Jamais les sauveteurs en mer n'auront été autant sollicités cet été pour une succession d'opérations qui auraient pû être évitées avec un peu plus de prise de conscience des dangers de la mer. Heureusement, l'intervention des secours a permis d'éviter des drames, parfois de justesse.
Depuis le déconfinement et l'autorisation de reprendre la mer le 11 mai, certains plaisanciers semblent avoir un peu la tête ailleurs, une envie de liberté qui les amène parfois à prendre des risques oubliant au passage quelques règles primaires de sécurité.
Il se jette à la mer pour récupérer son cubi de rosé
Il est un peu plus de 17 heures, ce samedi 14 aout quand un appel du Cross Jobourg signale un homme à la mer au pied de la digue Ouest du port de Granville, Un message de détresse (mayday relai) est lancé par l'officier régulateur du centre régional de secours : l'individu d'une trentaine d'années qui pêchait à la ligne depuis la jetée ne parvient à regagner la digue d'où il vient de plonger... pour repêcher un cubi de rosé qui vient de tomber d'une dizaine de mètres en contre-bas. Aussitôt, les pompiers de Granville sont appelés pour lui porter secours, c'est ensuite l'hélicoptère Caïman de la Marine Nationale basé à Cherbourg qui est envoyé sur zone, après 3/4 d'heures d'opérations suivies par des dizaines de badauds, l'homme est récupéré par un navire de plaisance....une aventure qui se termine bien mais une facture salée au frais de la collectivité l'heure de vol de ce type d'appareil de la marine nationale dépasse les 15 000 euros. Le pêcheur maladroit pour le moins s'en est tiré avec un rappel à l'ordre. Le cubi en question était toujours resté au fond de l'eau à l'heure qu'il est, en attendant les grandes marées de la fin de la semaine qui pourraient le voir réapparaître.
Il s'endort sur son matelas et se retrouve à 2 kilomètres en pleine mer
Le lundi 10 aout, vers 16H45, les sauveteurs de Dieppe sont intrigués par la présence d'un matelas pneumatique qui dérive à environ 2 kilomètres de la plage. ils alertent le Cross Jobourg qui demande qu'une reconnaissance sur zone soit effectuée par le bateau de la SNSM, A bord du matelas, un homme d'une trentaine d'années qui avoue qu'il s'est endormi et qu'il s'est réveillé un peu tard pour lui permettre d'échapper au courant qui l'emmenait vers le large. L'homme est sain et sauf et s'en tire lui aussi avec une bonne frayeur.Trois heures de recherches pour rien
En ce début du mois de Juillet, la météo est belle, la mer est calme et le propriétaire d'un voilier basé à Deauville décide de partir seul sans prévenir de sa destination ni même de son heure de retour. En début de soirée, son épouse inquiète de ne pas le voir rentrer au port alerte les secours, le navigateur n'a pas donné de nouvelles depuis plusieurs heures, 2 hélicoptères et 2 Navires de la SNSM sont aussitôt mobilisés, après 3 Heures de recherches infructueuses, les opérations sont interrompues et çà n'est que plus tard dans la soirée que l'homme et son bateau sont repérés.....dans le port d'Honfleur où il avait décidé de faire escale sans prévenir ses proches.Panne d'essence pour un Yacht de 11 mètres
Nous sommes le jeudi 30 juillet, un appel d'un navire en détresse est lancé par le propriétaire d'un bateau de 11 mètres avec 4 personnes à bord dont 2 enfants. Le couple revient d'une ballade à Jersey, le propriétaire annonce qu'un des deux moteurs vient de tomber en panne et que le navire n'est plus manoeuvrable et puis, c'est le deuxième moteur qui lâche à son tour. Un problème mécanique ? L'Officier du Cross propose un remorquage, problème , le port de Granville est fermé et la vedette SNSM ne pourra venir chercher les naufragés que..... 6 heures plus tard soit après 23H00. Là aussi, l'opération s'est bien terminée et le bateau a pû repartir... après avoir fait le plein du réservoir !En pleine nuit, il navigue sans feux dans le Raz Blanchard
Le Raz blanchard et son célèbre rail des casquets sont connus pour être des endroits les plus fréquentés au monde. Chaque jour, ce sont entre 200 et 500 navires qui se croisent dans cette zone. Le patron de la SNSM de la Manche , Jean-Marie Choisy se souvient d' un appel du Cross en pleine nuit signalant un bateau "tous feux éteints à la dérive" au beau milieu du rail, risquant à tout moment d'être percuté par un cargo. La vedette SNSM de Goury est envoyée sur les lieux pour remorquer le navire et le ramener jusqu'au port de Cherbourg.Pour Philippe Auzou, le président de la SNSM du Calvados, il y a"un relâchement des comportements, le matériel n'est pas toujours en très bon état , c'est un mélange "d'imprudence, et d'inexpérience , nous avons eu aussi beaucoup plus de monde en mer cette saison sur nos côtes à cause de la Covid 19 avec des gens qui ne connaissaiant pas notre littoral et les conditions de navigation", on peut aller jusqu'à parler d' incivilités de la part de certains qui mettent en danger les sauveteurs pour des opérations qui auraient dû facilement être évitées.
Rien que dans le département de la Manche, Jean-Marie Choisy a dénombré 150 interventions en seulement 2 mois et demi contre 200 pour les 12 mois de l'année passée.