Coronavirus et Confinement total-TEMOIGNAGE : Une havraise qui vit en Italie raconte 7 jours cloîtrée en chaussons

Il faut se réinventer un quotidien, et gérer les moments d'angoisse. Vivre totalement confiné chez soi? Les italiens ont 7 jours d'avance sur nous. Anaïs, 26 ans, originaire du Havre, nous raconte sa vie dans la région de Molise : pas de vie sociale réelle mais...virtuelle- avec des apéros-Skype !

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Anaïs a  26 ans. Elle a quitté  l'an dernier, Le Havre, sa Normandie natale, sa famille, ses parents et ses amis pour rejoindre l'homme de sa vie, dans le sud de l'Italie. Et puis le Coronavirus est arrivé.
Depuis une semaine, elle vit confinée dans son petit 2 pièces, son "nid d'amour". 7 jours sans sortir, sans fête avec les amis, et aucune visite, aucun autre contact direct que son petit ami qui vit avec elle.


La vie en chaussons et en wifi


Depuis le 9 mars, elle vit dans un rythme hors du temps : son homme est en télétravail, et elle ne va plus vraiment travailler (elle reprendra plus tard les petits boulots). Avec eux, le chien Marley qui attend patiemment les petits tours dehors.
"On a plus du tout le droit de sortir depuis le 9 mars, juste pour faire ses courses. Par contre, évidemment, on a le droit de sortir son chien", raconte Anais, branchée à son application Instagram et sa fonction caméra qui lui permet de parler à un visage connu, via l'écran. Plus sympa que le seul téléphone.
 
 

La sortie du chien c'est devenu le seul moyen de prendre un peu l'air et marcher sans se faire remarquer. On a même tendance à le sortir 10 fois par jour au-lieu de 5. On en rigole entre copains: les chiens n'en peuvent plus de sortir !!! 


Pour le reste c'est chausson et vie tranquille à la maison. "Il faut se motiver et ne pas trop penser sinon on perd le moral. D'ailleurs parfois, on angoisse sur l'avenir. Il y a des grands moments de peur, faut pas se le cacher.  Quand c'est comme ça, on coupe la télé. Notre seul moyen de s'informer c'est internet. Les infos, du coup, on les choisit et on ne subit pas les mauvaises nouvelles. Ce que je voudrais savoir par exemple aujourd'hui, c'est où en est la recherche sur le Coronavirus? Elle a avancé ces derniers jours ? Le reste, le nombre de décès, etc... pas trop"
 

Cuisine et petit plats de chef ! 


On se cuisine des petits plats. "Et c'est Samuele qui s'y colle! Des trucs qu'on improvise avec ce qu'on a dans le frigo". D'ailleurs, pendant notre conversation, Samuele s'approche de la caméra, les manches relevées. "J'étais en train de faire un gâteau. Un truc que j'avais jamais essayé", me raconte t-il avec grand sourire. Lui, qui d'habitude, est plutôt le maestro des "pasta al fruite del mare" ( les pâtes au fruits de mer).

On se fait de belles assiettes, et ça nous fait du bien. c'est la vie qui continue...

 
 

Les jeunes italiens se lancent des challenges sur internet

On l'a vu dans l'actualité,  parfois certains chantent aux fenêtres et "ça arrive partout, pas qu'à Rome ou en Lombardie. Dans mon village de montagne, on l'a testé aussi. C'est très fort."
 


"Comme on ne peut pas aller les uns chez les autres, on continue à vivre tous ensemble dans des groupes what's App ou à travers des photos "Story".

Par exemple, depuis quelques jours un #ciabattachallenge fait fureur dans sa Région du Sud de l'Italie, sur Instagram. "En gros, tu fais le concours de la photo du jour en chausson-pyjama. Tu fais la tienne et tu t'amuses à regarder les photos des autres."

Anaïs comprend que cette futilité peut paraître absurde quand on n'est pas enfermé du matin au soir, entre 4 murs.
Mais après sept journées qui se ressemblent, ces petites bouffées d'air venues de voisins qu'elle connait ou d'inconnus, c'est une connexion avec l'extérieur, presqu'indispensable.

 
 


Partager, et même si ce ne sont que des photos et des moments de vie confinée, c'est ça qui arrive à nous sauver. On a besoin de petites choses légères, de moments pour rire ( Anaïs, une havraise confinée en Italie) 

Des apéros entre copains virtuels


Un peu partout des apéros collectifs et virtuels  réunissent aussi les copains. "Le week-end dernier, alors que nous n'avons vu personne depuis des jours à l'appartement, on s'est réuni avec les copains habituels mais grâce à What'sApp". D'autres le font avec Skype. Suivant les réseaux sociaux, vous pouvez être à 4 ou à 6 en même temps dans la même conversation. "Chacun regardait, de chez soi, ce que grignotaient les autres. Et on a pu trinquer et discuter. C'était un moment fort."

Bref, une vie en confinement, c'est possible. D'autres le font, "Et sans sortir. Je n'ose même plus descendre dans la rue car il y a toujours quelqu'un qui te regarde de chez lui en se demandant ce que tu fais là. De jeunes ados qui n'obeïssent pas sont menacées d'amendes par les carabiniéri et le maire.  Non, il faut jouer le jeu, ne pas contaminer les autres et ne pas se faire contaminer."

D'ailleurs l'Italie au septième jour de confinement total, elle se dit qu'elle a peut-être bien fait : les chiffres parlent. "Le pic devrait du coup être atteind le 18 Mars, dans 2 ou 3 jours maxi, nous dit-on à la télé. On attend avec impatience." 
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