Le Zénith de Caen a accueillie ce samedi 4 mars la Nuit des combattants. Au programme de la boxe et, pour la première fois en Normandie, des matchs de MMA (Mixed Martial Arts), un sport de combat longtemps interdit en France. Plus 3.000 spectateurs ont répondu présent.
"Juste avant de monter sur le ring, quand on entend que ça gronde dans la salle, avec la musique pour essayer de faire monter la pression, et quand le public répond présent comme ça, ça fait plaisir." Et ce samedi 4 mars, le public a bien répondu présent pour la première édition de la Nuit des combattants organisée au Zénith de Caen : plus de 3.000 spectateurs dans la salle. De quoi galvaniser les compétiteurs comme le Manchois Romain Lehot qui a remporté ce soir-là son neuvième combat professionnel, par K.O.
La boxe, "c'est un monde de fou et quand ça finit comme ça, on se dit que les sacrifices ont payé". Outre le résultat, cette soirée, "nous donne énormément de visibilité, dans la boxe c'est important. ", explique le boxeur normand, "on montre à la France qu'on est là." Les Normands Hugo Morel et Lancelot Proton de La Chapelle se sont également illustrés ce samedi soir en battant leurs adversaires respectifs.
Dans le public, les parrains de cette soirée, l'ex-boxeur Maxime Beaussire et le combattant de MMA Davy Gallon ainsi que l'ancien kick-boxeur Jérôme Le Banner mais aussi Orelsan. Du beau monde pour une grande première dans la région. "Ça m'a surpris quand je suis arrivé dans le Zénith, c'est une configuration dans laquelle je ne l'ai jamais vue, je suis trop content de venir pour autre chose que de la musique", raconte le rappeur, "On a jamais eu de MMA à Caen et voir les deux rings, boxe et MMA, c'est cool, ça fait plaisir de voir ça dans la région (...) Bravo aux mecs qui ont organisé ça."
"Là, on sent vraiment que ça tape"
Longtemps interdit en France, le Mixed Martial Arts n'a été légalisé qu'en janvier 2020. Des compétitions officielles ne sont organisées que depuis à peine trois ans et pour la première fois en Normandie ce samedi 4 mars. Maeldwin, un amateur de la discipline, avait pris pour l'occasion une place au plus près de la cage.
Jusqu'alors, il n'avait vu des combats que sur son petit écran. "Quand on est prêt comme ça, on entend les impacts, c'est vraiment impressionnant au niveau de l'intensité, beaucoup plus qu'à la télé", nous confie-t-il, un large sourire aux lèvres, "C'est de la vraie bagarre. Du début à la fin, le moindre relâchement est fatal pour le combattant, c'est ça qui est vraiment chouette."
Quelques mètres plus loin, Maryline confirme ce sentiment d'immersion. "Avant de venir, je me disais : j'espère que je ne vais pas me retrouver avec du sang sur la chemise ! C'est vrai que ça tape dur. Ça n'a rien à voir avec la télé, là on sent vraiment que ça tape."
Outre la violence des coups, les néophytes sont également impressionnés par tout le décorum de la discipline. "Voir la cage être fermée à double tour et ces gens qui sont enfermés dedans et qui sont là pour se foutre dessus, c'est impressionnant. On les voit se faire serrer le long de la grille, on a l'impression qu'ils sont bloqués, on se demande comment ça peut finir. C'est la première fois que je vois ça de ma vie et c'est quelque chose. Ça prend aux tripes", confie Vincent, qui a parfois un peu mal à suivre le fil des combats. "Moi, je ne les ai pas vues les règles", lance-t-il dans un grand éclat de rire.
"Le seul souci, c'est un peu la compréhension des règles pour les gens", admet Maeldwin, le connaisseur, "Sur le précédent combat, j'entendais beaucoup de spectateurs qui ne comprenaient pas pourquoi ça s'était arrêté. Sauf que le gars était en souffrance au niveau de la clé de bras."
Malgré son extrême brutalité et ce que pourrait laisser penser son ancienne appellation (le free fight ou combat libre en bon français), le MMA est bien encadré par toute une série de règles et bon nombre de coups (à la gorge, à la nuque, à la colonne ou aux parties génitales) sont prohibés. La cage est aussi là pour assurer, en partie, la sécurité des combattants (en empêchant par exemple la chute du podium), tout en renforçant le côté spectaculaire de la discipline.
"Le côté cage, il est fun. C'est un peu théâtral", estime Orelsan, avant d'ajouter dans un grand éclat de rire : "Mais en vrai, que tu te prennes une droite dans un ring ou dans une cage, ça fait aussi mal, je pense."
Quelques années auparavant, ce type de soirée aurait été inimaginable en France, en raison de l'interdiction mais aussi de l'image controversée de ce sport. "Le MMA a son succès parce qu'il a fait ses preuves, tout simplement", estime le rappeur normand, "Au bout d'un moment, on s'est rendu compte que c'était l'art martial le plus complet. Je pense que tous les fans d'arts martiaux commencent à s'intéresser au MMA."
Si la technicité ravit les esthètes, pour Maeldwin, c'est avant tout "la violence des combat, des règles un peu no-limit" qui emportent l'adhésion du public. "Ça fait un peu bagarre de rue, des vraies bagarres où c'est le plus fort qui s'en sort." Et de conclure, dans un sourire carnassier, "on en reveut à Caen, on en reveut en Normandie ! On veut de la castagne !"