Vendredi 27 septembre, le ministère de l’Économie a annoncé une coupe de 50 millions dans le budget qui permet à la Poste de maintenir des agences à la campagne et dans les quartiers populaires en ville. Les maires ruraux sont vent debout.
Bailly-en-Rivière est une commune d’un peu plus de 500 habitants, située à une douzaine de kilomètres au sud-est de Dieppe. Lorsque les dernières élèves encore scolarisées sont parties à Envermeu, le maire a fait le pari de maintenir une vie dans l’ancienne école. Il y a un an, la mairie et une agence postale y ont déménagé.
Auparavant, les services de la Poste étaient installés dans une petite pièce louée, sans chauffage, ni toilettes.
Un repère pour les habitants
"Tout a été rénové il y a deux ans", explique Serge Gisselère le maire de la commune. "C’est une réussite. C’est un repère pour les habitants. Ça fait partie de la vie de la commune. Pour bien vivre à la campagne, il faut des moyens comme cette agence communale. Certains habitants sont âgés et n’ont pas forcément de voiture".
Avec cette nouvelle agence communale, les usagers peuvent également profiter d’un ordinateur, d’une imprimante et d’une connexion internet pour réaliser toutes les démarches nécessaires auprès des services publics. Un nouveau dispositif accessible trois jours par semaine.
Alors une éventuelle fermeture inquiète forcément les habitants. "Il faut garder tous ces services dans nos villages. On en a besoin. C’est pratique", nous confie Marie-Christine, qui réside à Bailly-la-Rivière. "Sinon il faudra la voiture pour tout. Si cette agence ferme, il faudra aller à Envermeu ou Saint-Nicolas-d’Aliermont. À chaque fois, c’est une dizaine de kilomètres."
L’agence postale de Bailly-en-Rivière continuera-t-elle d’exister ? À l’heure actuelle, il est trop tôt pour le savoir.
Ce vendredi 27 septembre, Bercy a annoncé une réduction de 50 millions d’euros dans le budget qui permet à la Poste de maintenir la présence de ses services en milieu rural ou dans les quartiers populaires.
Une réduction effective dès 2024 a confirmé Philippe Whal le PDG du groupe La Poste. 50 millions d'euros, cela représente un peu plus d’un quart du budget consacré par son entreprise au maillage territorial.
Une catastrophe selon les syndicats
Pour Eric Morizot, secrétaire régional adjoint Sud-PTT de Haute-Normandie, "cette annonce est une catastrophe. Le Premier ministre avait déclaré qu’il était soucieux des services publics. Et une de ces premières annonces, c'est : on réduit de près d’un tiers le budget accordé par l’État pour que la Poste puisse assumer ses missions de service public."
Mais le représentant syndical ne semble pas étonné. "En 2005, il y avait en France 17 000 bureaux de poste tenus par des postiers. Aujourd’hui, il y en a 6 300. Le reste, ce sont 10 000 agences postales communales ou relais Poste-commerçant. Cela signifie que la Poste a proposé à des communes ou des commerçants de reprendre le service qu’elle assurait auparavant contre une subvention. Pour une commune comme Bailly-la-Rivière, cela peut représenter jusqu’à 1000 euros par mois."
Avec l’annonce de cette coupe budgétaire, Eric Morizot en est sûr : "La Poste ne pourra plus affirmer que chaque Français se trouve à cinq kilomètres au plus d’un bureau de poste".
Sollicitée par nos soins, la Poste n'a pas donné suite à notre demande d'interview.