", né d'une colère contre la hausse des taxes sur la carburant mais exprimant désormais un ras-le-bol plus général, notamment sur le pouvoir d'achat, a réuni plus de 15 000 manifestants (7800 en Seine-Maritime, 3200 dans l'Orne, 5500 dans la Manche, 4500 dans le Calvados en début d'après-midi et environs 5000 dans l'Eure).
Certains appelaient à poursuivre le mouvement au-delà de cette journée du 17 novembre. Franck Besnier fera le point en direct sur la situation avec ses invités ce 18 novembre à 11 h 30 dans l'émission "Dimanche en politique".
Coup de pompe dans l'Orne
"C'est un ras-le-bol général, on est en train de plomber le Français moyen aujourd'hui, les taxes, on va augmenter les assurances, là on a augmenté la CSG, les PV vont augmenter, le contrôle technique...Nous, en campagne, on est très dépendant de la voiture. Dans un foyer, on a au moins deux voitures et on est obligé de prendre son automobile pour aller travailler. On fait en moyenne 50 kilomètres par jour. C'est un budget d'environs 200 euros par mois pour un salaire moyen de 1200-1300 euros", confiait ce samedi matin à notre équipe Stéphanie Leprince, organisatrice de l' "Opération trop plein", à Saint-Maurice-les-Charancey, dans l'Orne.En milieu d'après-midi, la préfecture de l'Orne recensait 36 points de rassemblement (dont un bloquant) et 3200 manifestants. Elle déplorait également quatre blessés légers sur les barrages et appelait les manifestants et les usagers de la route "à faire preuve de civisme, de responsabilité et de prudence".
Parmi les villes mobilisées, Alençon (5 points de rassemblement), Argentan (7 points de rassemblement), Flers (10) mais aussi L'Aigle, Mortagne-au-Perche, Pacé, Saint-Julien-sur-Sarthe, Sées, Saint-Sulpice-sur-Risle et Tinchebray.
68 manifestations dans la Manche au lieu des 24 prévues
La préfecture de la Manche était la seule, dans la région, à avoir publié, en amont de cette journée de mobilisation, une carte des rassemblements prévus. Mais au fil des heures, ses prévisions ont été complètement dépassées par la réalité. D'une dizaine de rassemblements recensés en début de matinée, vers 8 heures, on est passé à 55 deux heures plus tard puis 68 en début d'après-midi avec près de 5500 manifestants recensés.Dans le département, les deux principaux points "noirs" ont été Cherbourg et l'A84. On a recensé dans la cité du nord-Cotentin jusqu'à une quinzaine de points de blocage coupant quasiment la ville du reste du monde. Un piéton a été renversé par un automibiliste roulant au pas sur un barrage. Un autre blessé léger est à déplorer à Valognes lors d'une rixe.
En milieu de matinée, les gilets jaune installés sur un rond-point à Guilberville ont décidé d'investir l'autoroute A84 à proximité.Cherbourg is closed #Cherbourg #17novembre #GiletsJaunes #LaCommune #1871 pic.twitter.com/cLFvUXZfxV
— Charly Llena (@Charly_llena) 17 novembre 2018
Blocage échangeur40 #A84 #GiletsJaunes #Guilberville
— Mickaël GRANDIN (@mickaelgrandin) 17 novembre 2018
Beaucoup de monde sur le secteur
Surtout, restez sereins et ne bloquez pas ceux qui sont dans l’obligation d’aller travailler ou en situation d'urgence. pic.twitter.com/GZfDyYHXrM
L'autoroute reliant la Normandie à la Bretagne a été fermée dans le sens Rennes-Caen à hauteur de l'échangeur 38.
Les forces de l'ordre sur le pont....de Normandie dés 5 h 30 du matin
C'était l'un des objectifs clairement affichés par les gilets jaunes: paralyser le Pont de Normandie, ce lieu emblématique de la région reliant les deux rives de la Seine. Les manifestants, arrivés au compte-goutte vers 7 heures, ont découvert sur place un important dispositif de sécurité: 80 gendarmes étaient déployés depuis 5 h 30 du matin pour assurer la sécurité du site et la libre criculation des véhicules.En milieu d'après-midi, la préfecture de Seine-Maritime recensait 96 points de barrage et 7860 manifestants sur le département. Elle déplorait également cinq blessés légers sur des barrages filtrants à Rouen au rond-point de la Motte, à Elbeuf, à Saint-Léonard et à Octeville-sur-Mer. Une personne a été interpellée et placée en garde à vue. Un autre conducteur a commis un délit de fuite et est recherché par les forces de police.
Dans l'Eure, des barrages filtrants ont été mis en place sur l'A13 aux péages d'Incarville, d'Heudebouville et de Beuzeville. Dés 6 heures du matin, la préfecture identifiait au moins 48 points de blocage dans le département, notamment à Gasny, Louvier, Brionne, Gisors, Evreux, Thilliers-en-Vexin, Neubourg, Gaillon et Bourg-Achard. A 16 h 15, les rassemblements de gilets jaunes étaient encore nombreux dans l'Eure. La préfecture n'a en revanche pas communiqué sur le nombre de manifestants (l'estimation donnée à mot couvert tourne autour de 5000).
#17novembre #Eure
— Préfet de l'Eure (@Prefet27) 17 novembre 2018
Point de situation à 16h15 pic.twitter.com/axTAR5adJC
Plus d'un millier de manifestants au péage de Dozulé
Dans le Calvados aussi l'autoroute A13 a été la cible des gilets jaunes. Le rendez-vous avait été clairement annoncé mais la manifestation a surpris par son ampleur. "J'attendais que quelqu'un ait le déclic et dise on descend. Je l'ai vu sur Facebook. quand j'ai vu ça je me suis dit: j'adhère. Mais ça fait longtemps que j'attends ça", expliquait ce matin un manifestant à notre équipe. Ils étaient plusieurs centaines à avoir répondu à cet appel et à partager ce sentiment de raz-le-bol général au péage de Dozulé.Visiblement, les automobilistes ont suivi les conseils des gérants d'autoroute qui avaient invité les usagers à différer leurs déplacements puisque malgré le barrage filtrant mis en place au péage de Dozulé, aucun bouchon à l'horizon. L'autoroute était quasiment déserte. Il y avait plus de bloqueurs que de bloqués.
Tout comme le périphérique caennais qui a été le théâtre de plusieurs actions: opération escargot, barrage filtrant à la sortie de de la RN13 en arrivant sur Caen , à hauteur de la zone industrielle de Carpiquet, et un important rassemblement sur les voies à hauteur de Mondeville. Le périphérique sud a d'ailleurs été fermé à la circulation de la sortie 11(Suisse normande) à la sortie 14 (Cormelles-le-Royal) mais aussi porte de Paris vers l'A13, à hauteur du rond-point de la Criée/Giberville dans le sens Nord-Sud.