Législatives 2022 : qui sont les "dissidents" socialistes en Seine-Maritime ?

La Fédération socialiste de Seine-Maritime a choisi de maintenir ses propres candidats dans trois circonscriptions du département, contre les choix orchestrés par l'accord de la Nupes et son union de la gauche. Explications.

Ne parlez pas de dissidence à Nicolas Rouly ! Le Premier secrétaire de la Fédération socialiste de Seine-Maritime a bien des arguments pour expliquer le positionnement des instances du parti dans son département. "Je réfute le terme de dissidents pour trois raisons. La 1ère c'est qu'aucun socialiste ne se présente face à un autre socialiste, la 2ème c'est que tous les candidats socialistes ont reçu l'investiture des militants et étaient en campagne bien avant la séquence présidentielle, enfin la 3ème raison c'est que l'accord national -avec la Nupes, nouvelle union populaire écologique et sociale- n'a pas respecté cet accord là".

La Fédération PS de Seine-Maritime a ainsi voté une résolution le 9 mai 2022, qui apporte son soutien à ses propres candidats, en dépit des accords nationaux passés entre la direction nationale du parti socialiste et la France Insoumise à l'origine de l'union de la gauche. L'idée étant de rassembler la gauche aux élections législatives.

Le Conseil fédéral du PS réaffirme en préambule "son attachement à l'union et au rassemblement de la gauche, alors que les urgences sociales, démocratiques et climatiques sont devant nous, pour battre dans les urnes le libéralisme de la majorité présidentielle et l'autoritarisme de l'extrême droite". Ceci étant dit, un accord n'a jamais empêché des désaccords. "Nous voulons la victoire de la gauche aux élections législatives des 12 et 19 juin prochains. C'est pourquoi nous ne pouvons nous satisfaire d'un accord qui répartit les investitures entre des candidatures uniques et imposées, déconnectées des réalités du terrain". 

 réalités du terrain

Les réalités du terrain

Pour optimiser les chances de victoire de la gauche face "au macronisme et à l'extrême gauche", les instances départementales ont donc décidé de maintenir trois candidats socialistes à l'échelle des 10 circonscriptions : Christine de Cintré dans la 1ère, Kader Chékhémani dans la 3ème et Djoudé Mérabet dans la 4ème circonscription.

Ce sont des candidats légitimes et pas dissidents. Djoudé Mérabet est soutenu par les deux tiers des maires de la circonscription. Les élections législatives sont une représentation du peuple et du territoire

Nicolas Rouly, Premier secrétaire de la Fédération socialiste de Seine-Maritime

Dans la 4ème circonscription, la Nupes a fait le choix, pour contrer la députée sortante LREM Syra Sylla, de présenter Alma Dufour, candidate LFI connue pour ses combats contre Amazon et ses engagements écologiques. Un "parachutage" pour les socialistes locaux, même si la jeune femme a choisi de vivre dans la région il y a quelques mois. "J'ai découvert avec stupéfaction que la 4ème circonscription n'était même pas dans l'accord" s'étonne encore le Premier secrétaire de la Fédération socialiste de Seine-maritime Nicolas Rouly, "il n'y a pas de circo plus marquée par la présence socialiste que celle là. Je n'imaginais pas un seul instant qu'on ne serait pas servi".

Djoudé Mérabet, maire d'Elbeuf et engagé dans la vie municipale depuis 1995, adhérent au parti socialiste depuis ses 18 ans, se sent bien davantage le candidat naturel de la gauche dans cette circonscription. Et bien plus légitime que dissident.

Je suis engagé en politique et dans le monde associatif depuis longtemps. Je porte l'union de la gauche, mais je ferai l'union avec les habitants du territoire

Djoudé Mérabet, maire d'Elbeuf et candidat aux élections législatives dans la 4ème circonscription

"Je suis décidé à faire le maximum pour que la circonscription repasse à gauche, mes valeurs sont à gauche, mes combats et mes ambitions aussi. Je conteste ces accords nationaux car ils sont le fruit d'accords d'appareils au moment où toutes les formations politiques disent qu'il faut faire de la politique autrement. Une politique de proximité, plus proche de la vie de nos concitoyens. C'est ce que je fais depuis des années sur ce territoire" argumente Djoudé Mérabet, qui souhaite aussi tenir compte des attentes de ses électeurs et soutiens. "Je suis convaincu de la légitimité de ma décision et de ma capacité à gagner" conclut Djoudé Mérabet, "qui prendra acte des résultats du 1er tour".

Même volonté de proximité pour les socialistes Christine de Cintré dans la 1ère circonscription, et pour Kader Chékhémani dans la 3ème. Lui propose sa candidature face à Hubert Wulfranc, le député sortant communiste et ancien maire de Saint-Etienne-du-Rouvray, soutenu par la Nupes.

Du stade sottevillais à l'assemblée nationale, l'ancien athlète et actuel adjoint au maire de Rouen prône la diversité, le renouvellement, et la parité dans une circonscription acquise à la gauche depuis les années 60. "Il n'y a aucun danger que la gauche ne soit pas représentée dans cette circo. Il y a toujours eu 2, 3 ou 4 partis de gauche aux élections, ce qui n'a jamais empêché la gauche de les remporter. J'ai la légitimité et l'investiture des militants, j'ai des valeurs à défendre, la diversité, le renouveau, la parité. Je me présente avec Charlotte Goujon la maire de Petit-Quevilly. Hubert Wulfranc présente un binôme composé de deux hommes communistes de la même commune. La politique ce n'est pas on prend les mêmes et on recommence ! Les électeurs feront un choix démocratique entre ces deux candidatures" développe Kader Chékhémani.

Quelle union de la gauche ?

"Ils ont fait une union de la gauche en trois jours, sans y être parvenu en 5 ans, ce n'est pas la meilleure méthode" poursuit Kader Chékhémani. En présentant trois candidats non investis par l'accord, la Fédération socialiste de Seine-Maritime a pris, dit-elle, "ses responsabiliés". "C'est un choix existentiel fait à la lumière de nos convictions, nous verrons les résultats" assume Nicolas Rouly. "Nous nous sommes autorisés 3 candidats sur 10 circonscriptions pour la bonne cause, pour faire gagner la gauche".

Les fédérations ont-elles été concertées avant l'accord national ? "On nous a demandé très en amont de l'accord quelles étaient les circonscriptions où on était les mieux placés, c'est tout !" poursuit le premier secrétaire de la fédération de Seine-Maritime qui s'est abstenu de signer l'accord. 

"Nous n'avons pas de soucis à soutenir Sébastien Jumel ou Jean-Paul Lecoq, ou les autres candidats de la Nupes. Mais il faut faire la distinction entre un accord national et la réalité du terrain" conclut Nicolas Rouly.

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