En marge des commémorations de l'Armistice du 11 novembre 1918, qui a marqué la fin de la Première guerre mondiale, l'association Overlord 76 a présenté, à Rives-en-Seine (Seine-Maritime), sa reconstitution d'une tranchée. Une manière pédagogique d'entretenir la mémoire des Poilus.
À Rives-en-Seine, ce lundi 11 novembre 2024 a une résonance toute particulière. En marge des commémorations et du traditionnel dépôt de gerbe au pied des monuments aux morts de Villequiers, Caudebec-en-Caux et Saint-Wandrille-Rançon, les habitants peuvent découvrir la reproduction d'une tranchée de la Grande Guerre.
Les bénévoles de l'association Overlord 76, à l'origine de ce projet, se sont même costumés - l'un d'eux, Édouard Claye, un trentenaire passionné, nous montre fièrement sa vareuse datant de 1915, une pièce rare.
L'objectif de cette fidèle mise en situation : sensibiliser au mieux le public à l'enfer des tranchées et documenter les conditions de vie, ou plutôt de survie, des "Poilus".
Boue, rats, poux... L'intolérable quotidien des Poilus
Coulées de boue, rats, poux, maladies, alcool pour tenter d'oublier le quotidien et de surmonter la perte et la douleur... Les Poilus vivent dans des conditions effroyables.
Les odeurs de crasse et de corps en putréfaction les accompagnent. Le bruit est omniprésent. Sur place, il n'y a bien sûr pas de lits, simplement quelques rares recoins pour s'asseoir ou éventuellement dormir.
Le public venu ce lundi est multigénérationnel. Car la tranchée intrigue. "On avait quand même eu une sacrée base avec nos cours d'Histoire, mais ils remontent à un certain temps, relève Violette Allouchery, venue la découvrir. On oublie certaines choses, notamment le retour difficile à la vie civile après ces quatre années d'horreur. La reconstitution est vraiment très bien faite, c'est appréciable pour nous comme pour les générations futures."
Regardez ce reportage de F. Nicolas et S. Gérain :
Un outil pédagogique
Membre de l'association Overlord 76 et passionné d'histoire, Joël Anceaux a créé cette reproduction en 2014, en Champagne, sa région d'origine. Il l'a d'abord imaginée temporaire. Mais lorsqu'il l'amène en Normandie, où sa belle-sœur est institutrice, elle attire l'attention d'une sénatrice.
Séduite par ce travail minutieux, elle propose à Joël Anceaux d'organiser son stockage dans la région. Vouée à la destruction, la tranchée plus vraie que nature est ainsi conservée. Elle devient itinérante en 2018 et est exposée de ville en ville... Toujours en Normandie.
L'outil est, selon le collectionneur, très efficace sur les plus jeunes. "C'est un outil itinérant, qui a l'avantage pour les enfants de ne pas être rébarbatif par de grands textes à lire et à assimiler, explique-t-il. Le deuxième avantage, c'est de pouvoir toucher les objets. Quand on a ce contact, on est beaucoup plus concerné, beaucoup plus intéressé."
1,4 million de morts, quatre millions de blessés
Entre 1914 et 1918, plus de huit millions de soldats et marins français sont mobilisés, dont 7% d'indigènes. On déplore au moins 1,4 million de soldats morts, beaucoup dans ces tranchées. D'autres rentrent chez eux blessés, défigurés même. Ces graves séquelles physiques donnent à ces survivants le triste surnom de "gueules cassées".
En France, on compte alors quatre millions de blessés, dont près de 500 000 "gueules cassées". Ils souffrent de terribles plaies au visage, du nez aux yeux et aux oreilles, en passant par les maxillaires. Beaucoup sont soignés à l'hôpital de Lyon, qui devient un pionnier dans la chirurgie maxillo-faciale.
Découvrez le dossier sur les gueules cassées, préparé par nos confrères de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes :
Si vous l'avez manquée, notez que cette reconstitution de tranchée peut encore être visitée ce mardi 12 novembre dans la salle communale de Caudebec-en-Caux.