Depuis 20 ans, la centrale de Paluel est entourée par une zone naturelle. Bientôt, ce site de plusieurs dizaines d'hectares de nature sera ouvert au public. Mais la cohabitation entre les espaces naturels avec leur faune et leur faune est-elle vraiment compatible avec les réacteurs nucléaires ? Éléments de réponses.
C'est un écrin de verdure en plein cœur d’une centrale nucléaire normande. Depuis 2004, le site de Paluel dispose d’une zone naturelle classée de 59 hectares reconnue notamment pour son patrimoine végétal. Cette initiative permet depuis plus de 20 ans de protéger des espèces de la région.
Biodiversité et nucléaire
La centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime) veut montrer sa fibre écologique. Sur le site, une zone en friche abritant faune et flore locale va bientôt être ouverte au public pour des visites pédagogiques. Cet espace est labellisé Zone nationale d'intérêt écologique floristique et faunistique "ZNIEFF".
"C’est une pelouse qui est calcaire qui présente une flore diversifiée dont une population d'orchidées assez développée. Au printemps, on voit plein de petites taches roses sur cette pelouse", explique Céline Danion, ingénieur environnement pour EDF.
Dans cette friche, 11 ruches ont même été installées par l’un des salariés de la centrale qui s'est pris de passion pour l'apiculture. Du miel de Paluel sera même bientôt proposé à la vente.
"On peut difficilement croire que l'on est sur le site d'une centrale nucléaire, sourit Yann Vandromme, formateur en pilotage de réacteur nucléaire EDF et apprenti apiculteur, l'environnement il est propice à l'apiculture. On n'utilise pas de produits chimiques, pas de pesticides, donc les abeilles sont dans un lieu exceptionnel pour elles."
Visionnez le reportage de Medhi Weber et Véronique Arnould :
Dès le printemps 2025, des visites pédagogiques seront proposées au public, une façon pour EDF de jouer la carte de l’écologie et reverdir son image quand parfois l'image du nucléaire est décriée.
"L'idée c'est de profiter de cette zone unique parce qu'on a des espèces particulières, une zone reconnue où on fait du miel pour sensibiliser finalement l'ensemble des intervenants à ce bien commun qu'est la biodiversité et à protéger en permanence les écosystèmes qui nous entourent", explique Jean-Marie Boursier, directeur de la centrale nucléaire de Paluel.
Une centrale nucléaire respectueuse de l'environnement ?
Bien que peu émettrice de CO², l'énergie nucléaire n’est pas neutre en réchauffement climatique. En France, près de la moitié des centrales nucléaires dont celle de Paluel fonctionne en circuit ouvert.
L’eau servant à refroidir les réacteurs est prélevée en milieu naturel avant d’être rejetée avec forcément une augmentation de la température à sa sortie.
Bien conscient de la problématique, EDF contrôle régulièrement la température des eaux rejetées avec des seuils critiques à ne pas dépasser.
"Il est vrai c’est que les centrales nucléaires émettent beaucoup moins de CO² que les centrales thermiques à charbon ou à gaz, avance Julien Syren, chercheur en radioactivité (CRIIRAD). À côté de cela, les centrales nucléaires vont directement rejeter de la chaleur, donc dans un sens elles vont contribuer à l’échelle locale (la mer sur quelques dizaines/centaines de km² autour de la centrale) au réchauffement du milieu".
Pour l’heure on ne connaît pas précisément les effets éventuels du réchauffement de l'eau sur la faune et la flore aquatique. "Ce phénomène de pollution thermique doit être pris en considération dans le bilan global des impacts de l’énergie nucléaire en particulier dans le cadre des programmes de relance du nucléaire, notamment le long des cours d’eau et de la mer", poursuit le spécialiste.
Grâce à la zone naturelle qui entoure le site nucléaire de Paluel, l'énergéticien EDF participe à sa façon à rééquilibrer son impact sur la biodiversité.