Paul Watson, le fondateur de l’ONG Sea Shepherd, qui lutte pour la protection de la faune marine, est emprisonné au Groenland depuis le 21 juillet dernier. En Normandie, des élus ont choisi de dire haut et fort leur soutien au militant. Rencontre.
Depuis plus de trois mois, le militant Paul Watson, 73 ans, fondateur de l’ONG Sea Shepherd qui lutte pour la protection de la faune marine, est détenu au Groenland. Arrêté le 21 juillet dernier alors qu'il allait prendre le large pour mener une action dans l'océan Arctique contre un baleinier japonais, l'activiste canadien risque l'extradition au Japon, où il encourrait 15 ans de prison. Les autorités japonaises l'accusent d'une intrusion violente en 2010 sur un navire chasseur de baleines battant leur pavillon.
Depuis son incarcération, les messages de soutien à Paul Watson fleurissent partout sur le globe. En Normandie, des élus ont choisi de clamer haut et fort leur soutien au militant. C'est le cas à Luc-sur-Mer (Calvados), où une banderole devant l'hôtel de ville affiche son portrait et indique : "Sauvez les baleines n'est pas un crime". La municipalité répond ainsi à un appel du journaliste et militant animaliste Hugo Clément, qui demandait, après l'arrestation de Paul Watson, que les mairies affichent le portrait du septuagénaire en signe de soutien.
Lutte contre la chasse à la baleine
La baleine est justement l'emblème de cette commune de 3 200 habitants de la Côte de Nacre, qui s'engage régulièrement dans sa protection. "C'est notre emblème suite à un échouage de baleine en 1885", raconte Philippe Chanu, le maire (sans étiquette) de la ville. Signe de l'attachement de la municipalité à l'animal, le squelette de la baleine échouée il y a 140 ans s'expose dans le jardin de la mairie. "Nous avons une confrérie de la baleine et une maison de la baleine et nous sommes avant tout tournés vers la nature et la protection des baleines en général", insiste le maire.
Le fondateur de Sea Sheperd est une figure emblématique de la lutte contre la chasse à la baleine. Il s'est fait connaître dans les années 1970 pour ses actions militantes en mer, s'interposant avec les bateaux de son ONG pour empêcher des navires de chasser le cétacé.
"C'est une espèce en voie de disparition donc il faut absolument la protéger", juge un habitant d'Hérouville-Saint-Clair (Calvados), où le visage du militant emprisonné s'affiche aussi sur la mairie. La municipalité menée par Rodolphe Thomas (MoDem) met en avant sur son site une pétition en soutien à Paul Watson. "Je trouve que c'est un peu lamentable de mettre des gens en prison parce qu'ils ont des choses à dire", lance une autre riveraine.
"Protéger les écosystèmes marins"
À Rouen (Seine-Maritime), le maire (PS) Nicolas Mayer-Rossignol a déclaré que "protéger les baleines ne devrait pas être un crime, mais un devoir". "Je souhaite que Rouen réponde à l’appel d'Hugo Clément et soutienne Paul Watson", a-t-il ajouté. Depuis, son portrait s'affiche à l'intérieur de l'hôtel de ville rouennais.
Protéger les baleines ne devrait pas être un crime, mais un devoir. Je souhaite que @Rouen réponde à l’appel de @hugoclement et soutienne Paul Watson, dont le portrait va être affiché en Mairie. https://t.co/hUM3R3jwon
— Nicolas Mayer-Rossignol (@NicolasMayerNMR) October 10, 2024
La députée européenne (LFI) Emma Fourreau, originaire d'Évrecy (Calvados), a même fait l'aller-retour au Groenland pour rencontrer Paul Watson en prison.
En août dernier, déjà, elle participait à une manifestation en son soutien à Caen. "Le fait de piller les océans met en danger le métier même de pêcheur, parce que s'il n'y a plus de poisson à aller chercher, c'est la fin de toute cette filière", déclare-t-elle pour expliquer son engagement. "C'est important de dire que si on veut continuer à manger du poisson, il faut en pêcher beaucoup moins, protéger les écosystèmes marins et c'est le combat de Sea Sheperd", conclut l'élue.