La campagne officielle des élections législatives débute ce lundi 30 mai. Le scrutin aura lieu les 12 et 19 juin. La Normandie compte 28 circonscriptions et donc autant de députés. En 2017, 60% d'entre eux eux étaient issus de La République En Marche, le parti du président de la République.

Cinq semaines après le second tour de l'élection présidentielle, la France est de nouveau en campagne. Les électeurs sont appelés aux urnes les 12 et 19 juin prochain pour choisir les 577 députés qui les représenteront durant les cinq prochaines années à l'Assemblée nationale.  6.300 candidats sont en lice, soit 20% de moins qu'en 2017, du fait notamment de l'accord à gauche. En Normandie, 280 candidats sont recensés dans les 28 circonscriptions que compte la région.

Depuis le vendredi 27 mai, les Français et Françaises résidant à l'étranger peuvent déjà voter par internet. Mais c'est ce lundi 30 mai que débute la campagne officielle : affichage sur les panneaux électoraux dans les communes, spots de campagne à la télévision et à la radio. Contrairement au précédent scrutin, l'élection présidentielle, les médias ne sont pas soumis à une stricte égalité du temps de parole mais à " un accès équitable à l'antenne" des candidats. Nous sommes ainsi tenus de donner la liste de l'ensemble des candidats concourant dans une circonscription quand nous lui consacrons un reportage ou quand nous dressons le portrait d'un des candidats.

280 candidats au premier tour en Normandie

280 candidatures ont été enregistrées et validées par le ministère de l'Intérieur pour ces élections législatives en Normandie, soit une moyenne de dix candidats par circonscription. Le plus petit nombre de candidature, sept, est recensé dans la cinquième circonscription de Seine-Maritime (Barentin, Port-Jérôme-sur-Seine, Lillebonne). Le record normand se trouve lui dans le même département avec pas moins de 13 candidats dans la septième circonscription de la Seine-Maritime (Le Havre, Montivilliers, Sainte-Adresse).

Une écrasante majorité des députés sortants briguent leur propre succession. Seules exceptions, Alain Tourret (LREM) et Laurence Dumont (PS) dans le Calvados qui ont décidé de passer la main ainsi que Sébastien Leclerc (LR) et Joaquim Pueyo (ex PS), respectivement maires de Lisieux et d'Alençon, qui, en raison de la règle sur le cumul des mandats, sont remplacés par leurs suppléants.  

Comme sur le reste du territoire français, le nombre de candidatures est en baisse en Normandie par rapport aux législatives de 2017. Cinq ans plus tôt, on recensait dans la région plus de 300 candidats avec des pics à 17 ou 18 candidats dans l'Eure et la Seine-Maritime.

L'union de plusieurs formations de gauche, la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES), est l'une des raisons avancées pour expliquer cette décrue, même si certaines candidatures dissidentes font fi des accords passés au niveau national. C'est notamment le cas dans la quatrième circonscription de la Seine-Maritime, l'ancienne circonscription de Laurent Fabius, où  le socialiste Djoudé Mérabet, maire d'Elbeuf, a maintenu sa candidature face à la Parisienne Alma Dufour, investie officiellement NUPES.

Un nuancier sans nuances ?

Autre difficulté pour l'union de la gauche, le classement des candidats en fonction de leur couleur politique adopté par le ministère de l'Intérieur. Ce classement s'appuie en premier lieu sur les "nuances" (divers droite, extrême gauche) puis sur l'appartenance à un parti politique (quand le candidat est encarté). Si le groupe de la majorité présidentielle, Ensemble !, fédérant Renaissance (ex LREM), Horizons (Edouard Philippe) et Modem, est considéré comme une "nuance", tel n'est pas le cas de la NUPES. Car elle " réunit des candidats investis de manière indépendante
par les partis associés à cet accord", ce qui " tend à démontrer la volonté pour
ces candidats de rester attachés à leur parti d'origine", indique la circulaire du ministère de l'Intérieur du 16 mai dernier. C'est la raison pour laquelle les candidats investis par la NUPES ne figure pas sur la liste ci-dessus.

Et les principaux responsables des partis membres de cette union de monter au créneau, à commencer par Jean-Luc Mélenchon, qui appelle les électeurs à faire de lui le prochain premier ministre.

Dans un communiqué, la NUPES a regretté que " le camp macroniste ait décidé de comptabiliser séparément les suffrages rassemblés par des candidatures issues de LFI, d'EELV, du PS ou du PCF (...)Toutes partagent pourtant le même programme et  se présentent aux électeurs sous la même bannière ". Et d' appeler " solennellement le ministère de l'Intérieur à renoncer à son opération de tripatouillage électoral".
L'enjeu, c'est la lisibilité et l'impact des rapports de force au soir du premier tour. Julien Bayou, secrétaire national d'Europe Ecologie Les Verts, y voit une " manœuvre parfaitement scandaleuse ", visant " à tromper le rendu du résultat du premier tour", puisque c'est cette nuance politique qui sert à analyser les résultats. "Ils essaient de nous effacer jusque dans les textes", a dénonce également Sophia Chikirou, candidate Nupes-LFI dans la capitale.

