Les recours contre le terminal flottant méthanier du Havre sont rejetés, les associations protestent

Les trois recours contre le terminal méthanier du Havre portés par le député Europe Écologie Les Verts Julien Bayou et l'association France Nature Environnement, qui jugent le projet inutile et dangereux, ont été rejetés jeudi par le tribunal administratif de Rouen.

Leurs recours ont été rejetés. EELV, Écologie pour le Havre et France Nature Environnement espéraient faire annuler les autorisations de construction des canalisations qui desserviront le futur terminal gazier flottant du Havre. Un terminal méthanier est une installation portuaire accueillant les navires qui transportent du gaz naturel liquéfié (GNL), utilisé pour alimenter le réseau de gaz naturel dans les foyers.

Manque de transparence

« Ce projet n’est pas justifié », déplore Alice Béral, juriste pour France Nature Environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement, reconnue d’utilité publique. Elle fait notamment valoir l’inutilité de ce terminal, alors que la France dispose déjà de quatre sites : un à Dunkerque (59), un à Montoir-de-Bretagne (44) et deux à Fos-sur-Mer (13). « On a déjà des terminaux méthaniers à terre qui ne fonctionnent pas à leur pleine capacité », indique la juriste.

Les importations européennes de gaz naturel liquéfié (GNL) ont bondi de 63% en 2022 pour compenser le tarissement des gazoducs russes, selon un rapport de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

Selon Alice Béral, le gouvernement n’a pas démontré qu’il y avait une menace grave sur l’approvisionnement en gaz et que la décision du tribunal administratif éluderait cette question : « ce terminal n’aurait pas été mis en service, ça n’aurait pas mis en danger notre approvisionnement en gaz en France ni dans l’Union Européenne puisque nous avons déjà des capacités d’importation. Nous avons conclu des contrats d’approvisionnement sur le long terme avec d’autres pays, notamment avec les Etats-Unis ».

Selon l’AFP, l'avocat de TotalEnergies, Auguste Debouzy avait déclaré à l'audience que tout était « transparent » dans ce dossier.

Le tribunal administratif de Rouen valide la procédure simplifiée : le navire de regazéification n’aura pas à subir d’évaluation environnementale. Selon Ecologie pour le Havre, le Cape Ann, méthanier flottant affrété par TotalEnergies, et les nuages explosifs qu’il peut larguer sont un danger pour les habitants, surtout à proximité de nombreux sites Seveso seuil haut. « Une installation derrière une écluse comme ça, c’est une première au monde et c’est une hérésie complète », réagit Pierre Dieulafait, président de l’association Écologie pour Le Havre.

« Il y a un danger, il faut que la population le sache »

« En général, quand il y a un problème, les méthaniers ont un système pour que les amarres soient tout de suite lâchées et aussitôt gagner le large pour que l’accident soit moindre et qu’il ne se produise pas dans un milieu urbanisé », développe le président de l’association. Le temps de passage d’une écluse serait beaucoup trop long. « Il y a un danger, il faut que la population le sache », alerte Pierre Dieulafait. Il déplore la législation particulière du fait du caractère flottant avec des obligations différentes malgré des risques de fuites d’un gaz polluant.

Sur le quai de Bougainville, les travaux continuent à marche forcée. Le Cape Ann doit pouvoir relier les navires de gaz de schiste venus des Etats-Unis au réseau de gaz dès septembre. « Mon espoir c’est que pendant les cinq ans où l’installation doit fonctionner, elle fonctionne sans incident majeur parce que s'il y en avait un, ça ferait mal », lâche le président d’Écologie pour le Havre.

France Nature Environnement pourrait tenter un recours en cassation. Les associations espèrent encore faire réduire la durée d’autorisation d’exploitation actuellement de cinq ans du futur terminal méthanier du Havre. Mais Alice Béral, spécialiste en droit de l’environnement pour France Nature Environnement, n’est pas dupe : « nous, société civile représentée par les associations, on se bat contre des lobbies de l’énergie qui sont assez puissants et qui ont, eux, des moyens sans commune mesure avec ceux des assos pour aboutir à leurs fins ».

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