La police judiciaire a démantelé un réseau de proxénétisme de 7 salons de massage chinois proposant des prestations sexuelles tarifées, effectuées par des masseuses en situation irrégulière. L'un de ces salons est situé au Havre.
L'enquête est partie de la ville de Saint-Etienne. La police stéphanoise a reçu en août 2022 une lettre anonyme qui dénonce les pratiques d'un salon de massage de la ville. Le couple de gérants, de nationalité chinoise, est accusé de livrer leurs employées à de la prostitution.
Une enquête a été menée par la Sureté départementale de la Loire, un service de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) spécialisé dans l'investigation. Les filatures et les auditions des clients ont confirmés la dénonciation anonyme reçue.
"Une finition manuelle" proposée
Il s'avère que les clients masculins de l'établissement étaient invités à débourser quelques dizaines d'euros supplémentaire pour bénéficier d'une "finition manuelle" lors de leur massage, indique l'AFP. Cette prestation était uniquement proposée sur place lors du massage, jamais mentionnée par téléphone par exemple.
Les masseuses en situation irrégulière [...] enchaînent les prestations de 20 minutes, sept jour sur sept, tôt le matin jusqu'à tard le soir.
Elvire ArrighiCheffe de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains
L'enquête a révélée que le couple gérant de l'établissement de Saint-Etienne est également propriétaire d'au moins sept autres salons identifiés, dont l'un d'eux est situé au Havre. Les autres salons sont localisés à Saint-Etienne, Saint-Chamond (Loire), Lyon, Valence et à Chartres.
Ce réseau de proxénetisme a une organisation pyramidale, selon les investigations menées par la police judiciaire de Saint-Etienne et coordonnées avec l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) et le groupe interministériel de recherches (GIR) de Lyon.
Des masseuses en situation irrégulière
Ce réseau pyramidal est dirigé par le couple de gérants chinois installé en région parisienne puis coordonné par les gérantes des salons en région. Les masseuses livrées à la réalisation d'actes sexuels tarifés s'avèrent être en situation irrégulière sur le territoire français. Celles-ci "enchaînent les prestations de 20 minutes, sept jour sur sept, tôt le matin jusqu'à tard le soir", a expliqué Elvire Arrighi, la cheffe de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains à l'AFP.
Selon les estimations de la Police judiciaire, ce réseau pyramidal composé de plusieurs salons a généré un chiffre d'affaires d'environ 1,4 million d'euros. Les masseuses auditionnées ont affirmé, dans un discours jugé "très préparé" selon Elvire Arrighi,"qu'elles faisaient ça pour l'argent de poche et à l'insu de leurs patrons".
Un recours à la chirurgie esthétique encouragé
L'enquête montre également que le couple à la tête du réseau avait positionné des caméras à l'entrée des salons pour compter les clients et vérifier la présence des gérantes. Et selon Elvire Arrighi, la cheffe de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains, les masseuses qui n'étaient pas jugées "assez attrayantes" étaient par ailleurs "encouragées à faire de la chirurgie esthétique".
Suite à ces révélations, le couple et les intermédiaire du réseau, soit dix personnes, ont été mises en examen vendredi 16 juin, par un magistrat de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lyon. La femme du couple a depuis été placée en détention provisoire et les autres sous contrôle judiciaire.