Après 53 ans d'activité, la centrale à charbon du Havre éteint ses cheminées

Inauguré en 1968, la centrale thermique était l'une des dernières en marche en France. Sa fermeture avait été annoncée dans le cadre de la loi climat et énergie adoptée à l'Assemblée Nationale en novembre 2019. La dernière tranche de production avait été rénovée en 2014.

 

C'est une page d'histoire qui se tourne pour les Havrais. Désormais, il ne sera plus possible d'apercevoir la fumée sortant des cheminées de la centrale à charbon depuis les hauteurs de la ville océane. Le 31 mars 2021 marque la mise à l'arrêt définitif de la centrale. Jusque-là, 220 tonnes de charbon y brulaient quotidiennement.

160 salariés à reclasser

Réunis sur le site de l'entreprise appartenant à EDF à quelques heures de la fermeture de la centrale, les 160 salariés déplorent la fermeture de leur outil de travail. "Ça fait mal au ventre. Quand j'ai commencé à y travailler je pensais qu'après moi il y aurait encore de la vie sur le site.", commente amèrement Jérôme Lecointre, ingénieur projet et représentant syndical CFE UNSA Energies.

Le nettoyage et le démantèlement de la centrale devrait prendre une dizaine d'années. Plusieurs dizaines de salariés resteront donc encore quelques temps sur le site pour y contribuer. Les autres doivent être reclassés par EDF. Si la moitié est en passe d'avoir trouvé un avenir professionnel, d'autres, comme Florian Roger, technicien d'exploitation, demeure dans l'incertitude. "Mon métier est très technique. Je ne sais faire que ça. Cela fait deux ans que je travaille sur un projet professionnel sans que rien n'avance", se désepère-t-il.

"La fermeture de la centrale est incompréhensible"

"C'est un gâchis économique, social et environnemental. On voit le mal-être dans les familles des agents. Financièrement des investissements avaient été fait pour prolonger sa durée de vie. Et écologiquement, cette centrale est l'une des moins polluantes d'Europe. Si en plus on est obligé d'importer de l'énergie d'ailleurs où les normes environnementales sont moins élevées, la fermeture de la centrale est incompréhensible. ", expose Guillaume Argentin, secrétaire CGT du CSSCT (Comité santé, de sécurité et des conditions de travail) de la centrale.

Une fermeture "nécessaire" pour la secrétaire d'Etat à la transition écologique

Pourtant, la fermeture de la centrale thermique répond bien à un enjeu écologique. L'objectif du gouvernement est de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone à l'échelle nationale en 2050. Aujourd'hui le charbon représente 30% des émissions de gaz à effet de serre du secteur électrique français alors qu'il ne fournit que 2% de la consommation électrique française.



"Cette fermeture est nécessaire, la centrale est très polluante et il n'était pas possible de la reconvertir. Pour accompagner cette fermeture l'Etat met 420 millions d'euros sur la table.", expliquait Emmanuel Wargon, secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, au moment de sa visite de la centrale en janvier 2020. En Seine-Maritime, le parc éolien de Fécamp doit permettre en partie de compenser la fermeture de la centrale et équilibre le mix énergétique national. L'usine Siemens Gamesa, en cours de construction sur le port quai Joannès-Couvert aussi.

"Les centrales thermiques sont utiles à l'équilibre du réseau électrique français. Celle-ci pouvait même se verdir. Les consommateurs français vont payer l'addition.  regrette de son côté le député (PC) de Seine-Maritime.

Je ne comprends pas pourquoi le maire du Havre n'a pas accepté de se mobiliser pour garder cet outil industriel."

Jean-Paul Lecoq,
député (PCF) de Seine-Maritime.

Après la fermeture de la centrale à charbon du Havre, il en restera trois en France:  à Cordemais (Loire-Atlantique), Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Saint-Avold (Moselle). Ces dernières doivent être mise en l'arrêt d'ici 2022.

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