Les députés normands après les législatives de 2017

En 2017, le président de la République tout juste élu, Emmanuel Macron, bénéficiait, comme ses prédécesseurs, d'une dynamique favorable aux législatives. Son parti, La République En Marche, obtenait une large majorité à l'Assemblée nationale. Toutefois, en Normandie, comme le notait à l'époque le politologue Christophe Boutin, " on nous avait annoncé un tsunami, une victoire écrasante et totale mais il s'agit plus d'une vague". Sur les 28 députés normands, 17 étaient issus des rangs de LREM (soit 60% des députés normands). Avec cinq élus, Les Républicains faisaient de la résistance dans la Manche et dans l'Orne " Il y a eu, de la part des électeurs, un réflexe de rééquilibrage mais aussi l'attachement à un parlementaire enraciné dans un territoire : comme Véronique Louwagie dans l'Orne, Philippe Gosselin dans la Manche, et même des primo-arrivants, comme Jérôme Nury, déjà très implanté."  A gauche, Christophe Boutin notait également l'enracinement du parti communiste en Seine-Maritime avec trois députés élus mais aussi de députés PS comme " Laurence Dumont qui a réussi à écarter la candidature très médiatique de l'ancien magistrat Eric Halphen (LREM)".

  

A l'élection présidentielle 2022, les Normands ont, comme le reste du pays, porté en tête Emmanuel Macron  avec 55,84% des voix accordées au président réélu et 44,16% des suffrages pour Marine Le Pen. Mais l'écart entre les deux candidats finalistes s'est resserré depuis 2017 (61,96% pour Macron et 38,04% pour Le Pen). Le 24 avril dernier, c'est la candidate du Rassemblement national qui est arrivé en première position dans l'Eure . Cinq ans plus tôt, Emmanuel Macron avait pourtant obtenu la majorité dans les cinq départements normands. 

La dynamique apparait donc moins favorable pour les candidats de la majorités présidentielle qui, pour beaucoup, décrochaient il y a cinq ans un premier mandat et doivent à présent confirmer leur ancrage territorial. Et affronter les critiques sur le premier mandat du chef de l'Etat.

A droite, pour masquer la déroute de la candidate LR à la présidentielle, on tente de jouer la carte régionale sous l'étiquette "Normandie conquérante" lancée par le président de région Hervé Morin. 

A gauche, on espère dépasser les six sièges de la mandature précédente (3 pour le PS, 3 pour le PCF) avec la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale, malgré les candidatures dissidentes. Au premier, tour Jean-Luc Mélenchon est arrivé en troisième position avec 18,82% des voix. Le candidat de La France Insoumise est arrivé en tête dans de grandes villes telles que le Havre et Rouen et dans la 2e circonscription du Calvados de Laurence Dumont (PS).

Quel est le mode de scrutin des législatives 2022 ?

Le mode de scrutin actuel est un scrutin majoritaire à deux tours. Les députés sont élus au suffrage universel direct par tous les Français majeurs inscrits sur les listes électorales. Pour être élu au premier tour, un candidat doit obtenir plus de 50% des suffrages exprimés et un nombre de voix au moins égal à 25% du nombre des électeurs inscrits. Si aucun candidat n’est élu dès le premier tour, un second tour est organisé une semaine plus tard.

Au deuxième tour sont présents les deux candidats arrivés en tête et les candidats suivants, à condition d’avoir obtenu un nombre de voix au moins égale à 12,5% du nombre des électeurs inscrits. Est enfin élu le candidat qui a obtenu le plus grand nombre de voix. En cas d’égalité c’est le plus âgé des deux qui est élu.

À quoi sert un député ?

Tout comme les sénateurs, les députés détiennent le pouvoir législatif : ils votents les lois. Ils  peuvent déposer des propositions de lois et des amendements, et examinent les projets  de lois du gouvernement. En cas de désaccord avec les sénateurs, ce sont eux qui ont le dernier mot.

Ils sont également chargés de contrôler l'action du gouvernement et d'évaluer les politiques publiques. Pour ce faire, différents moyens à leur disposition : questions orales et écrites, commissions d'enquête et misions d'information. Ils peuvent également mettre en cause la responsabilité du gouvernement. L'outil le plus connu dans ce domaine est la motion de censure. Elle doit être votée à la majorité absolue pour faire tomber un gouvernement. Cela a été le cas une seule fois dans toute l'histoire de la Ve république. C'était en 1962, contre le gouvernement de Georges Pompidou. 

Enfin, le député a pour mission de représenter les électeurs de sa circonscription. Pour faire remonter leurs préoccupations, il tient des permanences , réunions publiques, visite des entreprises  ou des administrations, et rencontre des acteurs locaux. Tout ceci quand il ne se trouve pas au Palais Bourbon pour effectuer son travail de parlementaire (du mardi au jeudi).

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