Reliant chaque matin Le Havre (Seine-Maritime) à Lyon et Marseille sans passer par Paris, le seul TGV normand risque d'être supprimé.
Cette ligne de train à grande vitesse part du Havre le matin à 7h49 et relie directement Marseille (14h23) via Lyon (12h29) sans passer par Paris.
Ce TGV passe par Rouen (8h37) et aussi, avant de contourner par le sud la région parisienne, par Mantes-la-Jolie (9h26) où des habitants de la Manche, du Calvados et de l'Eure, venus par la ligne Cherbourg-Caen-Evreux-Paris, montent à bord en direction du sud de la France.
Dans l'autre sens, le train est de retour en Normandie en soirée avec un terminus au Havre à 22h05.
Des changements d'horaires "défavorables aux Normands"
En visite à Rouen début septembre 2022, le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou a annoncé que les horaires de la ligne TGV Le Havre-Marseille allaient changer à la fin de l'année, courant décembre. Quelques jours plus tard, le syndicat CGT de la fédération des cheminots normands a dénoncé dans un communiqué cette "inversion des horaires".
Selon le syndicat, cette modification projetée par la direction de la SNCF "qui provoque la colère des usagers comme des cheminots" est une "façon de supprimer à terme le TGV transverse, en prétextant sa baisse de fréquentation."
La CGT des cheminots normands estime que ce changement des horaires (avec un départ du Havre non plus le matin, mais en milieu d'après-midi) est "totalement défavorable aux Normands". Pour illustrer cette affirmation, le syndicat présente un tableau comparant les anciens horaires et ce que seront (à titre indicatif) les nouveaux :
Une ligne menacée, car déficitaire
La SNCF a l'intention de supprimer la seule ligne TGV de Normandie car elle n'est pas assez rentable et même déficitaire. C'est ce qu'on a appris lors de l'émission spéciale "trains entre la Normandie et Paris" diffusée dans la matinale du jeudi 22 septembre 2022 sur l'antenne de la radio France Bleu Normandie.
Invité en direct, Jean-Baptiste Gastinne, vice-président du conseil régional de Normandie en charge des transports, a répondu aux questions des auditeurs et a évoqué les menaces qui pèsent sur le seul TGV normand.
"On sait qu'à la SNCF, leur souci de rentabilité pourrait les pousser à des décisions qui seraient contraires aux intérêts de la Région Normandie".
Jean-Baptiste Gastinne, vice-président du conseil régional de Normandie en charge des transportsLe 22 septembre 2022
L'élu havrais a indiqué que c'est au printemps 2022 que la Région a été informée par la SNCF de cette décision de changements d'horaires, et qu'immédiatement, il a "fait part de sa vigilance sur ce train-là" et a dit aux responsables de la SNCF "qu'ils touchaient à quelque chose de très très sensible en Normandie."
La SNCF a expliqué à Jean-Baptiste Gastinne qu'aujourd'hui l'exploitation de cette ligne de TGV était déficitaire et qu'une façon de réduire ce déficit était d'inverser les horaires. Cela permettrait à la SNCF d'économiser une rame "parce quand un TGV dort au Havre, il n'y a pas la possibilité d'effectuer les travaux de maintenance sur le train car les ateliers sont à Marseille."
Un autre argument avancé par la SNCF est que les utilisateurs de ce TVG pour des trajets professionnels seraient moins nombreux que ceux le faisant pour des trajets de loisirs.
Jean-Baptiste Gastinne a aussi déclaré que la décision de de la SNCF de changer ces horaires ne convenait pas à la Région Normandie : "On attend de voir, on veut du suivi, on veut le suivi des années précédentes et, à partir de décembre prochain, celui de la nouvelle organisation. On ne veut pas que moins de voyageurs utilisent le train. Nous serons vigilants pour éviter qu'à terme, la SNCF, par souci de rentabilité, supprime ce train."