À partir du 4 septembre, la Mammobile va stationner dans 21 communes de Seine-Maritime pour encourager les femmes de 50 à 74 ans, éloignées des centres de radiologie, à réaliser un dépistage gratuit du cancer du sein. Un dispositif amené à se pérenniser si l'évaluation scientifique est concluante. Les résultats seront connus en 2024.
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme en France, et la première cause de décès par cancer avec 12 000 morts enregistrées chaque année. Le détecter tôt permet d'augmenter ses chances de guérison et de survie. Tous les deux ans, les femmes âgées de 50 à 74 ans sont invitées à effectuer une mammographie de dépistage. Sur la période 2021-2022, moins d'une femme sur deux (47,7%), a effectué cette mammographie.
Et les inégalités persistent. Ainsi, les femmes issues de zones défavorisées et/ou éloignées géographiquement des centres de radiologie se font dépister moins fréquemment que les autres. Partant de ce constat, une équipe de recherche de l'INSERM (Anticipe), pilotée par la docteure Élodie Guillaume et le centre régional de coordination de dépistage des cancers (CRDC) Normandie, ont décidé, en 2021, de lancer un projet de recherche en allant à la rencontre directe de ces femmes grâce à une "Mammobile".
"Des dispositifs mobiles de dépistage du cancer du sein existent en France, en Europe et aux États-Unis depuis des années, mais il n'y avait jamais eu d'évaluation scientifique du dispositif sur notre territoire. L'idée est de voir si on peut réduire les inégalités et augmenter la participation au dépistage", explique Élodie Guillaume, docteure en épidémiologie et santé publique, et cheffe de projet Mammobile.
La Mammobile sillonne 21 communes de Seine-Maritime
La Mammobile, un semi-remorque aménagé en centre de radiologie et financé par les départements, a donc été lancée sur les routes normandes en mars 2022. Après l'Eure, le Calvados et la Manche, - l'Orne dispose déjà d'une Mammobile depuis 30 ans - ce centre de dépistage mobile arrive en Seine-Maritime le 4 septembre. Jusqu'au 25 octobre, il sillonnera 21 communes, dont Royville, Jumièges et Étretat, et accueillera quotidiennement entre 35 et 40 femmes pour des mammographies, et des échographies si nécessaire.
Les villes ont été choisies pour leur éloignement géographique des centres de radiologie. Le CRDC envoie aux Seinomarines de 50 à 74 ans l'invitation habituelle au dépistage du cancer du sein dans un centre de radiologie agréé. Et une partie d'entre elles seulement se voit proposer un rendez-vous de dépistage à la Mammobile. Toutes les femmes éligibles au dépistage ne sont pas invitées à la Mammobile afin d'évaluer la pertinence du dispositif et son efficacité dans la réduction des inégalités en comparant les deux groupes.
Les mêmes conditions que dans un cabinet de radiologie
Munies de leur convocation et de leur bon de prise en charge, les femmes se rendront ainsi à leur rendez-vous dans la Mammobile. Elles y seront accueillies par une secrétaire médicale, une manipulatrice en radiologie et un radiologue et passeront leur mammographie. "Elles sont dans les mêmes conditions que dans un cabinet de radiologie, avec du matériel dernière génération", souligne Élodie Guillaume.
Le radiologue reçoit directement les images de la mammographie sur ses écrans, lit les radios et procède à un examen clinique des seins. "Il donne un premier rapport et les clichés sont ensuite envoyés à un deuxième radiologue du CRDC. La femme reçoit son rapport définitif deux à trois semaines plus tard", détaille la cheffe de projet.
L'examen est gratuit, comme pour le dépistage organisé. Une échographie supplémentaire peut-être réalisée avec un reste à charge d'une dizaine d'euros maximum en fonction de la mutuelle de la patiente.
"Ce dispositif est amené à être pérennisé"
Au terme du tour de Normandie de la Mammobile, la petite équipe de recherche de l'INSERM (Anticipe) se plongera dans l'analyse statistique et la modélisation. Les participantes à l'étude ont également été invitées à remplir un questionnaire pour évaluer notamment leur satisfaction. "L'idée est de comprendre comment les femmes s'emparent des propositions qu'on leur fait", pointe Élodie Guillaume.
La question majeure est de savoir qui vient à la Mammobile. "Si ce sont des femmes qui n'auraient pas fait leur mammographie sans elle, c'est gagné", estime la chercheuse. "Ce dispositif est amené à être pérennisé, car il s'inscrit dans la démarche du "aller vers". En allant vers les femmes, on apporte quelque chose. Mais pour le pérenniser, il faut que le rapport coût/efficacité soit important", appuie Élodie Guillaume. Les résultats du projet de recherche Mammobile ne sont pas attendus avant 2024.