"Désir de vivre" c'est le titre choisi pour cette exposition photo en noir et blanc présentée en ce mois de septembre au Moho et à la gare de Caen. Léonie Hamard 22 ans est arrivée en réanimation mi-avril 2020, en pleine crise, pour photographier leur quotidien jour et nuit. Plongée "dans une riviè
Qui voit de la peur dans ces regards ? Ces soignants du service réanimation du CHU de Caen, comme partout ailleurs, ont affronté le Covid-19 et ont affronté l'inconnu sans reculer. On ne savait pas grand chose de ce virus mais il fallait bien soigner, accompagner, soulager : le coeur de leur mission.
J'ai été frappée par ce "désir de vivre", c'est d'ailleurs le titre de l'exposition, et tout l'énergie qui était mise chaque jour, chaque heure, chaque minute. Autour de nous des patients inconscients, d'autres qu'on intubait en urgence, des larmes, de la solitude avec tous ces malades qui arrivaient de la région parisienne. C'était un autre monde. En ce moment, ils revivent à peu près la même chose, même s'ils connaissent un peu mieux la maladie.
Léonie a aussi noté quelques phrases. Des paroles qui témoignent sur le vif du ressenti, un mois après le début du confinement et la prise de conscience de la gravité de cette pandémie.
Quand on a appris qu'on était choisi pour être service Covid, ça a été pour nous une rivière de peur, de larmes et d'angoisse.
La jeune photographe qui a plongé dans cette vie de service, sans hésiter, a tout de suite remarqué l'importance des gestes, du regard et de la voix, dans l'accompagnement en réanimation : "Il y a toujours une main sur l'épaule, un contact, un geste pour être au plus près du patient. C'était fou à ce moment-là, surtout qu'on nous parle de garder les distances avec cette maladie. Ils ont tout donné malgré la peur de l'attraper."
Je suis très fière de vous. J'ai épongé vos angoisses au maximum mais derrière, sachez que j'étais toute seule.
Léonie Hamard rêve aujourd'hui de suivre à nouveau cette équipe, un an après. En attendant, son exposition photo réchauffe le coeur des soignants : c'est mettre sous la lumière leur existence alors que la troisième vague est bien là. "Je fais la chasse autour de moi. Tous les copains qui organisent des fêtes ou qui prévoient de s'y rendre, j'ai envie de leur montrer ces photos. On en a tous marre, mais pour eux c'est double peine", confie Léonie Hamard, 22 ans. Après avoir été présentée dans le hall de la tour du CHU de Caen, l'exposition est désormais visible au Moho et à la gare de Caen.
Pour découvrir le catalogue de l'exposition, il suffit de cliquer ici.