La fin du plastique n'est pas pour tout de suite. Et nos déchets de masques et flacons de gel hydroalcoolique vont encore aggraver la situation. Dans l'estuaire de la Seine, la première étude sur la pollution par les microplastiques a rendu ses conclusions scientifiques.
"Sur les berges de la Seine, le regard est attiré par des végétaux, des bois flottés mais aussi les couleurs vives de morceaux de plastique, ils vieillissent, se fragmentent et se transforment en microplastiques voire nanoplastiques" explique simplement Cédric Fisson, chargé de mission du GIP Seine-Aval.
Partant de cette observation, les scientifiques ont voulu
- dresser un état des lieux de la contamination entre Rouen et l'estuaire dans l'eau et les sédiments.
- chercher l’état de la contamination de sept espèces animales représentatives.
- comprendre "le transfert et le devenir des microparticules de plastique dans l’organisme et leurs effets trois des sept espèces sélectionnées."
Pendant quatre années, un bateau a fait des prélèvements à Fatouville, Vieux-Port et la Bouille. Le programme de recherche s'appelle PLASTIC-Seine.
"Jusqu'à 45 particules par mètre cube d'eau et de 300 à 3000 microplastiques par kilo de sédiments, une fibre de microplastique par gramme de chair de moule"
Pollution modérée à forte dans les sédiments et des microplastiques dans 6 des 7 espèces animales
Plusieurs équipes scientifiques ont collaboré, dont celle de l'université du Havre qui fait partie de l'unité de recherche Stress Environnementaux et BIOsurveillance des milieux aquatiques.
Dans l'estuaire de la Seine, les microplastiques ont colonisé le milieu naturel. Ils viennent des habitants et des industries. L'étude établit :
- "Une contamination modérée en microplastiques dans les eaux de la Seine, avec une importante fluctuation dans l’espace et le temps"
- "Une contamination modérée à forte en microplastiques dans les sédiments de la Seine, compartiment qui joue un rôle majeur dans leur dynamique (tendance à la concentration des fragments et des fibres)"
- "Une présence de microplastiques dans les 6 espèces aquatiques étudiées (dont la moule, la crevette, la sole et le bar) avec une forte variabilité"
Synthèse de l'étude : Gaspéri J. & Cachot J. (coordinateurs), 2021. Projet Plastic-Seine : Flux et impacts des microplastiques dans l’estuaire de la Seine.
L'effet cocktail des polluants est nocif
Dans le lit de la Seine, les polluants se sont accumulés depuis plus de 100 ans. Certains sont persistants, comme le pyralène. Les scientifiques recensent les polluants et ils essaient aussi d'évaluer les interactions entre eux, l'effet cocktail.
S'agissant des microplastiques, Cédric Fisson, chargé de mission du groupement Seine aval constate que des espèces animales sont touchées par des anomalies "de proportion entre mâles et femelles", modifications de comportement de camouflage".
La question est posée de "l'impact du cocktail de polluants chimiques et des microplastiques. Les plastiques sont composés de substances chimiques et peuvent absorber d'autres substances chimiques présentes dans l'eau. Les espèces animales les ingèrent. Il faut isoler quel stress est responsable de l'état de santé altéré des organismes aquatiques dans l'estuaire de la Seine"