2600 morts par an en Normandie : la pollution de l'air tue

Les polluants sont des meurtriers invisibles, des poisons insidieux. Une étude publiée en 2016 par Santé Publique France attribue 9 % de la mortalité aux particules fines que nous respirons à longueur d'année.

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La vie continue, comme si de rien n'était. Les informations sur la mauvaise qualité de l'air n'y changent rien. Les files de voitures s'allongent chaque matin à l'entrée de nos grandes villes. On perd patience dans les bouchons sur le périphérique de Caen. On s'énerve sur la sud 3 à Rouen. Après tout, un pic de pollution n'a jamais tué personne ! D'ailleurs, une étude le prouve : Santé Publique France a analysé l'impact d'un épisode de pollution hivernale en novembre 2016. Résultat ? Presque rien. 
 

 


Les polluants sont des tueurs de fond


"Les 2600 morts par an ne sont pas dus aux pics de pollution, corrige Myriam Blanchard, épidémiologiste en Normandie pour Santé Publique France. C'est la pollution de tous les jours qui a de réels effets sur la santé".  Et c'est bien l'activité humaine, notre vie de tous les jours qui distille ce poison : les particules en suspensions dans l'air "proviennent majoritairement de la combustion de combustibles (production et transformation de l'énergie, chauffage des particuliers principalement biomasse...), du transport automobile (échappement, usure, frottements...) ainsi que des activités agricoles (labourage des terres...) et industrielles très diverses (fonderies, verreries, silos céréaliers, incinération, exploitation de carrières, BTP...)" explique ATMO Normandie qui surveille la qualité de l'air. Les particules inférieures à 10 micromètres (PM10) sont inhalables. Les plus fines ont la faculté de pouvoir pénétrer profondément dans l'appareil pulmonaire. (ces particules dites PM2,5 ont un diamètre inférieur à 2,5 micromètres). "Certaines particules ont des propriétés mutagènes et cancérigènes", indique ATMO Normandie. En Normandie, 90 % de la population est exposée à des concentrations de particules supérieures au seuil limite préconisé par l'Organisation Mondiale de la Santé. (10 µg/m3 ). 
 

Or "l’exposition à des polluants de l’air favorise le développement de maladies chroniques graves, pouvant conduire à des décès", explique Santé Publique France qui a publié les résultats d'une très longue étude en 2016 . "Nous avons suivi une cohorte sur vingt ans, explique Myriam Blanchard. Les personnes les plus exposées développement davantage de pathologies. Les calculs statistiques tiennent compte d'autres critères de risques comme le tabac, les maladies professionnelles. On parvient ainsi à évaluer l'incidence de la pollution".
 

Les conclusions de l'étude sont sans appel : "Dans un scénario sans pollution atmosphérique où la qualité de l’air en France continentale serait identique à celle de ces communes les moins polluées (5 µg/m3 ), plus de 48 000 décès seraient évités chaque année en France dont près de 2600 en Normandie. Ceci représenterait une baisse de 9 % de la mortalité en France et dans la région".
 

Sans surprise, c'est dans l'Orne et dans la Manche que les concentrations de particules fines PM 2,5 sont les moins élevées. La population davantage exposée dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants. La Normandie subit une pollution comparable à celle des autres régions que la moitié nord du pays qui hérite des particules en suspension que le vent ramène du Benelux et de l'Allemagne.

"La pollution agit aux niveaux respiratoire et cardiovasculaire, mais également sur des troubles de la reproduction et du développement de l’enfant, des maladies endocriniennes ou encore neurologiques" souligne Santé Publique France. Elle est (après le tabac et l'alcool) la troisième cause de mortalité. Mais elle demeure invisible, impalpable, inodore. Et les mêmes files de voitures se forment le soir à la sortie de nos villes.

 
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