Après l'annonce de François de Rugy (le ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie) de la volonté de fermer les centrales au charbon, dont celle du Havre, un rapport de RTE (réseau de transport d'électricité) détaille les scénarios possibles
Ses deux cheminées (visibles de Deauville et d'une grande partie des plages de la Côte Fleurie) s'élèvent en bordure de l'estuaire de la Seine et font partie de la signature visuelle du Havre, comme la tour de l'église Saint-Joseph.
En de début avril 2019, l'avenir de la centrale électrique du Havre est une nouvelle fois menacé. Fonctionnant au charbon, ce site est défendu depuis ces dernières années par les syndicats des salariés de la centrale et les élus locaux pour sauver le millier d'emplois (induits) du site.
Des projets de modernisation, et plus récemment, de transformation en centrale à "biomasse" étaient à l'étude. Sur le plan politique, les élus locaux sont tous unis et mobilisés contre la fermeture du site Havrais.
Décision politique
La décision d'une fermeture revient au Gouvernement. Et lundi dernier (1er avril 2019), sur l'antenne de Public Sénat, François de Rugy, le ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie a annoncé la fermeture des centrales thermiques françaises qui produisent de l'électricité en brûlant du charbon. A la question du "comment" et du "quand" le ministre a répondu à nos confrères en expliquant que :RTE (le réseau de transport de l’électricité) qui est autonome, qui est notre expert en matière de sécurité d’approvisionnement des Français en électricité, publiera son rapport que je lui ai commandé pour justement savoir quel était le chemin possible d’ici 2022 pour fermer les centrales à charbon.
Un rapport et des scénarios
Selon quelles modalités ? Et dans quel contexte une fermeture de la centrale thermique havraise est-elle possible ? Réponse hier (mercredi 3 avril 2019), avec la publication par RTE d'un rapport intitulé "Analyses complémentaires sur l'équilibre offre demande d'électricité en France sur la période 2019-2023".Dans son document RTE précise les différents scénarios d'alimentation en électricité du territoire français dans les prochaines années et confirme la fermeture des centrales au charbon. Le cas de celle du Havre est décrit dans un paragraphe de l' "Analyse complémentaire régionale sur la zone du grand ouest" et le titre est clair :
On apprend d'abord que c'est la centrale thermique au charbon de Cordemais, située en amont de Saint-Nazaire, dans le département de la Loire-Atlantique, qui a été choisie comme site stratégique et qui sera maintenue en activité ("maintien en disponibilité") et "convertie à la biomasse" avec des durées de fonctionnement "très réduites".La centrale du Havre peut être fermée d'ici 2022 dans le respect du critère
Par ailleurs, un accompagnement des salariés lors de l'arrêt du charbon a été évoqué par François de Rugy, le ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie :
Fermeture des centrales à charbon : « On ne veut pas que des gens restent sur le carreau », assure de Rugy | Public Senat https://t.co/C13qvTMjol
— Wilfried DENOIZAY (@Energie_cvous) 2 avril 2019
Quant à la centrale du Havre, les experts de RTE se projettent sur la mise en service de l'EPR de Flamanville et d'une nouvelle organisation, plus sûre, de l'alimentation en électricité du quart nord-ouest de la France. Et dans cette perspective, le couperet tombe :
Le rapport évoque bien sûr le cas d'un retard, notamment de la mise en service de l'EPR, mais confirme que seule la centrale de Cordemais doit être privilégiée au détriment de celle du Havre, dont le "service apparaît très inférieur et pas indispensable".Le maintien à terme de la centrale du Havre n’est pas nécessaire pour des raisons de tenue de tension.
Cette fermeture de la centrale au charbon du Havre projetée par RTE reposant sur "l'unique critère des besoins du système électrique".
Sans attendre les réactions des salariés, syndicats et élus havrais, on peut déjà imaginer que cet "unique critère" va créer quelques étincelles dans les prochains jours…
1/2 Les analyses de @rte_france st claires. Le maintien de la centrale à charbon EDf du #Havre n’est pas nécessaire pr satisfaire l’équilibre en électricité de notre territoire. @FdeRugy a confirmé, comme annoncé depuis des mois, la volonté du Gvt de fermer les centrales. pic.twitter.com/6HmYO1PHi9
— Agnes Firmin Le Bodo (@agnesfirmin) 3 avril 2019
2/2 #lehavre #edf
— Agnes Firmin Le Bodo (@agnesfirmin) 3 avril 2019
Il est donc urgent de se tourner vers les énergies nouvelles , d’accompagner la reconversion des personnels et du site . La signature d’un contrat de transition écologique est attendue. #eolienoffshore #eolienenmer #transition @Haropaports @LeHavreMetro pic.twitter.com/1igpAcFqeu
Comme @paris_normandie j’ai lu le rapport de RTE publié hier sur la production électrique. Le devenir de la centrale thermique du Havre n’est envisagé que sur un plan comptable. Rien sur le projet industriel, rien sur la production de chaleur, rien sur la transition écologique...
— Hubert de La Batie (@HdeLaBatie) 4 avril 2019
Le rapport de RTE dans son intégralité (pdf) ⇒
Extrait du document de RTE
"La centrale du Havre peut être fermée d’ici 2022 dans le respect du critère"Dans l’hypothèse où ni l’EPR, ni la centrale de Landivisiau ne seraient présents à horizon 2022, le maintien ou la conversion à la biomasse du groupe charbon du Havre pourrait également apporter un service pour la tenue de tension du Grand Ouest. Néanmoins, ce service apparaît :
- très inférieur à celui obtenu avec la même puissance localisée à Cordemais ;
- pas indispensable dès lors que les solutions de sécurisation précitées (EPR de Flamanville et CCG de Landivisiau en service, ou maintien transitoire de la centrale de Cordemais) sont activées.