C'est l'un des plus beaux panoramas du monde. Mais pour prendre leurs photos souvenirs, les visiteurs se rapprochent parfois trop près du bord de la falaise. La mairie d'Étretat a installé des barrières pour limiter les accidents.
Ce jour-là, la météo n’est pas très clémente. Mais la pluie n'arrête pas les visiteurs, nombreux sur la falaise donnant sur l'aiguille creuse. Et bien sûr, les touristes veulent prendre une photo souvenir. Afin d'avoir le meilleur cadre, il est parfois tentant de s’approcher du bord. Des panneaux informent des risques mais cela ne suffit pas. En 2022, trois personnes sont décédées en s’y aventurant.
La commune d'Etretat a donc installé deux kilomètres de clôtures depuis 6 mois. Un couple de vacanciers belges trouve l'initiative intéressante. "C'est une super bonne idée parce qu'il y a régulièrement des morts dans les falaises. Il y a souvent des accidents, des affaissements" explique Oriane. Et son compagnon Gaël de surrenchérir : "C'est bien de mettre des écriteaux. Mais si les gens ne sont pas conscients du réel danger que ça peut répresenter, le fait d'avoir des petites clôtures, c'est bien".
Valentin, touriste lillois ajoute : "ça n'empêche pas quelques téméraires qui vont aller au-delà des barrières comme toujours". Nous rencontrons bien quelques touristes passant par-dessus les clôtures, mais ils ne semblent pas inciter les autres marcheurs à les imiter.
"Assurer la sécurité de nos nombreux visiteurs"
C'est bien le triste bilan de trois morts tombés des falaises en 2022 qui a poussé la mairie à mettre en place un système de sécurisation. "C’est très positif. Nous n'avons aucun décès à déplorer depuis l’année dernière" confirme Joël Jacob, adjoint au maire d'Etretat. Mais poser des clôtures n'a pas été aussi simple qu'on l'imagine.
Nous sommes un site classé, aussi protégé par la loi Natura 2000. Il a fallu travailler avec nos différents interlocuteurs, comme le syndicat mixte de l'opération grands sites, la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, ou la Direction départementale des territoires et de la mer. On était pris par l'urgence et on a donc mis ces clôtures doubles provisoires.
Joël Jacob, adjoint au maire
L'adjoint au maire ne sait pas encore quand, mais les barrières seront remplacées à terme. "On envisage de mettre des clôtures plus douces, plus naturelles" confirme-t-il.
"Renaturer" les falaises
Le dispositif de sécurité se double d'un volet environnemental. Le bord de la falaise est piétiné par des milliers de touristes. L'herbe n'arrive plus à pousser. Alors empêcher les touristes de marcher n'importe où améliorera la biodiversité. "Le but serait de mettre les gens sur des sentiers bien définis avec des moyens techniques plus doux et plus jolis" explique l'élu.
Le projet est salué par Loïc, un touriste lyonnais : "ça permet de préserver l'écosystème. Ce critère-là est aussi important. Il faut que les touristes restent au même endroit et n'abîment pas la nature qui se trouve autours."
A l'instar des barriérages installés en 2020 à la Pointe du Hoc, haut-lieu du Débarquement de juin 1944, il faudra donc s’habituer à rester sur les sentiers étretatais balisés pendant que la nature, elle, reprend ses droits. Mais pas de quoi empêcher les visiteurs de profiter des lieux.