Alors que la loi de programmation de la recherche (LPR) doit être adoptée dans les prochains jours à l’Assemblée Nationale, les enseignants-chercheurs de l’Université du Havre redoutent un texte qui précariserait un peu plus encore leur université.
« La recherche a besoin de temps long. Depuis 2009, la situation s’aggrave. La loi de programmation de la recherche n’est qu’une pommade sur une douleur bien plus profonde », s’alarme Georges Barakat, enseignant-chercheur à l’Université du Havre et co-secrétaire du SNESUP-FSU.
Précarité et mise en concurrence
Depuis huit mois, enseignants, chercheurs et doctorants manifestent contre le projet de loi de programmation de la recherche. Le personnel universitaire reproche à ce texte de dégrader le statut national des enseignants-chercheurs, de mettre davantage en concurrence les universités et de précariser le statut des doctorants. « La loi prévoit que les doctorants puissent être employés en CDI mais seulement le temps d’une mission, cela va nécessairement créer du turn-over dans les laboratoires de recherche et ainsi perturber le bon fonctionnement de la recherche. C’est de la précarité stabilisé », explique Georges Barakat également directeur du groupe de recherche en électrotechnique et automatique du Havre. En 2018, l’université du Havre comptait 249 enseignants chercheurs, 91 enseignants issus du second degré et 135 contractuels.
Samantha Faubert, également enseignante-chercheuse et co-secrétaire du SNESUP-FSU, craint par ailleurs que la LPR mette davantage les universités en concurrence pour obtenir des financements dédiés à la recherche. « Les grosses universités qui peuvent s’allier avec des partenaires de renoms vont avoir un avantage pour remporter ces appels d’offres. L’Université du Havre, en tant que petite structure pourrait y perdre. Quand la recherche perd l’enseignement perd aussi. Cela aura ainsi des conséquences sur nos étudiants », explique la professeure de littérature hispanique.
Enfin, étudiants comme enseignants pointent du doigt l’article 20bisAA de la loi, introduit récemment dans le texte de loi, et qui prévoit que, eut égard au code pénal « le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l'enceinte d'un établissement d'enseignement scolaire sans y être habilité…. dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l'établissement, est puni d'un an d'emprisonnement et de 7 500 € d'amende. » Les universitaires dénoncent un article de loi écrit « dans leur dos » qui vise à interdire aux étudiants de manifester au sein de leur université. Une pétition nationale a été lancée pour protester contre cet article.
Le texte est aujourd’hui à l’étude à l’Assemblée Nationale. Vendredi ce sera au tour des sénateurs d’examiner le texte avant une adoption définitive prévue d’ici quelques jours.