À Allouville-Bellefosse, en Seine-Maritime, le plus vieux chêne de France, âgé de près de 1 000 ans, doit subir des travaux urgents de restauration. La Fondation du patrimoine lance une collecte pour sauver cet arbre emblématique, dont les chapelles aménagées dans son tronc souffrent d'infiltrations d'eau et de vieillissement.
Le chêne le plus vieux de France est en péril. Véritable trésor de la nature, le chêne d'Allouville-Bellefosse (Seine-Maritime) est aujourd'hui au cœur d'une campagne de financement. Lancée par la Fondation du patrimoine, elle a pour objectif de le sauver des infiltrations d'eau qui compromettent l'avenir du monument et les visites au public.
Notre équipe de reportage s'est rendue sur place pour comprendre les enjeux de ce sauvetage.
Un arbre millénaire
On le dit généralement âgé de 1 000 à 1 200 ans ; cependant d’autres estimations se basant sur la taille du tronc et sa vitesse de croissance lui attribuent plus volontiers 700 à 800 ans. Ce spécimen remarquable abrite deux chapelles aménagées directement dans son tronc, une œuvre réalisée à la fin du XVIIe siècle.
Pourtant, malgré les soins prodigués au fil des siècles, le temps et les éléments ont fini par fragiliser ce monument naturel.
L'arbre prend l'eau
Une inspection réalisée en mars 2023 a révélé des problèmes d’infiltration d’eau dans la chapelle supérieure, particulièrement lors de fortes pluies. "Des fuites d’eau ont été détectées dans les parties en menuiseries : escaliers, toitures des deux chapelles et peut-être une partie du plancher", explique Nicolas Burette, chargé de mission à la Fondation du Patrimoine.
Cette situation rend indispensable la pose d’un enduit siliconé pour bloquer l’entrée d’eau et assurer la protection des aménagements internes du chêne.
De plus, les travaux prévoient la taille de branches mortes, la révision des haubans qui soutiennent certaines parties de l’arbre, ainsi que la fermeture temporaire de la route lors des interventions.
L'appel aux dons a été relayé par la mairie d'Allouville-Bellefosse sur les réseaux sociaux. "Nous devons prévoir des travaux pour maintenir la longévité de cet arbre remarquable ! Il a besoin d’une meilleure protection contre la pluie et les intempéries."
Les visites au public compromises
Outre ces problématiques immédiates, le vieillissement des marches menant à la chapelle haute et le plancher en partie dégradé compromettent désormais l’accès public à cette partie du chêne. La commune souhaite remplacer ces éléments pour rétablir l’accès sécurisé et permettre aux visiteurs de continuer à découvrir ce site unique.
Un appel à la générosité des habitants et des amoureux du patrimoine est donc lancé pour financer ces opérations, essentielles à la préservation de ce chêne d’exception.
Le montant total des travaux est estimé à 24 350 euros. Une grande partie est financée par le département, la Région Normandie et l'association Arbres. La fondation patrimoine a décidé de lever 5.000 euros de dons pour participer aux travaux.
"On est ravis, cela fait un an qu'on espérait lancer l'opération, nous sommes ravis de soutenir la commune", souligne Nicolas Burette. Une semaine après le lancement de la cagnotte, l'objectif a déjà atteint les 800 euros. "C'est bien parti !"
Un témoin de l’histoire
Situé à proximité immédiate de l’église Saint-Quentin, le chêne d’Allouville-Bellefosse est un témoin de l’histoire. Creusé naturellement au fil des siècles, son tronc a inspiré l’abbé Du Détroit en 1696 pour y aménager une chapelle dédiée à Notre-Dame-de-la-Paix. L’arbre devint rapidement un symbole local et un lieu de recueillement.
Sauvé de la Révolution française grâce à un maître d'école qui l’a rebaptisé « Temple de la Raison », le chêne d’Allouville a traversé les époques, se hissant même au rang de célébrité locale avec le film "Ils sont fous ces Normands", tourné dans les années 1980.
Un projet collectif
Pour faire face à ces défis, la commune d’Allouville-Bellefosse appelle à la mobilisation collective. L’objectif est non seulement de protéger ce chêne millénaire, mais aussi de restaurer les chapelles et les structures qui ont fait sa renommée. La générosité de chacun sera essentielle pour permettre à ce géant de la nature de traverser les siècles à venir.
Pour rappel, les dons peuvent être déduits des impôts à hauteur de 75 %.
