Elles représentent une famille sur 4 en France. Un peu moins dans l’Eure, un peu plus en Seine Maritime. Le plus souvent, ce sont des mamans qui élèvent seules leurs enfants. Un quotidien pas évident; Amélie et Ludivine, deux trentenaires, deux mamans solos, nous racontent les épreuves qu’elles ont traversées.
Tous les jours à 16h30, Ludivine récupère sa fille à l'école. "Quand on est maman solo, la famille qui est loin... il faut savoir jongler !" De son côté, Amélie est déjà à la maison avec ses deux garçons. "C'est sportif ! Quand il y en a un qui dit non, le deuxième aussi". Un rythme intense qu'elles ont appris à gérer. "Quand ils grandissent, c'est un peu plus simple", lance Amélie. "C'est que du bonheur d'être à la sortie de l'école, prendre le goûter, préparer un bon petit repas", ajoute Ludivine.
Mais ça n'a pas toujours été que du bonheur. Ludivine a 32 ans. Séparée du papa depuis 6 ans, elle vit avec sa fille de 8 ans et demi. "C'est l'une des expériences les plus compliquées dans la vie. On n'est jamais prêt à élever un enfant seule." Dans son atelier à Fécamp, elle crée, donne des cours et dans quelques jours, elle animera un atelier sur la parentalité avec la créative Amélie. A 35 ans, cette maman de deux enfants de 8 et 5 ans est consultante en parentalité. Une formation qui l'a beaucoup aidée pour gérer les moments tendus.
Séparée du papa depuis 3 ans, elle fonctionne en garde alternée. "Ca a été compliqué au début pour les enfants. Il y a eu beaucoup de crises, de larmes au moment de la séparation. L'aîné voulait beaucoup rester avec son papa pour qu'il ne soit pas seul. Petit à petit ça s'est apaisé et tout est devenu fluide. Mais au début ce n'est pas évident, il faut apprendre à tout gérer seule."
Le matin, par exemple, arriver à l’heure à l’école, ou sur un lieu de travail, ça peut être compliqué. Est-ce qu’on va s’en sortir, le stress financier... Là ça fait 3 ans et j’ai déménagé 3 fois. On avait une maison à nous avec jardin. Quand on s'est séparés j’ai pris un appartement avec une chambre pour 3.
Amélie, maman solo
Les familles monoparentales sont particulièrement exposées aux situations de précarité. "Pour moi ça a été très compliqué car j'étais très dépendante de mon mari. Je n'avais pas de revenus. Au début j'ai enchaîné les petits boulots... travail en usine, cantine. Passionné par la créativité, je me suis lancée dans la poterie avec une formation de deux ans", raconte Ludivine.
En plus des 700€ que lui rapportait cette formation, Ludivine touchait 115 euros de pension alimentaire. Soit 815€ par mois, pour elle et pour sa fille.
Il faut bien calculer le budget car on est vite à découvert. J'ai dû aller aux Restos du cœur. Etant seule avec ma fille, étant en formation et en difficultés financières, on me prenait pour une "bohème cassos", ce sont des mots que j'ai entendus... C'était très compliqué.
Ludivine, maman solo
"Ce qu'on vit, c'est la vie de plein de mamans de nos jours. Et on ne s'en sort pas si mal. On a réussi plein de choses ! On aurait pu dériver. Moi ce qui m'a aidée c'est ma fille, mon enfant.", poursuit Ludivine.
Aujourd'hui, Amélie et Ludivine sont deux entrepreneuses épanouies et accomplies. Leurs maux ont pris fin. Alors pour les autres mamas solos en difficultés, Amélie a un message : "Effectivement il y a des moments difficiles, des passages à vide. Mais ça passe. Il ne faut surtout pas hésiter à dire que c'est difficile, il ne faut surtout pas avoir honte de cela. On trouve son rythme au fil du temps."
Les familles monoparentales de plus en plus nombreuses
L’angoisse et le stress proviennent bien souvent des difficultés financières. Dans les chiffres, on constate que les familles monoparentales sont dans le rouge dans pas mal de catégories. Analyses :
En France, on divise les familles en 3 types : traditionnelles, recomposées et monoparentales. Ces dernières sont les seules dont la part augmente. Il y en a de plus en plus, on en compte plus de 2 millions en France selon les derniers chiffres en 2020.
Dans 80% du temps, ce sont essentiellement une maman et ses enfants et bien souvent, leurs conditions de vie sont difficiles. Selon les statistiques, les familles monoparentales sont plus vulnérables que d'autres. Elles rentrent dans la plupart des cases indiquant une situation précaire. Par exemple, dans un tiers des familles monoparentales, le parent n'a pas d'emploi car il est difficile de travailler avec des enfants à gérer seul(e). Et même s’il y a un emploi, rappelons que les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes.
Conséquence : 41% des enfants vivant en familles monoparentales sont en dessous du seuil de pauvreté. C’est deux fois plus que dans les familles traditionnelles !
Autre constat, le surendettement : la séparation d'un couple accentue le surendettement selon la Banque de France. Enfin, si une famille traditionnelle sur dix est dans un logement surpeuplé, cela concerne une famille monoparentale sur trois.
Le Secours Populaire de la Seine Maritime nous a indiqué qu’une famille aidée sur trois est monoparentale. Parmi les aides, l’association organise des séjours vacances en pension complète, pour leur permettre de se reposer. Il y a aussi des aides financières pour les factures, le loyer, l’énergie. L'inflation que nous connaissons tous touche de plein fouet les papas et les mamans solos.