Depuis plusieurs années, des communes de l'agglomération rouennaise expérimentent l'extinction de l'éclairage public la nuit. Certaines, à l'image de Grand-Quevilly (Seine-Maritime), font le choix de rallumer la lumière. On vous explique pourquoi.
Depuis le mois de novembre 2022, les rues du Grand-Quevilly (Seine-Maritime) étaient totalement plongées dans le noir entre 0h30 et 4h30. La municipalité menait une expérimentation pour tenter de faire des économies d'énergie. Le maire a pris la décision d'y mettre fin.
Retour de la lumière dès les vacances de la Toussaint
"Quand je vais rentrer le soir après minuit, ce sera plus agréable", réagit une habitante après l'annonce du retour de la lumière au cœur de la nuit. Depuis deux ans, les habitants de cette ville de l'agglomération rouennaise étaient divisés sur cette expérimentation. Les uns défendant les économies d'énergie et la fin de la pollution lumineuse, les autres regrettant le sentiment d'insécurité que peut créer la pénombre.
Après deux ans de test, le maire de la commune Nicolas Rouly (PS) a tranché. "L'extinction n'était pas une fin en soi [...] aujourd'hui, le constat, c'est que le prix de l'électricité a baissé et un tiers de nos luminaires sont équipés de leds. Il est maintenant possible de rallumer et nous allons le faire", annonce-t-il.
Depuis le mois de novembre 2022, la facture d’électricité a diminué de 400 000 euros grâce à l'extinction et à l'installation de lampadaires moins gourmands en électricité. Un argument insuffisant pour convaincre les habitants, parfois peu rassurés : "j'ai assisté à un vol de voiture en pleine nuit", se souvient l'une d'entre elle.
"L'éclairage ne suffit pas à empêcher les infractions"
Dans un courrier adressé aux habitants de Grand-Quevilly, l'édile a cependant rappelé que "l’éclairage ne suffit pas à empêcher les infractions". "Elles surviennent même plus souvent en journée que la nuit."
"Pour autant, vous êtes nombreux à témoigner de l’inconfort généré par l’extinction totale. [...] En outre, 2024 est marquée par une vague de vols et dégradations de voitures, qui n’est pas propre à Grand-Quevilly mais nous touche particulièrement car chez nous le stationnement se fait beaucoup dans l’espace public."
Nicolas Rouly a précisé poursuivre un vaste plan d'action destiné à lutter contre l'insécurité : "après le déploiement de l’application UMAY (sécurisation des trajets à pieds), celui du dispositif Voisins Vigilants & Solidaires est imminent; notre réseau de vidéoprotection sera bientôt raccordé au commissariat central de Rouen, qui pourra ainsi accéder aux images en direct, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7", a-t-il notammment listé.
À Bihorel, bientôt la même décision ?
Dans cette autre commune voisine de Rouen, l'éclairage public est interrompu entre 0h30 et 5h30 depuis le 16 décembre 2022. Avec les lampadaires allumés, "on a besoin de se rassurer", estime Nathalie Lecordier, la maire (DVC) de Bihorel. "La lumière permet de rassurer les passants et d'effrayer ceux qui veulent commettre des délits sur notre commune", poursuit-elle.
En 2022, la municipalité de Bihorel soulignait que l'extinction des lampadaires au cœur de la nuit permettait une baisse de 38% de la consommation énergétique de la commune.