Mardi 17 janvier, la préfecture a rendu public les conclusions des relevés atmosphériques pratiqués par les pompiers pendant et après l'incendie survenu sur le site de Bolloré Logistics. D'après leurs premières analyses, le niveau d'acide fluorydrique demeurait à zéro. AtmoNormandie a relevé un taux de particules dans l'air, semblable à un pic de pollution.
L'incendie est maîtrisé. Plus de 36h après le départ de feu dans un entrepôt de Bolloré Logistics à Grand-Couronne près de Rouen, les sapeurs-pompiers sont définitivement venus à bout des flammes.
Le risque immédiat étant écarté, la préfecture de la Seine-Maritime a indiqué mardi 17 janvier 2023 la fermeture du Centre Opérationnel Départemental.
Pas d'acide dans l'air selon les pompiers
Le SDIS76 a mis en place 28 points de mesure au plus proche du sinistre, autour des habitations mitoyennes de la cité Lohéac de Grand-Couronne et dans un périmètre un peu plus lointain, afin d'évaluer notamment la quantité d'acide fluorhydrique. Les analyses ont montré que le niveau de cette substance était à zéro.
Des relevés d'autres substances, monoxyde d'azote, acide chlorhydrique et acide cyanhydrique, n'ont montré aucun risque pour la population, selon les sapeurs-pompiers de la Seine-Maritime.
La préfecture indique qu'elle s'est basée notamment sur ces résultats pour prendre les décisions de conduite des opérations.
Un taux de particules deux fois plus élevé qu'ailleurs
Dès les premiers instants qui ont suivi l'incendie, AtmoNormandie a opéré des relevés sur toutes ses stations de l'agglomération rouennaise. Ils ont révélé la présence d'une pollution atmosphérique plus importante, sur la station de Grand-Couronne, à proximité du lieu de l'incendie, 2 fois plus élevée sur une durée de 3 à 4 heures.
Cette pollution est en fait une concentration de poussières ou "particules de combustion", des PM10, particules inférieures à 10 micromètres, qui sont, on le rappelle, toxiques. Le pic de présence de ces poussières a été détecté entre 20h et minuit.
"On a vu aussi une concentration en particules plus forte qu'ailleurs au même moment, à la station de Pose. Ça correspondait bien en termes de temps de circulation atmosphérique et de direction", explique Christophe Legrand.
Le spécialiste l'assure, au moment de l'incendie, les niveaux de concentration de particules n'étaient pas exceptionnellement élevés comparés à d'habitude, cependant elles sont de natures différentes et la toxicité des particules dépend de leur composition.
Si vous êtes un jour de grand froid près d’un carrefour urbain, vous allez respirer à peu près les mêmes concentrations de PM10 que le soir de l'incendie au niveau de la station de Grand-Couronne. C'est une situation anormale par rapport au moment.
Christophe Legrand, directeur adjoint d'AtmoNormandie
Selon le spécialiste, les concentrations de particules mesurées sont comparables à celles observées lors d'un pic de pollution classique : "quand il fait très froid, la pollution des voitures, de nos chauffages, de l'activité industrielle reste piégée dans l'agglomération, rien ne se dilue".
Pour Christophe Legrand, les impacts sanitaires des incendies sont étudiés par des organismes spécialisés comme l'INERIS et il rappelle que : "c'est la pollution du quotidien, le fait qu'on soit exposer 24h/24, même à des faibles niveaux de concentration".
Selon la Sécurité Civile, à 20 heures, le panache de fumée s'élevait à une hauteur de 2400 mètres d'altitudes et mesurait 7 km de long.
Une fois que le panache de fumée se disperse, les concentrations en particules diminuent très rapidement.
Christophe Legrand, directeur adjoint d'AtmoNormandie
D'après les spécialistes d'AtmoNormandie, ce sont les conditions météorologiques qui auraient permis la dispersion de ces particules. "Le panache est passé très vite, il a circulé vers l'ouest, il est remonté au nord et a tourné sur l’ensemble de l’agglomération rouennaise", détaille Christophe Legrand, directeur adjoint de la structure.
Une analyse des conséquences sanitaires et environnementales
La préfecture de la Seine-Maritime a indiqué qu'un plan de prélèvements et de surveillance avait débuté pour connaître l'impact sanitaire de l'incendie. Une surveillance épidémiologique est aussi en cours afin de déterminer l'état de santé des personnes qui ont été prises en charge à la suite de l'évènement.
Des enquêtes judiciaires et administratives ont été ouvertes pour "tirer toutes les conclusions sur cet incendie". Le préfet a tenu a rappeler que tous ces processus prendraient du temps.