Des travailleurs indépendants, artisans et commerçants, manifestent ce jeudi à l'appel de l'association "Sauvons nos entreprises" pour dénoncer les dysfonctionnements de leur régime social, le RSI. La colère monte depuis plusieurs mois. Plusieurs Bas-Normands ont fait le déplacement.
Voilà plusieurs mois que la colère monte chez les indépendants. Le 9 mars, une manifestation à Paris avait réunie près de 7000 personnes. Deux semaines plus tard, 200 travailleurs indépendants s'étaient rassemblés devant le siège du RSI à Caen dans le Calvados. Début septembre, la photo d'un artisan peintre ornais en guerre contre le RSI avaient été partagées plus 100 000 fois en trois jours sur Facebook. Ce dernier est présent ce lundi à la manifestation organisée par l'association "Sauvons nos entreprises". Selon l'AFP, plusieurs milliers de personnes défilent cet après-midi dans les rues pour dénoncer les dysfonctionnements du Régime Social des Indépendants.
Brandissant des pancartes et des banderoles proclamant "RSI: Racket Sans Interruption", "Aujourd'hui au RSI, demain au RSA" ou encore "Stop au racket social", et des drapeaux régionaux, les manifestants se sont rassemblés près du Quai Branly dans le centre de la capitale puis se sont dirigés vers le boulevard des Invalides.
"Ce qu'on demande c'est un moratoire sur le RSI et une baisse du taux de cotisations", a déclaré Pascal Geay, président de l'association "Sauvons nos entreprises". "Tous les jours, je reçois quatre ou cinq appels de personnes qui veulent se suicider", a-t-il affirmé, indiquant que les indépendants étaient confrontés à des problèmes tels que des retraites non versées, des envois d'huissiers injustifiés, ou encore des incompréhensions sur le mode de calcul des cotisations et prestations.
"On est étouffés, harcelés, on reçoit des courriers tous les jours", a témoigné Jérôme Guiard, venu de Saint-Hilaire-du Harcoët (Manche). "J'ai deux boutiques de pizzas, je travaille 14 heures par jour, j'ai des salariés en emplois précaires et je gagne 700 euros par mois", a pour sa part raconté Bénédicte Langevin, originaire de Caen (Calvados). "On veut qu'ils nous baissent nos charges, pour pouvoir vivre, pour pouvoir embaucher", a-t-elle poursuivi.
Le président de président de l'association "Sauvons nos entreprises" a dit espérer d'ici la fin de l'après-midi des "propositions concrètes" du gouvernement, qui devait recevoir un rapport des députés socialistes Fabrice Verdier et Sylviane Bulteau. Fin juin, les deux parlementaires avaient déjà remis un premier rapport d'étape. Le gouvernement qui a toujours reconnu des dysfonctionnements dans le système du RSI,
créé en 2006, avait alors présenté vingt mesures.
Le RSI essuie de nombreux reproches de ses affiliés: erreurs dans les appels de cotisations, dossiers perdus ou encore interventions d'huissiers sur de fausses données, absence d'appels de cotisations pendant plusieurs années conduisant à des poursuites sans motif ou de mauvaises surprises au moment de la retraite. Outre les dysfonctionnements, les affiliés dénoncent la faiblesse de leur couverture sociale, tant en matière de maladie, d'invalidité que de retraite.
Reportage de Sabine Daniel, Carole Lefrançois et Douafir Haribou
Intervenants:
- Angélique Follin, fleuriste
- Bénédicte Langevin, restauratrice
- Cédric Lecolley, agencement intérieur