Habitants et élus du Pays de Bray, opposants au projet de ligne fret, prévoient d'assister ce lundi à la réunion de l'assemblée régionale au Havre. Ils espèrent toujours mettre en échec ce lourd chantier d’infrastructure.
La prochaine assemblée plénière de la Région Normandie, prévue pour se dérouler au Havre le lundi 26 juin, pourrait être plus animée que d’habitude.
Pas à cause des traditionnels débats politiques, mais plutôt en raison de la venue de quelques invités surprises...
Les opposants au projet de modernisation de la ligne ferroviaire Serqueux Gisors du pays de Bray entendent en effet pointer le bout de leur nez à l’occasion de cette grand-messe régionale.
Une délégation d'habitants et d'élus du Pays de Bray
Sur place, on devrait retrouver des élus locaux. Parmi lesquels Eric Picard, le maire de Gournay-en-Bray (DVD), l’un des fer-de-lance de la contestation brayonne à l’initiative de ce rassemblement. Mais aussi des membres de plusieurs associations hostiles au projet. "On y va pour écouter les débats, pour entendre les positions des uns et des autres sur le sujet", explique le 1er magistrat de Gournay.Les associations seront sans doute un peu plus bruyantes, glisse une source proche du dossier. A l’heure de publier ces lignes, les représentants de ces dernières n’avaient pu être joints.
Une décision finale ?
En tout état de cause, le choix de cette assemblée plénière ne doit rien au hasard. Il se trouve que l’organe délibérant de la Région doit entériner de manière définitive la participation financière de la collectivité à ce lourd chantier d’infrastructure. "D’après mes informations, celle-ci s’élèverait à près de 89 millions d’euros", détaille l’édile.Un projet pour renforcer le port du Havre
La Région Normandie voit dans ce chantier un moyen de mieux connecter le port du Havre et la zone francilienne. "C’est une ligne stratégique pour le désenclavement ferroviaire du Havre", a récemment défendu Hervé Morin. De quoi voir rouge pour tous les opposants au projet qui continue de dénoncer "une future balafre" édifiée au coeur du pays de Bray ainsi que les nuisances sonores et routières générées par ce projet.
Un autre tracé ?
S’il ne conteste pas la volonté de sortir le port du Havre de son isolement, Eric Picard plaide pour un autre tracé, plus au nord en passant par Amiens. "Le développement du Havre ne doit pas se faire au détriment du pays de Bray", martèle-t-il.Il estime que l’intérêt général régional se confond trop avec les seuls intérêts de la cité océane. Et de glisser fort opportunément "que le premier ministre Edouard Philippe n’est autre que l’ancien maire du Havre". Ou encore que le vice-président en charge des Transports, Jean-Baptiste Gastinne, est également élu de la cité océane et que l’actuel directeur de cabinet d’Hervé Morin à la Région, Laurent Ronis-Le Moal a occupé les mêmes fonctions auprès d’Antoine Rufenacht à la ville du Havre. "J’invite les élus régionaux à venir siéger à la salle des fêtes de Gournay plutôt que d’aller au Havre", propose Eric Picard pour atténuer –au moins de manière symbolique –le supposé tropisme havrais de la Région. Pas sûr que l’invitation ne soit honorée. De fait, la partie s’annonce des plus ardue pour les opposants.
Ces derniers ne veulent pourtant pas baisser les bras. D’où le rassemblement de lundi qui pourrait aussi accueillir des protestataires venus de l’Oise, autre département impacté par la future ligne ferroviaire. Sur le front judiciaire, plusieurs recours ont également été déposés auprès du tribunal administratif.