TÉMOIGNAGES - Santé. "Le sacerdoce, c'est fini" : comment sera-t-on soigné demain ?

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Une émission présentée par Antoine Oricelli ©France 3 Normandie

Aujourd'hui, le secteur de la santé est malade en France… quid de ses métiers en perdition ? Quels seront les soignants de demain ? La vocation suffit-elle encore ? On en parle, dans débadoc, enregistré depuis l’école d’infirmières et d’aides-soignantes de Dieppe (76).

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Pour ce nouveau numéro, Débadoc a installé caméras et micros à l'IFSI - IFAS de Dieppe. Ici, près de 300 infirmières et aides-soignantes (oui, le métier est encore très largement féminin) sont formées, pendant trois ans pour les premières et 44 semaines pour les secondes. Ce sont elles, les soignantes de demain. Alors, le lieu nous semblait idéal pour parler de l'avenir de la santé en Normandie.

Des soignants qui ne sont plus prêts à tous les sacrifices

Autour du présentateur de l'émission, Antoine Oricelli, de nombreux invité.es :

"Dans ce métier, pendant 30 ans, le seul moyen qu'avait un médecin libéral de mieux gagner sa vie, c'était de travailler plus. Et cette génération qui a toujours travaillé plus, et plus, et plus arrive à 60 ans et ne peut plus travailler plus. On arrive à la fin d'un processus.

Et le jeune génération qui arrive, pour des raisons sociologiques, parce que la société a changé et tant mieux, dit : mais nous, on ne veut pas vivre ce qu'ont vécu nos aînés. De la même manière que moi, dans les années 90, je ne voulais pas vivre ce qu'avait vécu la génération d'avant, c'est-à-dire les médecins corvéables à merci, jour et nuit, samedi, dimanche, qui étaient tous divorcés, malheureux... j'ai connu une génération de médecins sacrificielle. C'est fini."

Il faut comprendre : qu'on soit infirmière ou médecin, le sacerdoce, c'est fini. On veut nous culpabiliser avec la vocation, le sacerdoce, etc. Aujourd'hui, on est médecin, infirmière, c'est un métier. Il faudrait nous lâcher un peu avec cette histoire de sacerdoce et de sacrifice.

Stéphane Pertuet, médecin généraliste

Extrait du Débadoc "Soigner demain"

  • Florence Levasseur, directrice de l'IFSI - IFAS de Dieppe :

"Le rapport au travail est complètement différent. On est face à une nouvelle génération qui veut trouver l'équilibre entre l'investissement au travail et la part de la vie personnelle. (...) Avoir le temps d'avoir des activités culturelles, sportives, avoir le temps d'être en famille et ne pas être complètement phagocyté, envahi par son métier. C'est vrai qu'on fait un métier d'engagement, mais les directions des ressources humaines sont aujourd'hui attentives à essayer de trouver une nouvelle organisation de travail."

  • Charles Jeleff, ancien chef de service des Urgences-SMUR au Centre Hospitalier Public du Cotentin à Cherbourg. Il a démissionné en mai 2022 pour rejoindre un établissement privé à Compiègne où il exerce en tant que libéral :

"J'étais médecin salarié, je suis devenu médecin libéral. Ça veut dire quoi en pratique ? Que vous êtes rémunéré à l'acte. Ça a une implication non négligeable, que ce soit pour les urgentistes ou tous les spécialistes d'un établissement : s'il y a beaucoup de travail, il y a une récompense immédiate."

À l'hôpital, vous êtes salarié, vous subissez l'activité, sans récompense. Que vous voyiez 20 patients, 40 ou 60, ce sera toujours le même salaire. Aujourd'hui, être médecin urgentiste à l'hôpital, c'est un peu être pris pour un con.

Charles Jeleff, médecin urgentiste

Extrait du débadoc "soigner demain"

Des soignants qui ne sont plus ancrés sur un territoire

C'est aussi une génération très mobile. Donc, plus difficile à fidéliser.

Depuis 2019, les étudiants infirmiers sont sélectionnés via Parcoursup. Plus par un concours organisé au niveau régional. Le recrutement était alors principalement sur le département de la Seine-Maritime ou de l'Eure. Avec les nouvelles modalités d'inscription, on accueille aussi des étudiants d'autres territoires, de toute la France, qui soit demandent une mutation avant la fin de leur formation ou rejoignent leur territoire à la fin de leur formation.

Florence Levasseur, directrice de l'IFSI - IFAS de Dieppe

Extrait du débadoc "Soigner demain"

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Une émission présentée par Antoine Oricelli ©France 3 Normandie

Les déserts médicaux, et après ?

Aujourd'hui, on le sait, la Normandie est touchée par la désertification médicale. Dans la zone de Cherbourg, il y aurait 10 000 personnes sans médecin traitant. Du côté du Havre, 15 000. Dans l'Orne, 12 000. Ce département a perdu plus de 80 médecins en 10 ans.

L'Eure est le département français le plus mal classé en terme de densité de médecins. Le département compte trois fois moins de généralistes que dans les Alpes-de-Haute-Provence.

  • Marie-Lyne Vagner, maire de Bernay et conseillère départementale de l'Eure :

"Pour y remédier, le conseil départemental de l'Eure a voté le plan ambition santé 2023-2028 : plus de deux millions d'euros par an pour agir sur l'offre de santé."

Avec le Médicobus qui sera déployé dans tout le territoire, les cabines ophtalmologiques pour les téléconsultations, l'aide financière pour l'installation des médecins, le centre de santé qui sera adossé à l'hôpital La Musse à Évreux avec des médecins salariés, les assistants médicaux pour les cabinets de ville, les infirmières en pratique avancée...

Marie-Lyne Vagner, maire de Bernay

Extrait du débadoc "soigner demain"

Également présentes sur notre plateau, Marie Gainville, étudiante infirmière de troisième année et Charlotte Vain, étudiante aide-soignante à l'IFSI - IFAS de Dieppe.

Le débadoc "soigner demain" est à découvrir ce jeudi 6 avril 2023 à 23h40.

Rediffusion le jeudi 13 avril à 9h05.

Et bien sûr, quand vous voulez sur notre site internet.

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