Partager un bel appartement avec une bande d'amis joyeux, c'est le rêve de nombreux étudiants. Mais la réalité n'est pas toujours à l'image des séries télévisées. La colocation renferme quelques pièges à connaître avant de s'engager. Un agent immobilier caennais fait le point avec nous.
À quelques jours de la rentrée universitaire, les étudiants en quête de logements s'affolent. Les chambres en résidences universitaires ont été prises d'assaut, et le marché de l'immobilier s'est considérablement tendu ces dernières semaines. Les recherches d'appartement s'avèrent donc rapidement un parcours du combattant.
Dans ce marasme, la colocation étudiante peut sembler la solution idéale. Vivre à plusieurs autorise de plus grandes surfaces, et surtout permet de partager les frais. Mais ce mode de logement est aussi plein de chausse-trappes à connaître.
Alexandre Assens est agent immobilier à Caen, dans l'agence "Caen et Mer Immo". Il voit défiler ces derniers jours des nuées d'étudiants paniqués de ne pas trouver de logement. "On a 20 messages d'étudiants par jour" s'étonne-t-il. La colocation apparaît comme une solution avantageuse.
La colocation se développe énormément, mais c'est un peu par défaut, la majorité des étudiants cherche plutôt un petit studio pour être indépendant et tranquille. S'ils ne trouvent pas, ils se tournent vers la colocation
Alexandre Assens, agent immobilier à Caen et Mer Immobilier
Selon l'agent immobilier, 20% des colocataires s'engagent dans ce mode de logement par choix, 80% par défaut. La colocation se développe, mais sans modifier le paysage immobilier. "Il y a de plus en plus de biens qui sont proposés en colocation mais ce n’est pas non plus un chiffre qui explose" explique Alexandre Assens.
Trouver le, ou les, bons colocataires
Attention à ne pas se précipiter ! Impatient de trouver un logement, l'étudiant peut accepter n'importe quelle proposition de colocation, ou louer une chambre sans trop savoir à qui il a affaire. "Être en coloc avec n'importe qui ou chez n'importe qui, ça peut très mal tourner ! Beaucoup sont prêts malheureusement à s'engager sans trop réfléchir".
Mon premier conseil, ce serait de bien se renseigner sur les personnes avec qui on va partager le logement, c'est vraiment pour moi la première des règles. Est-ce qu’on a les mêmes rythmes de vie ? Est-ce qu’on a les mêmes habitudes de vie ? Si je suis un lève-tôt et que je suis en coloc avec un couche-tard, ça risque d’être un peu compliqué
Alexandre Assens, agent immobilier à Caen
Attention au bail dans les colocations
La signature d'un bail est obligatoire aussi en colocation. Le bail évolue en fonction des logements. Il peut y avoir un bail par colocataire, ou un seul bail pour tous, un bail individuel ou un bail solidaire. Attention, dans certains cas, tous les locataires peuvent être liés entre eux par une clause de solidarité.
Si l'un d'entre eux ne peut pas payer son loyer, ce sont les autres qui doivent assurer le paiement. Dans ce type de location, il est aussi demandé une caution et un garant, qui peut être le même pour tous les colocataires. "Les noms de chaque personne doivent apparaître sur le bail, si la personne n'est pas mentionnée, elle n'a aucun droit. Chaque colocataire doit signer le bail et l'état des lieux également, il peut être responsable des dégâts occasionnés" précise Alexandre Assens.
S'il y a plusieurs personnes qui louent un appartement, soit ils sont colocataires de l’intégralité du logement, soit chacun est locataire d’une chambre, par exemple. Mais ils auront la jouissance des parties communes
Alexandre Assens, agent immobilier à Caen
Enfin le bail va dépendre aussi de ce qui est mis dans la colocation : est-ce une chambre, ou une chambre avec salle de bains, avec accès à une cuisine et un salon, avec ou sans internet (inclus ou non dans les charges locatives).
Pour assurer un appartement en colocation, ce sont souvent les propriétaires qui s'en chargent, puis la facturent aux locataires. Sinon, chaque locataire doit prendre sa propre assurance. L'entrée dans les lieux se fait seulement en échange de cette assurance nominative.
Enfin, attention aux charges, si l'eau froide est souvent comprise dans les charges locatives, l'électricité, l'eau chaude et le ramassage des ordures ne le sont pas. Ce qui est valable pour toute location bien sûr. Une colocation, c'est comme une location, les frais annexes peuvent vite faire grimper le montant des charges.
Qui fait la vaisselle ce soir ?
Une fois vos complices choisis pour partager votre logement, il faut penser aux règles qui régiront votre habitation. Le ménage, le rangement ou la propreté sont des notions toutes relatives. D'où l'importance de définir des règles. "C’est un peu comme un mariage, on ne sait pas comment ça va se terminer. A minima, il faut réduire les risques : il faut au moins se renseigner un petit peu sur ses colocataires, quitte à aller voir le voisinage pour savoir s’ils ont des choses à dire sur les personnes qui louent déjà le logement" poursuit Alexandre Assens.
Une fois les règles définies, reste à établir un planning pour éviter les conflits. Qui fait le ménage, la vaisselle, qui sort les poubelles ? Chacun ses courses ou courses communes ?
Une chambre chez l'habitant ?
Une autre tendance se dessine, celle de la chambre louée dans une maison, chez un propriétaire. Une bonne idée si l'étudiant tombe dans une famille sympathique qui a besoin d'un complément de revenus. "Certains propriétaires vont faire ça de manière très agréable parce qu’ils ont besoin d’un complément de revenu, certains le font aussi pour aider les étudiants. Après il y en a d’autres qui vont éventuellement demander une petite avance en liquide, ce qu’il faut bien évidemment refuser. Ce serait le deuxième conseil de vigilance : on ne donne aucun sou, rien, surtout en espèce tant que rien n’est signé. Si le bail n’est pas signé, on donne zéro".
Tentez le réseau !
Face à la pénurie de logements, les réseaux sociaux peuvent s'avérer bien utiles. "Tous les jours, j’ai des messages sur Facebook de personnes qui cherchent des appartements à louer. Mon conseil c’est vraiment de s’y prendre très très tôt. Et d’utiliser tous les canaux possibles. Comme les réseaux sociaux aujourd’hui. Je pense qu’il y a aujourd'hui plus de gens qui trouvent un appartement par les réseaux sociaux que par les sites d’agence ou d’annonces".
On ne trouve pas forcément d'appartements sur les réseaux sociaux, mais des contacts pour en trouver. "On me demande des informations sur les agences, qui contacter, qui est spécialisé dans tel domaine" explique Alexandre Assens, "il y a une forte solidarité sur les réseaux. Qui va quitter un logement, qui va le remplacer, ça reste un bon outil. C'est un peu un concurrent pour nous les agences immobilières, mais néanmoins je conseille à toutes les personnes qui cherchent un logement de passer par ce créneau. Il faut utiliser les outils de notre époque pour optimiser les chances de trouver un logement".