Transat Jacques Vabre. L’incroyable défi de Louis Duc et Marie Tabarly pour remettre à l’eau une épave avant le départ

Pour la 15e édition de la Route du Café, le binôme s’est lancé un défi : réparer l’IMOCA de Clément Giraud et Jean Le Cam, victime d’un important incendie en 2019. Une première victoire pour le skipper normand qui vise le Vendée Globe en 2024.

“C’est déjà une énorme victoire d’être au départ !” A bord de leur Imoca Kostum - Lantana paysage, Louis Duc et Marie Tabarly seront bien au départ de la Route du Café le 7 novembre prochain au Havre. Pourtant, rien n’était gagné d’avance pour le skipper normand qui vise le Vendée Globe 2024 et la fille d’Eric Tabarly qui prépare l’Ocean Globe Race en 2023. Le binôme s’est lancé un défi : réparer et remettre à l’eau un navire épave. 

Renaître de ses cendres

En 2019, à six jours du départ de la Transat Jacques Vabre, l’Imoca Fortil de Clément Giraud et Jean Le Cam est victime d'un incendie dans le bassin Paul Vatine au Havre. Jugé "non réparable" pour les assurances, le navire est déclaré épave. Un an plus tard, Louis Duc, pourtant habitué des Class40, décide avec son équipe de racheter l'Imoca pour lui redonner vie en recyclant, réparant et optimisant tout ce qui peut l’être.

Et c’est en Normandie, à Caen, avec deux ténors du métier, Marc Dewavrin et Jérôme Lepoutre, que le chantier va s'entamer. “A la base, l’idée était de le réparer pour concourir au prochain Vendée Globe de 2024. On pensait que le bateau ne serait prêt que pour la Route du Rhum en 2023 mais tout s’est accéléré”, nous raconte le skipper normand originaire de Barneville-Carteret, dans la Manche. 

Pour financer les réparations, Louis Duc décide de se retirer du chantier pour “partir à la chasse aux finances”. Et c'est grâce à un système d'emprunt participatif qu'il débloque les fonds. "Le but c'est de proposer aux personnes qui le souhaitent d'investir avec un contrat au taux d'intérêt de 2%. En 45 jours on espérait récolter 150.000 euros, ce qui nous aurait permis de boucler le budget réparation. Finalement on a eu plus de 300.000 euros. Il y a eu un très bon engouement", explique Louis Duc.

Après huit mois de chantier, ne manque plus que les sponsors. Marie Tabarly, amie de longue date du skipper normand, qui navigue sur Pen Duick VI avec son projet Elemen’Terre entend parler du projet et lui propose son aide dans sa recherche de partenaires. “On s’est donné trois mois pour réunir les fonds. On s’est mis au boulot ensemble", raconte Louis.  

Dix mois plus tard, le 60 pieds navigue à nouveau. Il a été mis à l’eau le 26 août dernier à Caen. Objectif : la Transat Jacques Vabre 2021 !

Et c'est ainsi que l’Imoca Kostum - Lantana paysage entame le début du reste de sa deuxième vie. Depuis sa mise à l'eau, le manchois et la bretonne enchainent les navigations pour prendre en main leur navire. Ils n’ont pu réaliser que quatre navigations, dont leur parcours de 1 000 milles qualificatif pour la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre et un aller-retour Normandie-Bretagne avec un passage à plus de 50 nœuds à la pointe de Bretagne. "On a commencé à naviguer début septembre pour les qualifications, ce qui est assez tardif pour une Jacques Vabre, mais en quelques semaines on a réussi à faire tout ce qu’il fallait pour être prêts sur la course en toute sécurité. Tout s’est bien enchaîné, on a eu de la chance !", rassure Louis Duc.

On n'imaginait pas il y a quelque temps être à ce niveau de préparation aujourd’hui pour la Jacques Vabre 2021.

Louis Duc

Première course en Imoca

Si le skipper normand n'en est pas à sa première transat Jacques Vabre, il s'agit pourtant d'une première à bord d'un Imoca. Louis Duc a beaucoup navigué en Class 40 avec des participations notamment à la Transat Jacques Vabre en 2019, la Transat anglaise en 2016, La Solitaire du Figaro en 2009, la Route du Rhum en 2014 et 2018. "Je m’aperçois que l’Imoca fonctionne pratiquement de la même façon qu’un Class40, en terme de conduite, de comportement et de manoeuvres.. c’est très proche ! J’ai pris mes marques assez rapidement sur la technique. J’appréhendais un peu au début, mais après quelques navigations, je me suis rapidement senti à l’aise." 

