Transat Jacques Vabre : les femmes se font une place dans un milieu encore (trop) masculin

Le plateau des skippers engagés dans la 14e Transat Jacques Vabre se féminise un peu. Mais la parité est loin, elle seront 10 navigatrices sur... 118 concurrents à s'élancer du Havre pour emprunter la route du café. Les femmes ont-elle du mal à se faire une place ? Nous leur avons posé la question.

L'histoire de la course au large est bien sûr marquée par les femmes. Quand on y pense, on a des images qui nous viennent... celles de Florence Arthaud, "la petite fiancée de l’Atlantique", 1ère femme à remporter la Route du Rhum en 1990. On pense aussi à Ellen MacArthur, magnifique deuxième du Vendée Globe 2000-2001. Des navigatrices inspirantes pour toute une génération... mais le constat est là : avec 10 engagées sur la Transat Jacques Vabre 2019, sur 118 inscrits au départ, les femmes représentent seulement 10,17% des marins qui s'apprêtent à prendre la route du café. Dire que c'est peu est un euphémisme.

La voile, c'est un des seuls sports où on joue à armes égales...
Miranda Merron, skipper Imoca Campagne de France

Clarisse Crémer, skipper de l'Imoca Banque Populaire X avec Armel Le Cléac'h, clame d'ailleurs haut et fort que "homme ou femme, on est des marins avant tout" et qu'avec 6 femmes qui devraient s'aligner sur le prochain Vendée Globe, ça représente un ratio de plus de 20%.
 

Pour Miranda Merron, la plus normande des britanniques à bord de Campagne de France, ce n'est pas un problème d'être dans un milieu masculin. "Jaime bien ça ! En France, les femmes sont très bien acceptées dans la voile. On arrivera de toute façon jamais à 50/50 dans la voile" nous dit-elle. Avec le même franc parler que son mari Halvard Mabire, elle précise :

Pas toutes les femmes ont envie d'être trempées dans des fringues qui puent à mort sans pouvoir prendre une douche pendant plusieurs semaines... C'est pas le goût de tout le monde !


Sur l'Imoca 4myplanet, il y a un duo 100% feminin. A la tête du projet, Alexia Barrier est claire : elle n'a pas choisi Joan Mulloy parce que c'était une femme, mais "parce que c'est une super navigatrice, compétitrice de haut niveau qui avait toutes les qualités pour être son co-skipper en plus d'avoir une belle énergie". Elle reconnaît toutefois que "c'est vrai, ça fait tout de même parler d'elles parce qu'elles sont le seul équipage 100% féminin"...

Difficile de percer dans la voile quand on est une femme ?

"Dans tous les sports, quand on est athlète de haut niveau, c'est compliqué de se faire une place, homme ou femme", affirme Alexia. La navigatrice reconnaît toutefois que les équipages peuvent être tentés de miser sur des garçons plutôt que des filles.

Peut-être qu'en voile on a moins l'opportunité quand on est jeune de naviguer à haut niveau sur des équipages en course au large pour se faire de l'expérience. Et on proposera plus facilement une place à un garçon inexpérimenté une place à bord qu'à une jeune femme qui a un beau palmarès. Mais attention, les choses évoluent !
Alexia Barrier, skipper Imoca 4myplanet

Ça reste pas beaucoup mais petit à petit il y des modèles que l'on suit. Autrefois Florence Arthaud ou Ellen MacArthur... De mon côté, j'ai beaucoup pensé à Samantha Davies, l'exemple que veulent suivre beaucoup de femmes, y compris moi quand je me suis lancé dans l'aventure Vendée Globe.

Et qu'est ce qu'elle en pense d'ailleurs, Samantha ? " C'est génial qu'il y ait un peu plus de mixité dans les courses au large aujourd'hui. La France est assez "avant-garde", beaucoup moins macho et plus respectueuse des femmes dans la voile."

Si on peut inspirer les jeunes filles, leur montrer qu'elles peuvent aussi faire ça, une carrière dans la course au large... Je suis là grâce à d'autres avant moi et c'est bien que des jeunes soient là grâce à moi, j'essaie de donner tout ce que j'ai eu la chance d'absorber, j'espère qu'il y en aura d'autres !
Samantha Davies, skipper Initiatives Cœur


La britannique a aussi pour objectif d'enchaîner beaucoup de miles pour fiabiliser son bateau avec la perspective du Vendée Globe, et pense que les skippers ont "de la chance de faire une compétition, mais chaque fois qu'on part il y a un point d'interrogation dans notre tête parce qu'on ne sait pas comment ça va finir, c'est ça qui fait la magie dans notre sport, les moments de galère autant que les moments de joie..."
 

"On a toujours été quelques femmes dans la voile"

A la veille du départ de la course au Havre, nos confrères de France Bleu ont ressorti de leurs archives une interview de Florence Arthaud, datant de 2004. Elle évoquait alors la place des femmes dans le monde de la voile au début du XXIe siècle. 

"On a toujours été quelques femmes dans la voile", raconte-t-elle. "Ce qu’il y a, c’est qu’aujourd’hui (en 2004, NDLR), celles qui le font s’engagent davantage. Elles le font à fond comme le fond les hommes. Avant, c'est vrai que c’était un peu plus en dilettante. Et d'ajouter : "Aujourd’hui, la voile est une affaire de professionnels. Quand on s’engage dans cette voie là on doit s’engager totalement, c’est-à-dire que ça reste une vie qui n’est pas une vie féminine."  Comprenez pas compatible avec ce que Florence Arthaud appelle "une vie de patachon" car quand on est sur le bateau, "on ne sait parfois pas ou on va dormir ni ce que l’avenir nous réserve, moi c’est cette vie que j’aimais bien mais ce n’est pas ce que recherche les femmes en général" 

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