Dimanche 27 octobre, ils seront 59 duos de skippers à s'élancer au large du Havre sur la route du café. Cap sur Salvador de Bahia, au Brésil, comme au XVIIIe siècle, quand les navires marchands partaient à vide pour revenir les cales pleines à craquer de cet or vert aux mille et une saveurs...
Avec deux habitants sur trois qui en boivent régulièrement, le café est une des boissons les plus consommées au monde. Pas étonnant donc qu'une course nautique porte haut ses couleurs. La Transat Jacques Vabre, c'est un hommage à cette route commerciale qui reliait Le Havre, place forte du négoce de café à l'Amérique du Sud et l'ensemble de ses produits exotiques
Du 18e siècle à nos jours
La route du café fait rêver plus d'un skipper. Exemple avec la jeune Clarisse Crémer qui va réaliser sa troisième transatlantique, mais la première en Imoca aux côtés d'Armel Le Cléac'h sur Banque Populaire X. Au de là de son côté "compétitrice et performeuse" qu'elle aime rappeler, elle est aussi sensible à l'histoire de cette route commerciale maritime.Le Havre et le café, c'est toute une histoire. Qui commence en 1728. quand les premiers sacs de jute remplis de cet or vert sont déposés à quais et prafument l'air de la cité océane. Coup de foudre olfactif et commercial pour le port fondé par François 1er qui devient alors la porte d'entrée des produits issus des colonies. Les négociants eux profitent des avantages fiscaux accordés par le roi.Je me dis qu'on prend un bateau à voile pour aller au Brésil, c'est vraiment un moyen de locomotion extraordinaire ! On pense aux commerçants de la route du café d'autrefois...
Ce n'est pas anodin ! J'y pense souvent quand je suis en mer parce que c'est aussi ça qui fait partie intégrante de mon amour de la voile, ce côté "je suis sur la planète terre et j'arrive à traverser un Océan" !
Clarisse Crémer, Banque Populaire X
Jusqu'à la fin des années 30, Le Havre est la forte place du négoce de café en Europe au point de rivaliser avec New York. La 2ème guerre mondiale change la donne mais le Havre reste aujoud'hui le premier port français en la matière et les entrepôts et bruleries havraises dédiées à sa torrefaction constituent un patrimoine affichant encore une belle dynamique.
La torréfaction, un art qui se cultive au Havre
Au moment de la torrefaction, l'or vert acquiert sa saveur et sa couleur robe de moine, ce marron caractéristique d'une bonne cuisson.
L'alchimie opère dans des machines modernes où plus anciennes sous l'œil aiguisé du torréfacteur.
On apprend pas le métier dans les bouquins, c'est avec l'expérience ! C'est une matière vivante et c'est ça qui est passionnant et qui fait que j'adore travailler le café.
Kheira Boulakhras, Torréfactrice pour la Maison Lemétais
Véronique, image d'une reconversion réussie dans le café
Nous sommes allés à la rencontre de Véronique Lessard-Leclerc, artisan torréfacteur ambulant, que les Havrais connaissent sur les marchés de Sainte-Cécile et d'Applemont. Elle y est présente depuis 3 ans maintenant... "On m'appelle Madame Café sur les marchés" aime raconter la torrefactrice.Je fais une torrefaction lente, précisément 5kg de café en 20 minutes. Comme la bonne cuisine, tous les arômes vont se mélanger lentement et le café va alors révéler tous ses arômes. Et quand on moud le grain, on a ces odeurs qui sont extraordinaires. Ce sont des petites madeleines de Proust !
Les gens passent et disent "Qu'est-ce que ça sent bon !" Même s'ils n'aiment pas le café, ils me racontent que ça leur rappelle l'odeur de chez leur grand mère au petit déjeuner" dit-elle.
L'aventure caféinée de Véronique est toute récente. Elle n'était pas du tout dans le café il y a encore 3 ans. Elle ne suportait pas l'idée d'une pré-retraite inactive. Et s'est formée auprès de son prédécesseur avant de reprendre son affaire. Belle histoire et belle reconversion réussie !