Pour Marie Tabarly aussi c'est une première à bord d'un 18 mètres, bien qu'elle ait plus d'expérience que Louis sur les gros bateaux. Elle est surtout habituée aux Pen Duick, les fameux bateaux de son père, mais aussi à la voile classique, à bord de monocoques anciens du début du 20ème siècle. “Par rapport au Pen Duick VI ? C’est des vacances !”, plaisante la skippeuse bretonne. “Sur le Pen Duick VI on fait tout sur le pont, on est toujours mouillés, toujours exposés aux éléments. L’Imoca, au contraire, on a tout sous la main, c’est le bonheur !”

Une complicité de longue date

Leur complicité ne date pas d'hier. C'est en 2003 que Louis Duc et Marie Tabarly se sont rencontrés. Tous deux travaillaient sur un trimaran. “On préparait le bateau ensemble sur un grand prix de Lorient. On avait sympathisé et depuis on est resté en contact. Forcément on a eu des chemins différents mais on se suivait mutuellement”, raconte Marie.

On a une philosophie proche et la même passion, à la fois de la mer, des bateaux et de la manière de l’appréhender.

Louis Duc

Pour cette transat en tandem, les deux skippers ne se mettent aucune pression. "C'est déjà une énorme victoire d'être au départ. Notre objectif sera de découvrir le bateau, de créer une liste de travail pour le suite. On sait qu’on pourra continuer à faire évoluer ce bateau das les années à venir", explique Louis. 

"On reste des compétiteurs, on se doute bien que dès qu’il y aura de bateaux autour de nous, le but sera de passer devant ! Maintenant qu’on y est, j’aurais du mal si on abandonnait au bout de trois jours. Faire la traversée en entier sera déjà un beau défi à relever sans trop abîmer le bateau", ajoute Marie.

Pour la suite, le duo a chacun son objectif autour du monde :  Le Vendée Globe 2024 pour Louis et l’Océan Globe Race en 2023 pour Marie. Un tour du monde à la voile "dans les conditions de l'époque, sans satellite, sans GPS". "Pour la Transat Jacques Vabre, je vais ressortir les cartes papiers", plaisante so co-équipier.

5 choses à savoir sur Louis Duc

  • Louis Duc, 38 ans, est originaire de Barneville-Carteret (Manche)
  • C'est sa 6e participation à la Transat Jacques Vabre mais une première à bord d'un Imoca.
  • C’est en travaillant sur les bateaux que Louis Duc découvre le monde de la voile. “J’ai arrêté l’école vers 17 ans pour travailler dans les chantiers navals à Cherbourg. Puis j’ai acheté un mini bateau épave pour le restaurer."
  • Il est à l’origine de la conception du Lift40, un Class40 novateur qui a remporté la dernière Route du Rhum.
  • Le 17 décembre 2020, le Class40 Crosscall Chamonix Mont-Blanc chavire à 150 milles au large des Açores. Louis Duc et son équipier Thomas Servignat ont été hélitreuillés par les sauveteurs portugais après plus de 15 heures d’attente sur le pont, entre deux eaux.

5 choses à savoir sur Marie Tabarly

  • Marie Tabarly, 37 ans, est la fille du célèbre navigateur Eric Tabarly, vainqueur de la Transat Jacques Vabre en 1997 et mort en mer d'Irlande le 13 juin 1998 à la suite d'une chute.
  • Elle a remporté à cinq reprises 5 le Championnat 15MJI en 2011, 2013, 2014, 2016 et 2017
  • En 2017, elle lance le projet "Elemen'terre". "On a transformé Pen Duick VI (ancien bateau de son père) en une grande résidence itinérante autour du monde. J'en ai fait un lieu de partage et d'échange pour réfléchir aux grands enjeux de l'humanité, environnementaux et sociétaux."
  • Avant la voile, elle est avant tout passionnée d'équitation. “Je voulais travailler sur le comportement des chevaux, j’ai passé beaucoup d’années aux Etats-Unis pour me former.”
  • Avec le journaliste Hugo Clément, elle est à l'iniative du projet "référendum pour les animaux", lancé en juillet 2020, dont le but est de faire avancer la défense de la cause animale.

La Transat Jacques Vabre sur France 3 Normandie

De l’ouverture officielle du village jusqu’à l’arrivée des skippers à Fort de France, France 3 Normandie s'installe depuis le bassin Paul Vatine au Havre pour vous faire partager cette aventure extraordinaire : des pages spéciales, ses journaux d’information régionaux et ses émissions spéciales. Reportages, interviews, portraits de skippers, éditions spéciales du mardi 2 novembre au dimanche 7 novembre pour le départ en direct.

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