Insolite. Ce samedi, la petite commune de Saint-Martin-de-la Lieue, dans le Cavados, va tenter de séduire un de ses administrés pour devenir Maire en mars prochain. Evelyne Girardin quitte en effet son poste après deux mandats, et désespère de trouver un successeur.
"J'ai trois collègues seulement pour l'instant qui se représentent sur une liste de 15 !" A trois mois des élections, Evelyne Girardin a décidé de faire bouger les choses franchement.Non, elle ne fera pas un 3e mandat, "trop fatiguée".
Elle a donc annoncé deux samedis de portes ouvertes à Saint-Martin-de-la-Lieue, dans le Cavados, à deux kilomètres de Lisieux. Le 1er, la semaine dernière, n'a rien donné. Seconde chance ce samedi 14 décembre donc, de 9h à midi.
"Je veux montrer aux gens comment marche la Mairie, ce qu'on y fait."
Elue pendant 19 ans (1 mandat d'adjointe, 2 de Maire), elle ne regrette rien de cette expérience riche. "Je suis comblée par certaines choses, mais découragée par d'autres. Franchement, ce n'est pas simple. Les gens sont dans la plainte, la demande... Il n'y a plus beaucoup de courtoisie, de respect. Ils débarquent, sans politesse. Et puis, on n'est pas très riche ; les aides ont baissé mais les responsabilités augmentent."
La petite commune de 800 habitants n'est pas du tout un village oublié ou vieillissant. Pharmacie, école, poste, commerces, tout ou presque est là.
"L'ancienne génération d'habitants part, et ce sont des familles avec de jeunes enfants qui les remplacent." Madame le Maire est heureuse d'avoir pu mettre en place notamment une piste cyclable juqu'à Lisieux, et d'avoir pu créer un espace multi-sport.
"C'est passionnant . J'ai trouvé du travail à certains, des logements pour d'autres. Comme n'importe quel Maire je suppose. Si on n'était pas là, ça irait beaucoup plus mal... Ne serait-ce que dans notre travail quotidien de médiation."
Elle a voulu transmettre le témoin, mais personne ne veut le prendre. Même parmi l'équipe en place. "Beaucoup arrêtent, ça leur prend trop de temps avec le travail et la famille à coté."
D'où l'idée de ces portes ouvertes. Un succès médiatique pour l'instant, à défaut d'être populaire. "Les chaînes nationales m'appelent, un journaliste de France 3 m'a proposé de faire documentaire... Je vais bientôt devoir prendre un attaché de presse", en sourit l'élue.
L'avenir n'en reste pas moins inquiétant. Si jamais la liste n'était pas constituée, la commune serait mise sous tutelle par la préfecture. Pour 3 mois. Avant de relancer des élections.
"S'il n'y avait vraiment personne après ça, alors on n'existerait plus, on serait définitivement sous tutelle. Mais je ne sais pas si c'est déjà arrivée quelque part. Je n'ose pas l'imaginer."