Les urgences des hôpitaux sont saturées en ce mois d'août. Trop de patients, pas assez de moyens... Les soignants crient leur malaise depuis des mois, mais sans être vraiment entendus. L'hôpital du Havre (Seine-Maritime) ne fait pas exception.
Surcharge de travail, fatigue, lassitude... Les agents des urgences de l'hôpital Jacques-Monod au Havre (Seine-Maritime) sont à bout de souffle. "On est épuisés parce qu'on veut faire notre travail correctement et on nous laisse patauger, essayer de pallier ces problèmes-là sans forcément nous donner les solutions", nous explique une infirmière qui souhaite rester anonyme.
"On a l'impression de travailler à la chaîne", explique Cyrille Aurigny, infirmer aux urgences de l'hôpital Monod.
On n'a plus ce temps de relation humaine où on peut prendre le temps pour rassurer nos patients.
Cyrille Aurigny, infirmer aux urgences de l'hôpital Monod.
"C'est de la maltraitance malgré nous"
Des agents en souffrance, mais aussi des patients. Le temps d'attente explose, les services sont engorgés... Les soignants dénoncent une situation insoutenable.
"Les délais de prise en charge des patients sont aberrants. On a des gens qui dorment sur les brancards dans les couloirs toute la nuit, donc sous les néons, avec les passages puisqu'on continue de prendre en charge les patients en urgence", poursuit une infirmière.
"On a parfois même pas le temps de leur faire des repas parce qu'on est trop débordés. L'intimité aussi en prend un coup car dans les couloirs, difficile d'uriner. C'est de la maltraitance, malgré nous. Ce sont des choses qu'on ne peut plus tolérer ni supporter pour les patients, on n'a pas choisi ce métier-là pour ça", poursuit-elle.
Partout en France, les urgences sont sous pression. Monod ne fait pas exception. "On a à la fois un afflux de patient, du fait que les urgences des hôpitaux périphériques et cliniques privées ferment. On souffre aussi d'un manque de lits", ajoute Cyrille Aurigny.
"Les deux combinés font qu'on se retrouve dans des situations compliquées avec nos urgences qui saturent. Il va y avoir beaucoup de départs au mois de septembre. Ça va être très compliqué..."
Une pétition en ligne
Les soignants sont en grève depuis quatre semaines. Une pétition en ligne a même été lancée pour dénoncer une "situation inadmissible". Elle comptabilise à ce jour près de 1 500 signatures.
"Il y a eu quelques lits d'ouverts, mais on aimerait que ce soit beaucoup plus. On voudrait avoir des bras supplémentaires", poursuit Cyrille Aurigny.
Une rencontre devrait être organisée avec la direction début septembre 2024.