Bien que non reconnus comme prioritaires, les métiers du funéraire sont pourtant en première ligne, en contact direct avec les victimes du Covid-19…
Après le témoignage d'un pharmacien, d'une infirmière libérale, d'une auxiliaire de vie, d'une hôtesse de caisse en grande surface et d'un jeune commerçant, les journalistes havrais de la rédaction de France 3 Normandie sont allés recueillir celui d'un professionnel du funéraire.
La profession est discrète. Avec la crise sanitaire du Coronavirus elle s'est retrouvée en première ligne. Un changement auquel Fabien Pignoque a été contraint de s'adapter. Gérant d'une entreprise de pompes funèbres dans la région havraise (à Montivilliers et à Criquetot l'Esneval) il témoigne des difficultés rencontrées.
Mais là, dans cette crise inédite, et comme tous ses collègues il regrette que sa profession ne soit pas, comme les "soignants", considérée comme prioritaire pour se doter des indispensables équipements de protection.
"Dans notre entreprise il n'y a que trois personnes qui interviennent sur des décès Covid-19.
On est en première ligne : on a le contact avec les familles qui perdent un proche par le Covid-19, on intervient à domicile, en EHPAD, à l'hôpital, comme les soignants. On est vraiment comme des soignants. Mais pour l'équipement (combinaison, capuches, charlottes, sur-chaussures, gants, matériel de désinfection…) on se débrouille vraiment seul et j'ai des stocks pour à peine 8 jours.
Il s'avère que ça reste un budget conséquent pour l'entreprise parce que les prix ont flambé."
Aujourd'hui on ne fait pas partie des entreprises prioritaires.
Le 24 mars dernier un décret devait être signé par le Gouvernement, nous mettant sur cette liste. Seulement rien n'a été fait !
Aujourd'hui, toujours rien pour nous…
- Fabien Pignoque, gérant de l'entreprise de pompes funèbres Villamaux à Criquetot l'Esneval (Seine-Maritime), le 4 mai 2020
"Une fatigue morale"
A la difficulté de se retrouver au contact direct de victimes du Covid-19, se sont ajoutées les conséquences des mesures de confinement sur le déroulement des cérémonies funéraires.Pour nous c'est dur car ce n'est pas une fatigue physique mais une fatigue morale. Avant le 1er mai, impossibilité pour les familles de voir le défunt : il était tout de suite mis dans une housse mortuaire et fermeture du cercueil dans les 24 heures… Donc il n'y avait pas la possibilité de se recueillir.
C'est dur pour nous parce qu'on rajoute de la peine…
- Fabien Pignoque, gérant d'une entreprise de pompes funèbres
Des retransmissions vidéo en direct
Comme d'autres professionnels, cette entreprise normande s'est adaptée aux contraintes des mesures de confinement :"Les familles sont restreintes à n'avoir que 20 personnes à l'inhumation. Donc elles doivent choisir ces 20 personnes dans la famille. Pour multiplier le nombre de ces personnes qui accompagnent leurs défunts, j'ai mis en place un système de vidéo que je partage avec les familles sur des réseaux sociaux. Je pense aussi que ça les aide à dire au revoir.
Ils sont présents, malgré la distance, malgré un écran devant eux, mais ils peuvent dire au revoir…"