En 2011, un mécanicien de Renault Cléon de 42 ans se suicidait à son domicile, la cour d'appel de Rouen relie cet acte à son activité professionnelle et aux difficultés rencontrées par le salarié.
La justice relie le suicide d'un salarié de l'usine Renault de Cléon (Seine-Maritime) en 2011 à son activité professionnelle, a-t-on appris jeudi 11 avril dans un arrêt rendu par la cour d'appel de Rouen.
Le suicide de ce mécanicien de 42 ans à son domicile, le 29 mai 2011, père de trois enfants, "est survenu du fait du travail", estiment les magistrats de la chambre sociale de la cour, selon cet arrêt du 11 avril.
La cour confirme ainsi une décision du tribunal des affaires de sécurité sociale de l'Eure du 29 septembre 2016. Elle avait été saisie par la famille du salarié. La caisse primaire d'assurance maladie de l'Eure et la SAS Renault avaient fait appel après s'être opposées à la reconnaissance de ce suicide en un accident du travail comme le réclamait sa veuve, appuyée par la CGT.
L'usine de Cléon, la deuxième usine de Renault en France, a depuis également été secouée par deux suicides de salariés, sur leur lieu de travail, le 22 avril 2013 et le 30 janvier 2014. Selon la CGT, le site emploie aujourd'hui 3.400 personnes hors intérim.
Concernant le suicide de 2011, la cour relève "un climat général détérioré" et "des problèmes relationnels entre l'encadrement et le personnel" au sein de l'usine. Les juges relient cet acte "à une évaluation dévalorisante réalisée en mars 2011, la déception de ne plus pouvoir travailler de nuit ou encore des inquiétudes liées à une mobilité refusée et à des difficultés de maintenir son salaire".
Ils ont également noté que le chef d'atelier du mécanicien a quelque temps après le drame déchiré une feuille de suivi d'événement, destruction tendant à démontrer "que lui-même faisait un lien entre les reproches adressés au salarié et son suicide".
VIDEO / Le reportage de François Pesquet, Emilie Leconte et Hervé Colosio
Sollicitée par l'AFP, la direction de la communication du site de Renault à Cléon n'a pas donné suite. En février 2014, la direction avait admis que "certains collaborateurs ressentaient une certaine forme de pression", "nous voulons changer cette perception".