Avant un épisode neigeux, les automobilistes s'attendent à voir un ballet d'engins et de saleuses s'activer sur les axes de circulation. Mais le salage n'est pas la solution pour rendre les routes praticables. Il est même contre-indiqué pour lutter contre les flocons. Tout est une question de timing
Ils veillent sur plus de 1000 km de routes. Quand la neige pointe ses flocons, les agents de la Direction interdépartementale des routes Nord-Ouest déploient leurs soixante engins. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les opérations de salage ne font pas partie du dispositif.
Le sel peut transformer la neige en glace
"C'est contre-intuitif, mais saler sur de la neige ne sert à rien. Le sel fait baisser la température de la neige déjà au sol et peut la transformer en glace" explique Michael Langlet. le directeur adjoint d'exploitation de la DIR Nord Ouest insiste : "Contre la neige, il faut un traitement curatif et pas préventif. Cela signifie que l'on fait passer des déneigeuses et c'est le passage de la lame qui permet de libérer la chaussée."
Quand on suit une déneigeuse sur un axe routier, l'engin dépose pourtant de la saumure sur la route, derrière le passage de la lame. "Ce dépôt de bouillie de sel est fait sur une chaussée où l'essentiel de la neige a été dégagé. Il permet d'éviter que l'eau résiduelle ne se transforme en glace" précise Michael Langlet.
À quel moment saler les routes ?
Saler ou pas un axe routier est une décision qui dépend de trois facteurs clés : la température de l'air, mais aussi celle de la chaussée et la température dite de rosée (celle à laquelle l'eau va devenir de la glace). Les relevés de la dizaine de stations météo sont complétés par les constats des patrouilleurs.
"On ne sale pas préventivement contre le risque de verglas même s'il fait 0°C dehors si la température de la chaussée est de 4°C. En revanche si elle tombe à 0°C, là, on va prendre des précautions" détaille Michael Langlet.
Le verglas, redouté des automobilistes, est le phénomène météo contre lequel le salage préventif est efficace. Reste à choisir le bon moment pour envoyer les saleuses épandre la saumure. "On évite les heures de pointe. Mais on doit aussi prendre en compte l'humidité de la chaussée : si un événement météo est attendu en début d'après-midi, saler sur un périphérique mouillé avant l'heure de pointe du matin ne servira à rien: le sel aura disparu après le passage des véhicules. On salera donc après le flux de circulation."
Les caprices de la météo les plus redoutés par les agents de la DIR Nord-Ouest sont donc la neige et les pluies verglaçantes. Les engins ne peuvent être envoyés sur les routes qu'une fois les averses déjà présentes. Les automobilistes doivent donc faire preuve de beaucoup de prudence.
Michael Langlet rappelle d'ailleurs que "doubler un engin en train de chasser la neige ou saler est puni de 3 ans de suspension de permis d'après l'article 414-17 du code de la route".