Quelques structures locales redonnent vie au matériel informatique. Le secteur de la réparation et du réemploi a le vent en poupe. Cette démarche circulaire et écologique permet aux acheteurs, parfois étudiants, de profiter d'ordinateurs à faibles prix pour la rentrée.
« Il n’est plus soutenable de changer d’ordinateur portable tous les deux ans ». Olivier Langlet est un entrepreneur engagé qui veut « promouvoir une manière plus responsable de consommer ». Son credo à lui, c’est le reconditionnement. « Il y a 10 ans, le reconditionnement faisait doucement sourire. Aujourd’hui, on nous prend au sérieux ».
Olivier Langlet est le co-fondateur de Reboot Ecosystème, un consortium de trois acteurs locaux (Réseau Grain, Terra-Num, Les Copeaux Numériques) installé à Petit-Quevilly et spécialisé dans la réparation et le réemploi de matériel informatique. Régulièrement, il collecte des ordinateurs auprès des administrations, des collectivités et des entreprises de l’agglomération rouennaise. Parmi les donneurs, on retrouve la CARSAT, la CAF, la Matmut ou encore la Métropole de Rouen.
"Les mêmes services que les PC neufs"
« Les appareils ont déjà servi entre 4 et 7 ans. Nous leur redonnons une seconde jeunesse afin qu’ils puissent être réutilisés», explique Olivier Langlet. « Toutes les données sont effacées, les composants testés puis éventuellement remplacés. Un logiciel est également installé pour répondre aux besoins des usagers. Une fois réparés et révisés, les ordinateurs ont une durée de vie minimale de 3 ans. On veut montrer qu'on peut acheter de la seconde main en ayant le même service que les PC neufs».
Promulguée le 10 février 2022, la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) a contribué à structurer la filière réemploi en mettant en place un indice de réparabilité sur les appareils numériques et en imposant aux collectivités d’acheter 20% de matériel ayant déjà servi.
Une aubaine pour la filière Reboot Ecosystème qui œuvre dans le secteur du reconditionnement des appareils informatiques. Si le projet vise à limiter l’impact sur l’environnement, il vise aussi à doter les publics les plus précaires d’ordinateurs, fixes ou portables, à moindre coût. « C’est pour cela que nous mettons un système d’exploitation Linux et pas Windows qui ferait exploser les prix », ajoute le co-responsable de Reboot Ecosystème.
Des ordinateurs reconditionnés vendus entre 75 et 150 euros
C’est justement pour lutter contre la fracture numérique que la filière locale organise une vente solidaire jeudi 7 septembre 2023 au Kaélidoscope, 29 rue Victor Hugo à Petit-Quevilly. L’entrée est libre de 14h à 17h puis sur inscriptions entre 17h et 19 heures. « Les inscriptions sont déjà closes et ceux qui se sont inscrits, une centaine environ, seront prioritaires pour acheter ces ordinateurs de grande marque », souligne Olivier Langlet.
Si la demande est très forte, c’est que les prix défient toute concurrence, y compris sur le secteur de la seconde main. Comptez entre 75 et 100 euros pour un fixe avec souris, clavier, tour et écran. Jusqu’à 150 euros en moyenne pour un ordinateur portable. Tous les appareils sont prêts à l’emploi.
Sensibiliser le public à l'enjeu environnemental du reconditionnement
« Malheureusement, il n’y en aura pas pour tout le monde dans l’immédiat, mais nous serons en mesure de répondre dans le courant du mois de septembre à toutes les demandes d’achats d’ordinateurs », assure Olivier Lenglet. « Au-delà de ces achats, cette vente permettra aussi de nous faire connaître, de sensibiliser le public aux enjeux du reconditionnement et aux métiers de demain liés à l’économie circulaire ».
La vente est ouverte à tous sans conditions de ressources. Parmi les acheteurs qui se sont manifestés, « des personnes en recherche d’emploi, jeunes qui viennent de trouver un emploi et bien sûr des étudiants. On sent que la demande est importante lors de la rentrée ».
Moins de demandes en appareils numériques dans les ressourceries
La rentrée, elle aussi, occupe beaucoup les ressourceries. Elles sont des acteurs plus traditionnels de la valorisation des objets. Si les meubles et les vêtements ont la cote auprès des acheteurs en ce début du mois de septembre, les appareils numériques suscitent moins d’intérêt. « Nous récupérons un ou deux ordinateurs par mois. Il s'agit d'apport volontaire de particuliers. Les appareils ont en moyenne une dizaine d’années. Je change les barrettes mémoire, les touches des claviers et quelques composants », explique Vincent Rodriguez, gérant de rayon et trieur à la ressourcerie l’Abri à Val-de-Reuil dans l'Eure.
« Par contre, dès que nous mettons en vente un ordinateur récent et en bon état, il part tout de suite. Nous avons récupéré quatre tours d’ordinateurs provenant d’une école de l’Eure, elles ont été vendues en moins d’une semaine. En fait, la demande existe notamment de la part des étudiants, mais il est souvent difficile de la satisfaire. En fait, nous sommes tributaires des arrivages ».
Mais cela vaut le coup de se renseigner. Ces dernières semaines, quelques ordinateurs portables remis à neuf ont trouvé preneur pour la modique somme de… 15 euros !