Incendie Bolloré Logistics près de Rouen : "On n'a pas tiré les leçons de Lubrizol"

L’incendie du site Bolloré Logistics à Grand-Couronne, près de Rouen a réveillé les traumatismes de l’accident industriel Lubrizol qui a eu lieu en 2019.

"De grosses explosions qui font trembler les fenêtres" tous les riverains vivant autour du site Bolloré Logistics de Grand Couronne racontent la même scène ce lundi 16 janvier 2023. Pour ceux qui étaient à leur domicile en fin d’après-midi, ils ont pu entendre des déflagrations inquiétantes proches de ce qui s’est passé le 26 septembre 2019 au niveau de l’usine de Lubrizol.

"On n’a eu aucune information !"

Un riverain qui habite à 300 mètres de l’usine regrette le manque d’informations. Interrogé lundi soir, il reconnait que les fumées étaient moins importantes que l’incendie de Lubrizol mais déplore la communication officielle : "Nous avons entendu plusieurs explosions dans les bâtiments. Pendant longtemps, nous n’avons pas eu d’informations. C’est nous qui avons appelé les pompiers : ils nous ont dit de rester chez nous et de fermer nos VMC. Nous n’avons rien reçu sur notre téléphone, ni à la télé ! Le nuage de fumée énorme est passé au-dessus de la maison je trouve cela inadmissible"

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L’incendie du site Bolloré Logistics à Grand-Couronne près de Rouen a réveillé les traumatismes de l’accident industriel Lubrizol qui a eu lieu en 2019. ©France 3 Normandie

"On ne sait pas ce qui a explosé mais ça fait beaucoup de bruit. Vu la hauteur des flammes je pense que le bâtiment est dans un état de destruction complète. Les fumées se sont dirigées vers Elbeuf et Oissel. J’ai un ami qui était au football à Caudebec-les-Elbeuf, on lui a dit de rentrer et moi qui suis à trois cents mètres on ne m’a rien dit" ajoute ce retraité qui rappelle qu’il habite juste à côté de la caserne de pompiers de Grand-Couronne.

Une alerte de la Métropole Rouen Normandie

Un message d'alerte a été envoyé par la Métropole Rouen Normandie mais les personnes interrogées sur place ne se sont pas inscrites pour recevoir ces notifications.

Eve habite également à proximité du lieu de l’incendie. Elle a pris des photos au moment des explosions "On a entendu plusieurs boums dans la fenêtre et quand on a regardé. On a vu une grosse fumée. Au début, c’était une fumée blanche et après c’était une fumée noire. On sentait l’odeur des pneus et tout ça c’est arrivé sur notre baie vitrée. Après le vent a tourné et c’est parti de l’autre côté. On a eu peur de perdre la maison, on s’était rhabillés avec mon mari on était prêt à partir chez ma fille à Grand-Quevilly. Après on a vu les renforts de pompiers arriver. On a eu du mal à savoir ce qui se passait. Personne n’est venu nous dire ce qui se passait on a regardé sur les réseaux sociaux. On voyait les voitures passer, ils n’ont pas bloqué comme pour Lubrizol. J’aurais voulu entendre la sirène ou avoir une information à la télévision ou quelqu’un qui vient nous le dire".

Une communication a été faite et réactualisée au fil des heures sur le site internet de la ville de Grand-Couronne mais tous les habitants n’ont pas eu le réflexe de le consulter.

Quelles répercussions sur la santé ?

La première question dans la tête d’une majorité d’habitants de la Métropole concerne leur santé. Une habitante de Grand-Couronne raconte "je suis déjà malade alors cet incendie ne va rien arranger. On ne sait pas ce qu’on respire quand on sait que c’est du lithium qui brule. On respire tellement de choses mauvaises par ici". Une autre voisine ajoute que les conséquences sur sa santé peuvent arriver dans 5 et 10 ans : "je ne serai pas étonnée qu’on nous trouve un cancer !"

De son côté la préfecture de Seine-Maritime assure que la qualité de l’air est rassurante. Une affirmation mise en doute par l’Union des Victimes de Lubrizol qui a fait parvenir à l’administration une série de questions ciblées :

"Comme Lubrizol c'est la même affaire : il (le Prefet ndlr) n’a pas encore les résultats mais pour pas paniquer pour avoir toujours le contrôle sur la gestion de la catastrophe, on préfère dire des mensonges à la population. Dire que tout va bien, c’est un gros mensonge ! On ne sait pas sur quoi ils se basent. Nous on connaît pas la liste complète des produits, lui non plus. On a bien vu qu’il y a eu un effet domino ça a brûlé à côté. Qu’est-ce qu’il y avait avec exactitude sur ces sites là ? On demande la transparence totale comme pour Lubrizol" détaille Simon de Carvalho président des Sinistrés de Lubrizol.

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