Insultes, caillassages : les pompiers de Seine-Maritime de plus en plus nombreux à porter plainte pour violence

Dans son bilan de l'année 2020, le service départemental d'incendie et de secours de Seine-Maritime (SDIS) enregistre une forte augmentation des dépôts de plaintes pour violences rencontrées sur le terrain. 

108 dépôts de plaintes en 2020, c'est presque deux fois plus qu'en 2019, on en comptait alors 61. Les sapeurs-pompiers de Seine-Maritime sont plus nombreux à faire remonter les violences dont ils sont victimes lors de leurs interventions.

 

Agressions physiques et verbales

Les hommes du feu, qui interviennent en grande majorité sur des opérations de secours à la personne (80 % des interventions), sont victimes d'insultes, de caillassages ... des agressions physiques et verbales à leur encontre. Le SDIS 76 les incite depuis 2020 à porter plainte systématiquement, c'est aussi la raison de cette forte hausse des plaintes pour violence.

Il ne faut pas que les pompiers considèrent comme faisant partie de l'intervention un comportement violent des victimes. Ce n'est pas normal et on avait peut-être tendance à considérer cette violence comme habituelle.

André Gautier - Président du SDIS 76

 

3 parquets mobilisés pour traiter ces plaintes

Pour accompagner cette politique du SDIS qui consiste à inciter les pompiers à porter plainte, les 3 parquets de Seine-Maritime (Le Havre, Rouen et Dieppe) ont signé une convention pour que les plaintes puissent être traitées rapidement.

Il y a une violence inhérente à la société mais il n'est pas normal que nos pompiers soient agressés alors qu'ils viennent secourir. Les agressions se situent essentiellement dans les deux métropoles du Havre et Rouen. Nous avons une convention avec les parquets, la préfecture et les forces de police pour accélérer ces dépôts de plaintes.

André Gautier

80 % d'interventions pour secourir des personnes

Pour expliquer cette violence, il faut aussi décrire les types d'interventions des sapeurs-pompiers, ces "hommes du feu" interviennent surtout pour des secours à la personne. Les incendies ne représentent que 20 % de leurs sorties. Ils sont donc confrontés à des problèmes sociaux, à des victimes qui peuvent être agressives.

On ressent une tension de par l'évolution de la société, bien souvent on doit jouer les rôles d'assistantes sociales, d'infirmiers psychiatriques et de policiers alors qu'on n'est pas formés pour ça. On se sent parfois comme le dernier rempart à qui on peut faire appel.

Thomas Bru - Secrétaire général adjoint CGT du SDIS 76

Ce syndicat évoque une défaillance des services publics qui pousse en première ligne les pompiers face à des situations sociales compliquées.

Trop d'appels injustifiés

En 2019, lors de l'annonce de la création de nouvelles casernes en Seine-Maritime, le préfet rappelait qu'il y avait trop d'appels injustifiés pour faire venir les sapeurs-pompiers, un comportement qui détourne ces hommes des missions essentielles de secours. 

Le Sdis c'est pour de l'incendie et du secours, ce n’est pas comme on le voit trop souvent pour sauver un chat, traiter un nid de guêpes, réparer un ascenseur, ça mobilise du temps pompiers qui privent d'autant les missions d'urgence.

Pierre-André Durand - Préfet de Seine-Maritime

Le préfet a également souligné que l'autorité judiciaire est très attentive aux plaintes pour violence déposées par les pompiers,  et rappelé que les sanctions sont lourdes.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité