"C’est vraiment étonnant, presque incroyable !" Une nouvelle espèce de dinosaure carnivore, unique au monde, découverte en Normandie

Après plusieurs mois de recherches suite à la découverte de fossiles en Seine-Maritime, une nouvelle espèce de dinosaure est référencée : le Caletodraco cottardi.

Au pied des falaises de Saint-Jouin-Bruneval, près du Havre (Seine-Maritime), une première découverte a lieu en 2021, puis une deuxième en 2023. Deux blocs de craies contenant un trésor… Nicolas Cottard, le découvreur, ne le sait pas encore mais il a entre les mains des fossiles d’un dinosaure encore jamais identifié.

Un "dragon du pays de Caux" de plus d’une tonne

La mission se poursuit avec le paléontologue Éric Buffetaut, directeur de recherche émérite au CNRS (Centre national de la recherche scientifique).

Étude du bassin, des vertèbres ou encore des dents, le scientifique procède par élimination pour se rendre à l’évidence, les ossements correspondent bien à un dinosaure avec notamment "une dent typique de dinosaure avec des crénelures pour couper la chair de ses victimes", décrit-il.

Après plus d’un an de travail, Éric Buffetaut identifie une toute nouvelle espèce de dinosaure, ressemblant beaucoup aux abélisauridés, carnivores originaires du Brésil ou d’Argentine à quelques différences près notamment la forme des vertèbres. "Par exemple il y a une vertèbre qui a une protubérance en forme de faucille, forme qui ne ressemble à rien d’écrit jusqu’à maintenant, élucide le paléontologue. C’est vraiment étonnant, presque incroyable !"

Des "bras minuscules"

Même si le squelette n’est pas entier, les éléments retrouvés permettent d’identifier un bipède aux "bras minuscules, bien plus réduits qu’un T-Rex", détaille Éric Buffetaud, mesurant environ six mètres de long et pesant probablement plus d’une tonne.

La taille et la longueur de son bassin permettent de le comparer au carnotaurus, dont un moulage existe au muséum de Paris, mais l’absence de son crâne dans les ossements empêche de savoir si l’animal était cornu.

Avalé par un requin ?

Une dent de requin retrouvée dans un des blocs suppose que le dinosaure ait été avalé par un requin. Rappelons qu’une grande partie de la Normandie était encore sous l’eau à l’âge Cénomanien du Crétacé supérieur.

Ce dragon du pays de Caux serait ainsi âgé de quelque 100 millions d’années ! Ce nouveau dinosaure a été baptisé Caletodraco cottardi, signifiant dragon des Calètes (ancienne tribu du Pays de Caux) de Cottard (du nom de son découvreur Nicolas Cottard).

Une réplique en 3D au muséum du Havre ?

Reste à éclaircir un mystère… Que faisait un dinosaure au morphotype d’Amérique du Sud en Europe ? Il est malheureusement impossible de dégager les os de la pierre sans les abîmer. Pour en savoir plus, l’équipe de chercheurs du CNRS espère pouvoir faire scanner les blocs à l’ESRF de Grenoble (installation européenne de rayonnement synchrotron).

La structure dispose d’une technologie utilisant des rayons X extrêmement puissants pour obtenir des images 3D et pourquoi pas permettre de reproduire des modèles en plastiques grâce à une imprimante 3D.

Les ossements ont été confiés au muséum du Havre par son découvreur Nicolas Cottard. L’établissement fait actuellement peau neuve et espère rouvrir au public à la fin de l’année 2025. Reste à savoir si le public pourra faire connaissance avec le Caletodraco cottardi et sous quelle forme.

Pour en savoir plus, l'étude complète du docteur Eric Buffetaut et son équipe a été publiée en ligne (en anglais) par le journal Fossil Studies.