Il a bientôt 70 ans et s'est lancé dans les compétitions d'apnée il y a seulement 3 ans : le Normand Sauveur Lococo, désormais l'un des meilleurs apnéistes du monde dans sa catégorie, nourrit encore l'espoir de décrocher de nouveaux records. Portrait.
C'était en août 2023, dans la mer des Caraïbes. À Roatan, au Honduras, Sauveur Lococo, 69 ans, s'élançait vers les abysses pour le championnat du monde d'apnée en eau libre. "Aucun stress, ça s'est super bien passé", confiait le double champion et recordman du monde d'apnée en profondeur catégorie "Masters". "Je ne veux pas être prétentieux, mais j'étais très sûr de moi !"
Quelques mots qui résument si bien le personnage. Sportif jusqu'au-boutiste, guidé par l'envie d'aller toujours plus loin, toujours plus bas dans les profondeurs. En monopalme, puis à la force de ses mains, le Normand est descendu, par deux fois, à 78 mètres.
J'aurais pu mettre quelques mètres de plus. En arrivant en haut, j'ai dit bonjour à tout le monde, c'est pour dire. Mon voyage était génial ; ça n'a été qu'une belle promenade. Un souvenir inoubliable.
Sauveur Lococoà France 3 Normandie
Découvrez le reportage de F. Bollez, P. Cornily, I. Waskovit et P. Léonard :
De l'addiction à la cigarette à l'apnée
Ces performances exceptionnelles, Sauveur Lococo n'y était pas destiné. Dans une autre vie, il élevait des chevaux. C'est lors d'un voyage aux Maldives que ce passionné de courses hippiques découvre l'univers de la plongée. Un virus qui lui permet d'abandonner son premier vice : le tabac.
Car celui qui est désormais sportif de haut niveau fumait sans discontinuer, "jusqu'à deux paquets et demi par jour", assure-t-il. "Le samedi soir, avec la fête, ça passait à 3 et demi. C'était de la folie !"
Après la plongée avec des bouteilles d'air, Sauveur Lococo décide de se dédier pleinement à l'apnée. Une discipline aux confins du défi physique et de la spiritualité. "Je suis dans une bulle. En mode zen", relève-t-il, "ça apporte de l'oxygène un peu partout."
Je dois avoir des limites à mon âge, mais 90 mètres et peut-être quelques mètres de plus, pourquoi pas ! Je n'ai pas envie d'arrêter. Si je sens un jour que ça ne va plus, physiologiquement, peut-être que je tirerai ma révérence.
Sauveur Lococoà France 3 Normandie
Bain de Jouvence
Avant les compétitions internationales, il y a l'entraînement dans une eau... Plus chlorée. En Normandie, c'est à la piscine de Pont-Audemer, dans l'Eure, que Sauveur Lococo fait le grand saut. Une étape incontournable avant d'explorer ses limites dans ce sport extrême.
"Il n'a pas peur des profondeurs", souligne Virginie Bruneau, apnéiste. "C'est quelque-chose de très angoissant : on est oppressé, confiné. Lui n'a pas peur. Il n'a pas de problème de compensation non plus."
Des immersions aux allures de bain de Jouvence. Les années passent et glissent sur Sauveur, sans freiner sa soif de profondeur.