La crise économique issue de la pandémie du Covid-19 a touché tous les secteurs du deuxième port français. Conséquence de 50 jours de confinement et de la chute du trafic : Le Havre doit faire face à une vive concurrence entre les ports européens pour attirer les escales des gros porte-conteneurs
Le port du Havre, premier port de France pour les conteneurs, a été touché par la crise du Coronavirus. Et même si, dès le début du confinement (il y a plus de 50 jours), tous les acteurs portuaires se sont mobilisés et organisés pour maintenir 24 h / 24 les terminaux ouverts à tous les bateaux, cette mobilisation n'a pas empêché l'inéluctable chute du trafic.
L'offre chinoise, tout comme la demande européenne, ont fortement baissé avec la mise sous cloche de la moitié de la planète.
Trafic restreint
Avec 165 escales de moins en avril 2020 (par rapport à avril 2019), cette baisse brutale de l'activité portuaire du Havre concerne tous les secteurs. Côté passagers : pas une escale de paquebot de croisière depuis deux mois, un trafic transmanche interrompu et des car-ferries bloqués à quai.Le terminal roulier est saturé et les voitures neuves s'y entassent, en attendant la reprise des ventes.
Mais c'est le trafic des conteneurs qui inquiète le plus avec un recul de 30% Ce ralentissement de l'activité a eu des conséquences sur l'emploi des dockers de Port 2000 mais aussi sur toutes les entreprises de logistique et d'import-export de la région havraise.
J'espère que le choc n'est pas devant nous avec un mois de mai qui s'annonce un petit peu plus difficile en terme d'activité, à la fois sur l'import avec des usines asiatiques (notamment en Chine) qui reprennent doucement, et des clients qui ont mis leur commande en stand-by ; et à l'export j'ai peur que l'axe Etats-Unis soit perturbé encore quelque temps…
- Paul Bernard, directeur de Normandie Bolloré Logistics
Conserver la place du Havre face aux concurrents des ports du Nord
Garder les escales des très gros portes-conteneurs est primordial pour Le Havre. Le service commercial du port reste optimiste pour l'avenir en mettant en avant le potentiel des installations de Port 2000, capables d'accueillir les grands navires de dernière génération. Il travaille avec les armateurs et continue de prospecter pour de nouvelles escales. Mais cette crise du Coronavirus (qui s'ajoute aux opérations "port mort" de janvier), risque de fragiliser la position du port du Havre sur le marché international, notamment face aux concurrents des grands ports du Nord, hollandais et belges :Il va falloir que l'escale du Havre, en termes de droits de port, ne soit pas plus chère que l'escale à Anvers. Et là on aura besoin d'un accompagnement du gouvernement. Il faut qu'on soit crédible !
Si on laisse partir les bateaux à Anvers, ce ne sera pas récupérable rapidement…
- Véronique Lépine, présidente du groupement des armateurs havrais GHAAM