Les températures baissent et leur colère grimpe. Des locataires d'Elbeuf et de Caudebec-les-Elbeuf en Seine-Maritime interpellent leur bailleur social. Les températures des appartements ne dépassent pas toujours les 15 ou 17° alors que l'hiver est particulièrement froid.
"Tous les hivers je suis malade et les enfants aussi" nous confie cette mère de famille qui envisage de déménager de son appartement situé dans le quartier du Puchot à Elbeuf. Excédée et épuisée par six années passées dans ce logement humide et mal chauffé. "Je me couvre avec des couvertures grosses et chaudes", nous explique sa petite fille, "parfois maman met la couverture dans le sèche linge pour que j'ai chaud le soir".
La petite famille a installé des matelas dans le salon, seule pièce où la température est agréable en raison de la présence d'un chauffage d'appoint au pétrole. La papier peint se décolle sur les murs de l'appartement, et le plafond de la salle de bain est noirci par les moisissures.
Audrey a pourtant alerté son bailleur social, EBS Habitat, à maintes reprises. Plus d'une fois promesse lui a été faite d'envoyer quelqu'un relever les températures. Après des années de démarches vaines, un agent est finalement venu chez elle il y a quelques jours pour prendre la mesure de la situation. Cet appartement HLM de la rue Anatole France est chauffé par une pompe à chaleur collective et un chauffage au sol.
J'ai trois enfants asthmatiques, mon fils a une otite et tousse. Au prix où l'on paye le loyer et les charges, ce serait bien de vivre dans un appartement décent. Tout ça pour vivre dans un appartement avec de l'humidité, pas de chauffage et sans isolation
Audrey, locataire d'un appartement géré par EBS Habitat au Puchot à Elbeuf
Audrey se désole d'avoir dû batailler de longues années pour que sa situation ne s'améliore toujours pas, alors que le moindre retard de paiement de charges se solde par des menaces d'huissier.
Pour le bailleur, "19° ça nécessite de se couvrir"
Interpellé, Olivier Colange le directeur d'EBS Habitat, le bailleur social, avance une série d'arguments pour expliquer la situation. "Il y a plusieurs choses : d'abord une directive gouvernementale par rapport aux économies d'énergie, on est donc moins souples que les années passées sur les températures que l'on demande à nos chauffagistes. On est à 19° en journée et entre 17 et 19 la nuit. Ce qui n'empêche pas qu'on observe des défauts sur certaines de nos résidences. Mais c'est vrai, 19° ça nécessite de se couvrir, ce n'est pas la température qu'on avait dans les appartements il y a quelques années. A chaque fois qu'on nous signale un défaut, on fait intervenir un chauffagiste qui vient vérifier et pose des sondes".
Le directeur d'EBS Habitat reconnait néanmoins que le chauffage collectif n'est pas toujours à la température souhaitée, et qu'en fonction de l'exposition des pièces, la chaleur peut varier. Il reconnait aussi que les menuiseries des appartements ont besoin d'être changées.
Les locataires responsables de l'humidité ?
Quant à l'humidité de certains logements dont celui d'Audrey et sa famille, Olivier Colange l'explique en partie par l'humidité générée par l'utilisation du poêle à pétrole, ou par les systèmes de ventilation, bouchés pour éviter au froid de s'immiscer. Ce qui serait contre productif. Les locataires ont froid et se débrouillent pour se réchauffer, mais seraient alors responsables de la condensation ? Des propos pas faciles à entendre pour les locataires qui grelottent.
EBS Habitat s'est engagé dans un programme de rénovation thermique de 900 logements situés dans le centre ville d'Elbeuf. Le directeur rappelle aussi qu'ils se sont engagés dans un plan de sobriété énergétique, et que mettre davantage de chauffage, ce sont des charges en plus qui vont peser sur les locataires. Entre la peste et le choléra...
