Un couple d'agriculteur a ouvert une boutique pour vendre le fruit de son maraichage. C'est un libre service où les clients font eux mêmes leur addition et déposent l'argent dans une "boite de confiance". Ce système est développé en Angleterre et aux Etats-Unis.
"Ici on cultive aussi la confiance". C'est l'inscription sur l'ardoise près de la balance où les clients pèsent eux-mêmes leurs achats. La boutique de vente directe de la ferme des champs de Bray est ouverte 7 jours sur 7 à toute heure.
Charlène et Thomas Fourdinier sont jeunes et ouverts d'esprit. Tous deux ingénieurs agricoles, l'un a des parents agriculteurs, l'autre pas, ils ont repris une exploitation brayonne en 2015.
Dans le fond et la forme, ils veulent cultiver autrement. Dans leur entourage, l'idée de déposer des fruits et légumes et de laisser payer les clients a étonné.
Devant cette réaction, nos jeunes agriculteurs retournaient la question. Les personnes sceptiques répondaient qu'il ne leur viendrait pas l'idée de trahir la confiance faite par des agriculteurs appliquant le paiement d'honneur.
Les clients allaient-ils bien payer leurs fruits et légumes ?
Le bilan des premières semaines est favorable. Les jeunes agriculteurs connaissaient l'exemple américain du "honor system" , une vente en libre service qui repose sur la confiance.
"Tant qu'il n'y a pas de souci, nous continuons", conclut Charlène Fourdinier.
On sait quelle quantité on met de légumes et le soir on vérifie en fonction de l'argent et à chaque fois cela colle avec ce qui a été vendu dans la journée
On passe moins de temps à la vente, on peut plus se consacrer à la production de bons fruits et légumes. Sur le concept, la confiance est une valeur qui fait sens. On avait envie de tester le système en France
Ce concept est très rare en France.... Sur l'ile de Bréhat, un maraicher ose le proposer. Dans le Nord et le Pas-de-Calais des champs de fleurs à couper sont ouverts en libre service.
A des milliers de kilomètres du pays de Bray, au Texas, un producteur local met ses fruits en vente sans surveillance sur le bord de la route. Lui aussi constate "jusqu'à présent, les clients sont honnêtes"
Au Kansas, une ferme applique aussi ce principe humaniste de confiance mutuelle.
Les prix sont stables, nous ne sommes pas soumis aux fluctuations du marché. Nous demandons aux clients d'avoir confiance en nos méthodes de production agricole. De notre côté nous avons confiance au fait qu'ils ont le souci de nous.